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Cinéma

Lumière MIFC 2017 - Le cinéma d'animation se penche sur ses classiques

Date de publication : 19/10/2017 - 08:35

Dans sa volonté de prendre en compte la diversité de la restauration du 7e art, le MIFC a proposé cette année une conférence élaborée avec le Festival d’Annecy sur le cinéma d’animation.

Cinéma classique et animation ont longtemps été des termes peu associés, a déclaré en introduction le modérateur de cette conférence, Nicolas Thys. Aujourd’hui, des initiatives émergent. Jean-Baptiste Garnero, chargé d’études pour la valorisation des collections du CNC à la direction du patrimoine et spécialiste du cinéma d’animation, a rappelé que, avant les années 2000 voire 2010, le cinéma d’animation classique était assez marginalisé avec très peu de ressorties en salle. Il était cantonné aux festivals et aux cinémathèques. 

L’animation, une part très marginale des demandes d’aide à la numérisation du CNC
Les aides issues du plan de numérisation, mis en place depuis 2012 pour numériser les films en 2K ou 4K et complété par le dispositif Numev, sont peu demandées pour des titres d’animation. Leur part dans les 70 films concernés dans le cadre de ce plan reste très marginale. Un seul long métrage a été restauré, La planète sauvage (1973, photo) de René Laloux. Les courts ont été plus nombreux à en bénéficier, une trentaine, sous l’impulsion de l'Agence du court métrage. Parmi eux, certains sont signés de grands noms : René Laloux à nouveau, Jean-François Laguionie, Michael Dudok de Wit, ainsi que, à l’initiative de Pathé et Gaumont, des films d’Émile Cohl.

Au total, le cinéma d’animation représente environ seulement 2% des aides attribuées. Pour Jean-Baptiste Garnero, la raison en est que "les ayants droit sont souvent des petites structures pour qui il est difficile de mener ça de front. Il y a eu quelques initiatives privées, comme celle de Hélène Barillet avec Il était une fois la vie, qui a permis une nouvelle diffusion sur France 4, ou une concernant les films de Ladislas Starewitch".

Pour des filmographies avec des profils juridiques complexes ou utilisant des techniques précises, les Archives françaises peuvent initier directement une restauration. Cela a été le cas pour des œuvres d’Alexandre Alexeieff, dont La belle au bois dormant, utilisant le procédé "gaspacolor", premier film de réclame français tourné en couleur en 1935. Elles travaillent sur l’œuvre de Peter Foldes.

Les projets Girtie et Hen Hop portés par la Cinémathèque québécoise
Marco de Blois, programmateur conservateur du cinéma d’animateur à la Cinémathèque québécoise, a enchaîné en présentant deux projets singuliers de restauration que pilote l’institution québécoise. Celle-ci est spécialisée dans l’animation internationale, avec une collection riche de plusieurs années et issue de plusieurs pays.

Le premier projet porte sur un film majeur de l’américain Windsor McCay, datant de 1914, Girtie the Dinosaure. "C’est le premier film d’animation mettant en vedette un personnage doté d’une psychologie. C’est la première version qui date du début de 1914 que nous essayons de reconstruire. Pour la 2e version, il a utilisé des éléments de la première en ajoutant des intertitres et un préambule en prise de vues réelles." Le projet de restauration est porté par Donald Crafton (historien américain), Marco de Blois et David L. Nathan, passionné de l’œuvre de McCay, via la Cinémathèque québécoise, l’ONF et l'Université américaine Notre Dame.
"L’objectif est de construire une version définitive du film utilisé par McCay, qui mêlait des performances scéniques, et ensuite d’intégrer ce nouveau "métrage" dans une reconstitution de la performance et de faire redécouvrir ce chef-d’œuvre à de nouveaux publics." L’équipe travaille à partir de quatre copies nitrate datant de la fin des années 1960 et des dessins qui existent encore afin de les faire concorder avec les photogrammes manquants. "Il faut rédiger un scénario pour la performance scénique, écrire une partition musicale pour la performance et établir un plan de diffusion", a précisé Marco de Blois.
L’institution québécoise a également restauré Hen hop de Norman McLaren (1942), disparu depuis 1945, dont quelques minutes ont été montrées pour la première fois à l’extérieur du Canada au MIFC.

L’animation japonaise délaisse son patrimoine
Sylvie Brevignon, d'Anime LTD, a évoqué la restauration et l’exploitation du cinéma d’animation japonais. "La culture cinématographique n’est pas mise en avant au Japon, et il n’y a pas de culture patrimoniale, ni de CNC, ni de cinémathèque, tout repose sur un financement privé. Les studios doivent porter le coût d’archivage qui est très cher. Ils ont peu de connaissance de leur animation avant les années 1990 car peu prennent soin des éléments. Pour récupérer les éléments de Ghost in the Shell, qui ne date que de 1994, j’ai mis deux ans. C’est devenu une initiative française de remasteriser ce film majeur du cinéma d’animation." Le studio Ghibli faisant figure d'exception, il a d'ailleurs créé Ghibli Heritage, comme l'a indiqué l'intervenant suivant.

Disney cultive de son patrimoine

Frédéric Monnereau, directeur de la distribution cinéma et marketing Motion Pictures France de Disney, a évoqué la politique du plus célèbre studio au monde, où la culture du patrimoine est essentielle. Au Festival Lumière, sont par exemple présentés Les aristochats et Le roi lion.
"L’an prochain marquera les 90 ans de Mickey, il est pour nous essentiel de faire vivre auprès du public nos personnages, nos histoires. Ceux de Disney et aussi de Pixar qui a rejoint le groupe. Walt Disney France a aussi un lien avec l’animation japonaise avec un accord renouvelé avec Ghibli."
Avant la numérisation, Disney ressortait régulièrement ses films pour les différentes générations. "Quand la VHS est arrivée, la stratégie était de ne pas mettre tout le temps à disposition des films afin de créer un manque. La numérisation a bouleversé la donne. En 2012, Disney a créé Disney Heritage et entrepris la numérisation de tous les films depuis Blanche-Neige." Disney met aussi à disposition du matériel marketing pour les exploitants. 
Mais la culture patrimoniale de Disney passe aussi par la déclinaison de ses classiques en films en live action. Plusieurs projets sont ainsi en cours : Dumbo par Tim Burton, Le roi lion par Jon Favreau et Aladin… "C’est une façon de faire vivre nos personnages. Et peut-être que les films en live action vont aussi devenir des classiques."

Une ressortie de "Kirikou" en 2018
Jean-Paul Commin, qui publie le livre Kirikou et après, 20 ans de cinéma d’animation en France, avec Didier Brunner et Valérie Ganne (éditions Actes sud), a conclu cette conférence en évoquant "l’évolution particulière de l’animation par rapport au live". "Le premier long est américain et date de décembre 1937, Blanche-Neige et les sept nains (Disney), il n’a donc que 80 ans ! Mêmes si les prémices du cinéma d’animation sont antérieurs aux frères Lumière, avec Émile Raynaud et Émile Cohl." Pour les 20 ans de Kirikou, de Michel Ocelot, qui a marqué le renouveau de l’animation française, une ressortie est prévue en décembre 2018.

Sarah Drouhaud
© crédit photo :


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