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Cinéma

Annecy 2016 – Patrick Eveno : “Nous avons dépassé les 9000 accrédités”

Date de publication : 18/06/2016 - 08:40

Alors que le marché vient de fermer ses portes et que le festival se dirige vers sa clôture, le directeur de Citia, organisateur de l'événement, dévoile les premières tendances d’une édition particulièrement riche, marquée par la visite de François Hollande.

Quel premier bilan faites-vous à chaud du Mifa et du festival dont il s'agissait respectivement de la 31e et de la 40e édition ?
Certains chiffres commencent à sortir mais ils devront encore être affinés. Une chose est sûre pour le moment, nous avons dépassé les 9 000 accrédités sur l’ensemble de la manifestation, festival et Mifa. Cela veut dire qu’en deux ans nous aurons fait 30% de croissance. Elle était de 17% l’an passé et sera de 13 ou 14% cette année. Du côté du seul Mifa, il semblerait que nous sommes au-dessus des 10% de croissance. Par ailleurs, j’ai le sentiment que la couverture presse est de plus en plus importante.

Et sur le plan qualitatif quels sont les premiers retours ?
Cela repose sur les échos qui me parviennent, donc ce n’est en aucun cas un sondage exhaustif, mais il semble que le travail de sélection opéré par Marcel Jean, l’offre cinématographique, a largement satisfait le public. Les rencontres ont aussi très bien fonctionné. Au Mifa notamment, toutes les séances de pitchs ont attiré énormément de monde. Un dispositif comme "Animation du monde" a fait salle comble, pour des projets venant de pays qui n’ont pas encore de notoriété dans ce secteur. C’est extrêmement encourageant.

Il y a de nouveaux pays entrants ?
Dans la sélection officielle, du côté des longs métrages, on a vu notamment des films des Emirats Arabes Unis, des Philippines et même de Chine. Il y a aussi la présence de l’Afrique du sud qui n’est pas récente, car nous avions commencé à accompagner certaines sociétés il y a quelques temps sur le marché. Vendredi a été signé un contrat entre Folimage et une société sud-africaine pour la coproduction d’une série. C’est un très bel aboutissement. L’Amérique latine que nous avions déjà vu arriver avec de beaux succès – deux Cristal du long métrage pour le Brésil en 2013 et 2014 (NDLR) – est très présente aussi sur le Mifa avec des délégations de plus en plus structurées. Ce qui compte avant tout c’est que ces efforts s’inscrivent dans la durée, d’autant que monter des projets en animation est toujours très long.

Vous êtes confrontés à une fréquentation en hausse donc à un problème en termes de capacité d’accueil. Comment y remédier ?
Il est certain qu’il va nous falloir trouver des solutions à cet enjeu. Les files d’attente dans l’Impérial Palace en sont la preuve la plus évidente. Il va nous falloir retrouver de l’air et de l’espace avec de nouvelles surfaces commerciales. Des études ont déjà été menées mais n’ont pas été évaluées sur le plan financier. Il n’est pas impossible qu’il faille prendre un risque financièrement afin de franchir ce cap avec de nouveaux espaces Je suis un peu dans cette réflexion à l’heure actuelle avec Mickaël Marin.

Vous avez reçu la visite du président de la République. C’est un évènement rarissime. Quels pourraient être les effets concrets d’un tel déplacement ?
C’est effectivement extrêmement rare, y compris pour des manifestations ayant des dimensions supérieures à la nôtre. Le temps politique n’est jamais absent d’un déplacement présidentiel. Mais je pense que l’ensemble de la profession, notamment française, l’a pris comme une marque de reconnaissance. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur l’homme politique, le premier personnage de la République est venu rendre visite à un marché du film d’animation. C’est un énorme chemin de parcouru. Cela prouve que les pouvoirs publics prennent acte de l’importance de ce secteur tant d’un point de vue créatif qu’économique. J’ai pour le moment du mal à en évaluer l’incidence, mais il se dégage tout de même une première évidence, la réaction des délégations étrangères. Elles ont souvent beaucoup de difficultés à convaincre leurs financeurs de les aider à venir à Annecy notamment. Quand ils rentreront demain avec la photo du président en train de visiter le marché où ils avaient un stand, je pense que cela aura un impact. On a donc fait un pas considérable. Cela va inscrire quelques lignes de plus dans l’histoire du festival. La véritable portée se mesurera dans quelques années.

La vice-présidente de la région déléguée à la culture et au patrimoine, Florence Verney-Carron a fait aussi le déplacement en début de semaine. Quels ont été vos échanges ? ,
Les vice-présidents de région font le déplacement chaque année. Avec le changement de majorité, se sont mises en place des équipes nouvelles et c’était une excellente occasion de faire connaissance. J’ai vu à plusieurs reprises madame Verney-Carron, notamment à l’issue de projections et dans des cadres assez conviviaux. J’ai eu l’impression qu’elle a été assez frappée par ce qu’elle découvrait ici. Vivre une manifestation est toujours important. Bien sûr je ne peux présager de la suite. Je rappelle au passage que nous sommes un établissement public de coopération culturelle, dont les fondateurs sont l’agglomération d’Annecy, le département de Haute-Savoie, la région Auvergne Rhône-Alpes et l’État. Donc la région n’est pas seulement un partenaire financier, c’est un cofondateur.

Des envies et des craintes pour la suite ?
Quand on atteint ce niveau de croissance qui a tout l’air d’une réussite, rien ne dit que cela va se perpétrer. La première chose qui importe est donc de mettre en place les moyens pour assurer la pérennité de cette dimension. Mais ce n’est pas aussi évident qu’il n’y parait. Cela demande une mobilisation tout au long de l’année, un engagement des équipes et que l’ensemble des partenaires s’adapte à ce niveau d’exigence. Ensuite, j’ai envie que l’esprit reste le même. Il me semble qu’il y a quelque chose de vraiment singulier dans cette manifestation. Est-ce du fait de l’animation ? Je pense aussi que nous avons notre part dans cet aspect joyeux et amoureux des films. Quand je parle aux réalisateurs, qui sont un peu tendus avant la présentation de leurs œuvres, je leur explique que les gens venus ici ont envie d’aimer ce qu’ils vont voir, car ils connaissent la difficulté de faire un film d’animation. Il nous faut arriver à garder cela sans pour autant refuser de grandir.

Propos recueillis par Patrice Carré
© crédit photo : G. Piel


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