Cinéma

Bénédicte Lesage et Radu Mihaileanu, en lice pour la présidence du nouvel UniFrance

Date de publication : 24/06/2021 - 08:00

Alors que la nouvelle entité née de la fusion d’UniFrance et TV France International est en approche, la productrice et le réalisateur se présentent face, à ce jour, à Serge Toubiana, président d’UniFrance, et Hervé Michel, celui de TV France International. Rencontre avec les deux candidats

Qu’est-ce qui vous motive aujourd’hui pour vous présenter en duo à la tête du nouvel UniFrance ?
Bénédicte Lesage : Notre duo est depuis longtemps investi avec conviction et détermination dans l’action ­collective pour l’intérêt général. Dans une période post-Covid, de mutation majeure de nos écosystèmes, nous avons envie de proposer notre énergie et notre agilité, nos compétences aux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel rassemblés, pour faire vivre leurs œuvres à l’étranger
 
Radu Mihaileanu : Nous sommes tous les deux des professionnels complémentaires en exercice. Je représente plus le cinéma et Bénédicte plus l’audiovisuel. Nous sommes au cœur d’une période passionnante pour nos deux métiers. Les secteurs du cinéma et du documentaire ont été particulièrement impactés depuis un an. La crise du Covid a accéléré les changements. Nous devons réfléchir tous ensemble pour transformer sans fragiliser, ni détruire ce qui fait la richesse de notre secteur. Les plateformes peuvent être de bons partenaires, si elles ne ruinent pas les relations historiques que nous avons avec les partenaires étrangers. C’est une question fondamentale pour notre indépendance à tous, à court et moyen terme. Le business de l’exportation permet la création de nouvelles œuvres indépendantes. C’est un cercle vertueux.

B. L. : Comme la parité existe maintenant dans toutes les commissions d’UniFrance, elle doit l’être aussi à la présidence. Trois piliers forment l’identité du nouvel ­UniFrance : la création, la production et l’exportation.

R. M. : Avec Daniela Elstner et Sarah Hemar à la tête des équipes permanentes, qui ont une formidable expérience d’exportatrices, nous formons un quatuor cohérent. C’est une des singularités de notre candidature.
 
La particularité de votre candidature,et de cette élection, c’est qu’elle intervient alors que la fusion entre UniFrance et TV France International n’est pas finalisée à l'heure de cet entretien…
R. M. : Nous arrivons au cœur d’une fusion pensée collectivement et actée. Le nouvel organigramme opérationnel est en place. Les actions les plus proches, telles que le Festival de Cannes ou Biarritz, sont d’ores et déjà bien calées. Cette fusion est une chance. Surtout dans la période actuelle où il est essentiel d’échanger sur nos atouts, nos réflexions complémentaires, afin de créer des synergies efficaces pour chacun. Cette fusion doit maintenant être mise en pratique. Elle a pris huit mois de réflexion au sein d’une “task force”, avec toutes les organisations professionnelles, emmenées par Daniela et Sarah – nous les en remercions toutes – pour mettre en place une fusion positive. Nous avons défini des statuts forts et viables, un principe de trois lignes budgétaires, afin de garder à la fois l’indépendance d’action de chaque secteur et leur capacité d’agir ensemble.
Quelle est pour vous l’action la plus urgente à mener par UniFrance ?
 
R. M. : Tous les pays dans lequel le cinéma français brille habituellement ont vu les salles et les distributeurs souffrir. Il nous faut trouver des moyens pour accompagner ces fidèles des œuvres hexagonales, ne pas abandonner nos publics. Il faudra avoir une dynamique offensive et réfléchir à des actions sur des nouveaux territoires. Et peut-être à des approches complémentaires, liés aux ­nouveaux usages, sur des territoires porteurs. Nous aborderons ces sujets à Cannes.
 
B. L. : Côté audiovisuel, nous allons bénéficier de l’expertise d’UniFrance, de ses bureaux à l’étranger, pour mettre en valeur lesœuvres audiovisuelles et les talents associés. Cela passera aussi par un accompagnement dans les festivals des différents genres, documentaire, fiction, animation. Ces missions n’existaient pas au sein de TV France International.
 
R. M. : Il sera très important de réaliser rapidement des opérations communes, ce qu’on appelle le 360°, pour afficher la force transversale de la création française.
 
La période avant l’élection est courte. Quel est son calendrier ?
B. L. : Le vote aura lieu le 2 juillet. Les votants connaissent notre parcours et nos engagements. Dès les assemblées générales de la fusion du 23 juin, notre candidature sera officialisée.
 
R. M. : J’ai la chance d’avoir réalisé des films sélectionnés dans de nombreux festivals internationaux, diffusés dans nombre de pays et de les avoir accompagnés. J’ai beaucoup écouté les distributeurs locaux, les attachés de presse et le public. Je pense que cette expérience peut servir dans les réflexions à mener. Et je suis Français d’origine roumaine, j’ai depuis longtemps un pied dedans et un pied dehors.
 
B. L. : Nous ne souhaitons pas une présidence pyramidale. Nous respectons d’abord énormément les deux équipes en place, conscients qu’on doit traverser ensemble une période d’adaptation, et nous allons nous appuyer sur les représentants élus des commissions pour travailler ensemble. Mes expériences de présidente du SPI, qui rassemble le cinéma et tous les secteurs audiovisuels, au comité européen du Festival Série Series, de productrice indépendante mais aussi de salariée de groupe, de directrice éditoriale chez des diffuseurs me permettent aujourd’hui d’être à l’écoute des besoins de chacun dans l’intérêt de tous. Avec comme objectif une valorisation de la richesse et de la diversité de nos œuvres dans tous les secteurs qui renforcera de facto l’export et le business.
 
R. M. : Nous avons aussi une expérience de dialogues ­fructueux avec les pouvoirs publics. Avec des œuvres et talents incroyables, un tissu professionnel fort et uni, des équipes du nouvel UniFrance très motivées et performantes, le challenge est excitant. Et primordial dans les actions que nous devrons engager pour répondre aux objectifs de cette fusion.

François-Pier Pelinard-Lambert


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