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18      LES FILMS DU JOUR






                                                                                            Quinzaine des réalisateurs
                                                                                            MIRAÏ,
                                                                                            MA PETITE SŒUR



                                                                                            LA FAMILLE, SOURCE
                                                                                            D’INSPIRATION SANS FIN
                                                                                            Sorti en 2012, Les enfants loups, Ame & Yuki donnait l’occasion à
                                                                                            Mamoru Hosoda de franchir un nouveau cap dans sa carrière. Un an
                                                                                            auparavant, le cinéaste avait fondé son studio d’animation, Chizu, avec le
                                                                                              producteur Yuichiro Saito, qui le suit depuis ses débuts. L’occasion pour
                                                                                            les deux hommes de voler de leurs propres ailes et surtout d’entourer
                                                                                            Hosoda d’une bulle intimiste, afin de l’aider à trouver la meilleure forme
                                                                                            possible pour la création de ses films, tout en maximisant la possibilité de
                                                                                            les faire circuler dans le monde entier. Après Le garçon et la bête en 2015,
                                                                                            Hosoda vient de réaliser Miraï, ma petite sœur, présenté à la Quinzaine
                                                                                            des réalisateurs, mais aussi retenu en compétition du Festival d’Annecy.
                                                                                            L’histoire se déroule au travers des yeux d’un petit garçon de quatre ans
                                                                                            confronté à l’arrivée d’une petite sœur qui va monopoliser l’attention
                                                                                            de ses parents. Se repliant sur lui-même, il trouve refuge dans le jardin
                                                                                            familial où se trouve un arbre généalo-magique. Kun va basculer dans
                                                                                            un monde fantastique qui l’aidera à comprendre ce qui lui arrive. Les
                                                                                            thèmes centraux de ses films étant toujours puisés dans des épisodes
                                                                                           © STUDIO CHIZU de sa vie personnelle, Hosoda s’est inspiré cette fois de sa propre famille
                                                                                            pour aborder le thème de la fraternité. “J’ai envie d’encourager les enfants
                                                                                            du monde entier à célébrer leur futur. Car ils portent l’avenir sur leurs
                                                                                            épaules dans nos sociétés en constante transformation”.   Patrice Carré


                Quinzaine des réalisateurs                                                Semaine de la critique - Clôture
                THE PLUTO MOMENT                                                          GUY



                CHANT ÉLÉGIAQUE
                Le Chinois Ming Zhang fait partie du courant de la 6  génération, n’ayant
                                                    e
                pas connu les affres de la révolution culturelle et réputé pour faire un cinéma
                urbain. The Pluto Moment marque son retour derrière la caméra alors qu’il
                n’avait pas réalisé depuis 2013, mais dont les premières œuvres avaient
                  marqué les esprits à la fin des années 1990, en raison de leur caractère
                  novateur et surtout indépendant. Son dernier film a été produit par Shen Yang,
                une indépendante basée à Shanghai. “Les bailleurs de fonds  s’intéressent aux
                jeunes talents. Ming Zhang est considéré comme un vieux réalisateur apparu
                avant Jia Zhangke. Autre difficulté : son cinéma est plus personnel, avec un
                style poétique calme et peu d’éléments dramatiques.” En fin de compte, Shen
                Yang a réuni le financement nécessaire, inférieur à 1 M€. “Alors que tout était                                             © ILLIADE & FILMS-STUDIOCANAL-JMD PRODUCTIONS, APOLLO FILMS
                bouclé et que le tournage avait commencé, notre investisseur a disparu. Je
                me suis endettée pour payer les salaires afin de terminer le film et j’ai cherché
                des investisseurs en montrant le premier montage. Heureusement, iQIYYI
                (plus grande plateforme de VàD chinoise) m’a sauvée. Telle est la réalité de la
                production cinématographique indépendante en Chine.” The Pluto Moment
                a été filmé dans une région montagneuse du Sud-Est du pays, considérée
                comme le berceau de la civilisation chinoise. La sélection cannoise pourrait
                s’avérer décisive pour sa carrière. “Lorsque la sélection de la Quinzaine est   UNE ODE À LA VIE
                tombée, nous avons été contactés par plus de 20 sociétés de vente. C’est la   Deuxième film d’Alex Lutz après Le talent de mes amis, Guy épouse la forme
                force des festivals de niveau A, le pouvoir d’attraction du Festival envers les   du faux documentaire pour suivre un personnage de vieux crooner dépassé
                                 e
                talents et les maîtres du 7  art mondial.”     P. C.                      par son époque. “C’est un film qui, pour moi, est un portrait et au-delà une
                                                                                          ode à une vie. J’avais envie de questionner le temps qui passe dans la vie
                                                                                          d’un homme et je trouvais intéressant de tout inventer. J’aime bien le mot
                                                                                          documenteur. Guy a des allures de documentaire mais, en fait, rien n’est
                                                                                          vrai. Donc j’ai inventé Guy Jamet, qui semble être une vedette de la  chanson
                                                                                            française populaire et que l’on découvre à travers la caméra d’un  personnage
                                                                                          qui apprend, au tout début du film, qu’il est son fils”. La forme particulière
                                                                                     © IQIYYI MOTION PICTURES-WAY GOOD ENT.-YUNG PRK EVERGREEN ENT. FUND  et Thibaut des interventions parfois très précises, comme se concentrer à
                                                                                          du film nécessitant un travail sur l’écriture tout aussi singulier, Alex Lutz a
                                                                                          choisi de le coécrire avec Anaïs Deban et Thibault Segouin. “J’étais le garant
                                                                                          du personnage, de la trame et de l’arche. Et je pouvais demander à Anaïs
                                                                                          un moment donné sur l’écriture de chansons ou réfléchir sur l’époque. J’ai
                                                                                          eu deux coscénaristes très talentueux qui ont un peu travaillé à la carte.”
                                                                                          Guy a été tourné en juin 2017, le cinéaste s’autorisant une forme de liberté
                                                                                          pour rester au plus proche du style documentaire. Le montage aussi se fera
                                                                                          dans une configuration triangulaire, avec Alexandre Westphal et Alexandre
                                                                                          Donot. “Deux, c’est toujours un peu particulier, trois, c’est tout de suite
                                                                                          démocratique. Les choix se sont imposés dans la fluidité, l’entente et le
                                                                                          Il est entouré notamment de Tom Dingler, Pascale Arbillot, Nicole Calfan,
                                                                                                                                         P. C.
                                                                                          Dani, Élodie Bouchez et Marina Hands.
                16 mai 2018                                                               dialogue.” Le film est interprété par Alex Lutz lui-même dans le rôle de Guy.
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