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18      LES FILMS DU JOUR






                Un certain regard
                LA FAMEUSE

                INVASION

                DES OURS
                EN SICILE



                L’AVIS DES ANIMAUX
                Tiré de l’unique livre pour la jeunesse de Dino
                Buzzati, publié en 1945 (Gallimard Jeunesse), La
                fameuse invasion des ours en Sicile est adapté en
                tandem par Jean-Luc Fromental, déjà chargé du
                script de Loulou,  l’incroyable secret (2013) d’Éric
                Omond, et par Thomas Bidegain, le  scénariste
                de  prédilection  de  Jacques  Audiard.  Le  film
                d’animation est l’œuvre de l’illustrateur, peintre
                et auteur de bande   dessinée italien Lorenzo
                Mattotti, qui s’était déjà fait remarquer pour sa
                  contribution au film d’animation  collectif Peur(s)
                du noir (2007). Il avait auparavant  participé au
                film   collectif  Eros  (2004)  en  créant  les  liens
                visuels  entre  les  trois  épisodes  réalisés  par  © PRIMA LINEA PRODUCTIONS-PATHÉ-FRANCE 3 CINÉMA-INDIGO FILM
                Wong Kar-wai, Steven Soderbergh et Michel-
                angelo  Antonioni. C’est également cet artiste
                  polyvalent qui a conçu l’affiche officielle du Fes-
                tival de Cannes en 2000. Le Work in Progress
                de La fameuse invasion des ours en Sicile a fait
                sensation au Festival  d’Annecy 2018.   J.-P. G.





                Quinzaine des réalisateurs - Séance spéciale                           Quinzaine des réalisateurs
                RED 11                                                                 TLAMESS



                                                                                       CINÉMA SANS FRONTIÈRES
                                                                                       Ala Eddine Slim présente Tlamess comme une continuité de ses films mais
                                                                                       aussi la fin d’un cycle. “J’avais envie de continuer d’explorer l’idée du diptyque,
                                                                                       comme je l’ai fait dans mon précédent long, The Last of Us, mais d’aller plus
                                                                                       loin dans la séparation des deux volets.” Il a fondé en 2005 Exit Productions,
                                                                                       l’une des  premières sociétés indépendante tunisienne. “Aujourd’hui,  plusieurs
                                                                                       cinéastes continuent de faire des films en dehors des structures  étatiques et il y
                                                                                       a une réelle effervescence chez ces réalisateurs libres ainsi que de vrais désirs
                                                                                       de cinéma. Les documentaires restent le fer de lance de cette vivacité, mais il y
                                                                                       a de plus en plus de jeunes qui s’attaquent à des longs métrages de fiction, en
                                                                                       mobilisant les énergies mais avec très peu d’argent. Après, il faut savoir qu’il
                                                                                       n’existe pas de véritable marché en Tunisie. Et il n’y a pas  plusieurs alternatives
                                                                                       de financements étatiques. Chacun doit imaginer sa stratégie de production.”
               © DOUBLE R PRODUCTIONS                                                  le CNC, le ministère de la Culture tunisien, le World Cinema Fund ( Berlinale),
                                                                                       Tlamess a été financé par le Centre national du cinéma et de l’image tunisien,
                                                                                       ainsi que des partenaires privés. Ala Eddine Slim a choisi des comédiens venant
                                                                                       d’horizons très différents. “J’aime  dépasser les limites géographiques et conce-
                                                                                       voir que l’on fasse partie de la planète cinéma ; plus de frontières, plus de terres,
                                                                                       plus de territoires, sauf l’imaginaire. Et du coup, j’ai un acteur égyptien, une
                UN BESOIN DE TRANSMISSION                                              actrice tunisienne et Khaled Ben Aissa, un ami de longue date qui est réalisateur
                Pour amasser les 7 000 $ nécessaires au tournage de son premier film, El Mariachi, Robert Rodriguez   et comédien algérien. Je ne crois pas à un 7 e  art qui soit lié à une région. Le
                n’avait pas hésité à servir de cobaye dans un laboratoire pharmaceutique. Une histoire vraie qu’il   cinéma est plus généreux et infini qu’une catégorisation géographique”.   P. C.
                a détaillée dans un chapitre de son livre Rebel without a Crew - The Making of “El Mariachi”. Vingt-
                cinq ans plus tard, il a choisi de revenir sur cet épisode déterminant. “Au moment où El Mariachi
                allait sortir en salle en 1993, j’ai commencé à travailler sur une idée de film destiné à la télévision
                basée sur les expériences médicales que j’avais faites à l’époque. C’était un hôpital très étrange,
                avec des patients désespérés et peu ordinaires. Selon moi, cela pouvait constituer une excellente
                histoire. J’ai écrit autant d’idées que j’ai pu à partir de mes souvenirs de l’époque. J’ai gardé ces
                notes originales sur mon ordinateur toutes ces années. Quand j’ai voulu faire un nouveau long
                métrage, pour 7 000 $, afin de célébrer le 25  anniversaire d’El Mariachi, j’ai retrouvé ces notes et
                                             e
                j’ai réalisé que c’était le projet parfait à faire au bout de toutes ces années.” Robert Rodriguez avait
                également en tête de faire un documentaire “sur l’ensemble du processus de réalisation, afin de
                servir de cours de cinéma pour quiconque voulait faire un film mais ne disposait pas des informa-
                tions adéquates”. Il va donc tourner Red 11, une pure fiction inspirée de ses aventures de cobaye
                et accompagnée d’une série documentaire. Un ensemble destiné à servir de support au propos                                  © STILL MOVING-EXIT PRODUCTIONS
                pédagogique de Rodriguez. Une master class précédera donc la projection de Red 11. “Inspirer les
                autres est l’une de mes activités préférées. Je n’oublierai jamais à quel point j’aurais aimé entendre
                des leçons comme celle-ci lorsque j’ai commencé.”       Patrice Carré
                21 mai 2019
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