Télévision

Discop Africa Abidjan 2016 : IrokoTV, le Netflix africain

Date de publication : 01/06/2016 - 10:35

Faisant le pari de mettre à la disposition des internautes les milliers de films de Nollywood, Jason Njoku a réussi à bâtir une success story en s’alliant notamment avec Canal+.

IrokoTV est né de l’envie de son cofondateur, Jason Njoku, de pouvoir regarder en ligne des films de Nollywood. Une idée simple en apparence mais complexe à mettre en œuvre en raison de la spécifité d’une production nigériane aussi prolifique que dispersée. Le pays produit en effet entre 1500 et 2000 films par an. Jason Njoku va alors se livrer à un travail de fourmi, rencontrant un par un des centaines d’interlocuteurs avec lesquels il faudra construire patiemment des accords, tout en bâtissant un cadre légal alors inexistant. Cofondée par Jason Njoku et Bastien Gotter, la plateforme ItokoTV nait fin 2011, bien décidée à partir à la conquête du continent africain.

Forte de son catalogue Nollywood le plus riche au monde, IrokoTV recense à présent 1 million de visites uniques par mois et propose plus de 10 000 heures de programme. Son offre devrait prochainement comporter des traductions en français mais aussi en swahili ou zoulou. Et en toute logique elle vient de commencer à investir dans des contenus. 300 heures sont en cours de production en 2016, l’objectif étant de doubler ce chiffre d’ici deux ans. En décembre 2015, la plateforme a signé un accord avec Canal+, permettant à ce dernier de lancer un service de SVàD sur mobile, dédié à Nollywood, à destination des Africains francophones, avec des contenus traduits à 100% en français. Si le montant du partenariat n’a pas été officiellement communiqué, les estimations le chiffrent à plusieurs millions d’euros. Deux mois après l’accord, Canal+ lançait Iroko+, disponible uniquement sous android, la marque à la pomme étant quasi inexistante en Afrique francophone.

IrokoTV, qui a levé récemment 23 M€ de capital risque, dit ne pas craindre l’arrivée de Netflix qui a débarqué massivement sur le continent le 6 janvier. Paradoxalement, l’un des alliés de la plateforme nigériane pourrait être Xender, une application sur mobile qui permet de transférer des fichiers vidéo de bonne qualité entre smartphones en quelques secondes seulement, en passant simplement par les réseaux Wifi. Les fondateurs de IrokoTV sont persuadés qu’une telle application, tout en présentant des dangers certains pour leur business plan, représente l’avenir de la consommation sur mobile en Afrique, les besoins élevés de Netflix en bande passante étant au contraire totalement inadaptés, tant sur le plan technologique que financier, à un marché qui se recompose en permanence.

IrokoTV fait figure d’exception au sein d’un secteur encore balbutiant en Afrique. Selon une étude faite par Balancing Act en janvier 2015, "sur 118 plateformes VàD liées à l'Afrique dénombrées à ce jour, seule une trentaine semble avoir un modèle robuste et seulement trois s’en tirent bien". Si le frein principal est encore technologique, beaucoup d’ayants droit échaudés par le piratage, répugnent à voir leurs œuvres circuler aussi facilement pour une rentabilité encore très faible. En commençant à vendre du contenu, et notamment ses productions, hors d’Afrique, Iroko semble avoir pris une bonne longueur d’avance sur ses concurrents, tout en ayant trouvé une source de revenus immédiats, la disponibilité des ressources provenant de la VàD étant toujours décalée. "En outre, une offre de contenus premium est toujours susceptible d’attirer de nouveaux abonnés", conclut Justine Powell, directrice commerciale chez IrokoTV.

Patrice Carré
© crédit photo :


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