×

Avertissement

JUser::_load : impossible de charger l'utilisateur ayant l'ID 39165

ac7a1b9efc0b39b4869f0f9ed6add565.jpg
Cinéma

Vincent Maraval prône une reprise en main de la politique culturelle

Date de publication : 30/04/2020 - 17:12

Dans une interview accordée au Monde Vincent Maraval, directeur général de Wild Bunch, réagit à la crise que traverse le secteur culturel, fortement impacté par la pandémie de Covid-19, et appelle à une refonte de l'économie du cinéma.

Pour Vincent Maraval, les discussions actuelles "couvrent des urgences à court terme – redémarrage des tournages, réouverture des salles… – mais aucune n’implique une pensée de refonte d’un système qui s’écroulait sous nos yeux bien avant la crise due au Covid-19". Et d’ajouter "Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’urgence est de revenir aux erreurs du monde d’avant. Restaurer les marges, revendre des bonbons dans les salles, renforcer et protéger les gros groupes diffuseurs (exploitants, groupes télévisuels) au détriment des indépendants ou des créateurs."
Il préconnise notamment que "l’Etat, qui a aujourd’hui la main, passe d’une politique d’arbitrage en fonction de la puissance des lobbys à une politique qui acte la défaite des diffuseurs face aux plates-formes américaines, et qui se donne comme objectif de gagner le combat de la création."

"Les moyens sont connus, détaille-t-il, il ne manque que la volonté politique pour les mettre en place : lutter contre le piratage, limiter l’exploitation sur plusieurs écrans d’un même film pour protéger la diversité, imposer des quotas en salle avec 50 % des séances consacrées aux films européens, imposer des quotas sur les plates-formes de streaming, limiter les obligations d’investissement des chaînes aux tournages et aux cachets payés en France, élargir le crédit d’impôt à d’autres modes de diffusion pour garder les tournages en France, constituer des pôles d’intérêt économique pour les indépendants, promouvoir des activités culturelles par l’achat de billets par l’Etat destinés aux plus jeunes – ce qui évitera que les aides finissent dans les poches des confiseurs plutôt que des créateurs –, interdire aux groupes diffuseurs d’exercer un métier de distributeur et de se nourrir de leurs propres catalogues, etc. Cela s’appelle une reprise en main de sa politique culturelle."

"Je serais même prêt à aller plus loin en rendant les droits des catalogues achetés par les gros groupes diffuseurs, tels que M6, TF1, Canal+, aux ayants droit, en les faisant racheter par l’Etat dans le cadre de l’aide qu’il leur apporte. On nous demande de nous réinventer, allons-y !", ajoute-t-il.

Concernant les plateformes, il estime qu’il faut travailler à les intégrer dans l’industrie cinéma, "tout en rendant les droits des films aux ayants droit, qui choisiront leur mode d’exploitation. Il faut retirer aux diffuseurs le pouvoir de décider du sort des œuvres par la chronologie des médias."

Le producteur a également réagi à la fermeture des salles et aux différentes annulations de festivals suite à la pandémie. Il pense que "les salles doivent rester fermées, avec l’aide de l’Etat, et ce jusqu’à redéfinition d’une politique culturelle radicalement différente qui repense son environnement, sous peine du coup de grâce. Rouvrir sans réflexion, sans cadre, sans nouvelle politique, ce serait achever la création indépendante au cinéma. Elle partira à jamais."
Concernant les festivals, il indique que "nous ne pouvons que se féliciter que les festivals [de Cannes et Venise] n’abandonnent pas la partie, ce qui serait une facilité. C’est faire preuve de responsabilité que de continuer à se demander comment aider sous quelque forme que ce soit les films que l’on a aimés. Ceux qui trouvent qu’il est urgent de ne pas faire, d’annuler, je ne les comprendrai jamais. Il faut respecter les consignes, mais trouver d’autres moyens, et je remercie le Festival de Cannes de s’acharner. L’obstination et le combat sont des qualités dont, hélas, la politique actuelle est démunie, et qui fait de la culture le grand absent du monde d’après…"

Retrouvez sur le site du Monde l'intégralité de l'interview (article abonné)

Océane Le Moal
© crédit photo : Wild Bunch


L’accès à cet article est réservé aux abonnés.

Vous avez déjà un compte


Accès 24 heures

Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici


Recevez nos alertes email gratuites

s'inscrire