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               Compétition
               IT MUST BE HEAVEN















              © CAROLE BETHUEL




               TRAGÉDIE BURLESQUE
               Dix ans après Le temps qu’il reste, le pince-sans-rire palestinien Elia Suleiman
               (prix du jury 2002 pour Intervention divine) revient en compétition avec un
               titre qui marque son retour à la mise en scène depuis sa contribution au long
               métrage collectif 7 jours à La Havane, montré dans le cadre d’Un certain regard
               en 2012. Il a présidé entre-temps aux destinées du Marché du Film, développé
               par le Doha Film Institute. Révélé à Venise où Chronique d’une disparition lui a
               valu le prix du meilleur premier film en 1996, il a présenté son moyen métrage
               Cyber Palestine à la Quinzaine des réalisateurs en 2001, puis a réalisé l’un des
               33 sketches de l’œuvre collective Chacun son cinéma (2007), initiée par Gilles
               Jacob à  l’occasion du 60  anniversaire du Festival de Cannes. It Must Be Heaven
                               e
               est un conte  introspectif et une quête identitaire à la fois burlesque et tragique
               dont il tient le rôle principal.                J.-P. G.




               Un certain regard                                                                                                            © CAROLE BETHUEL
               IL ÉTAIT UNE FOIS

               DANS L’EST                                                Hors compétition - Clôture
                                                                         HORS NORMES

               CAMPAGNE DE RUSSIE
               Invitée pour la première fois à Cannes, la cinéaste russe Larissa Sadilova a tenu   UN AUTRE MONDE
               un petit rôle dans Léon Tolstoï (1984) de Sergueï Guerassimov, qui fut aussi son   C’est la première fois que le Festival de Cannes accueille le tandem à
               professeur à la VGIK. Elle a signé six longs métrages : Longue vie, grand prix du     l’origine d’Intouchables (2011), le 2  plus gros succès de tous les temps
                                                                                                 e
               Festival de films de femmes de Créteil en 1999 ; Amoureusement, Lilia, lauréat   avec près de 19,5 millions d’entrées France, mais aussi de Nos jours
               du Tigre du Festival de Rotterdam en 2003 ; On demande une nounou (2005) ;     heureux, prix du public à l’Alpe d’Huez 2006, Samba (2014) et Le sens
               Rien de personnel, prix de la Fipresci à Moscou en 2007 ; Fiston (2009), prix de   de la fête (2017). Hors normes est leur 7  long depuis Je préfère qu’on
                                                                                                      e
               la Guilde des réalisateurs de Russie ; et Elle (2013). Il était une fois dans l’Est est   reste amis (2005). Il se déroule dans le monde des jeunes autistes, à
               une chronique impressionniste, tendre et un rien sarcastique située de nos jours     travers l’amitié de deux animateurs qui forment des jeunes des  quartiers à
               dans la campagne russe, qui raconte sur un mode pointilliste une banale affaire     l’encadrement de cette communauté particulière. S’exprimant à  l’unisson,
               d’adultère entre voisins et souligne combien les femmes russes peinent encore à   Olivier Nakache et Éric Toledano, que Jean-Pierre Bacri a joliment sur-
               accéder à leur émancipation. Selon Larissa Sadilova, “Il était une fois dans l’Est   nommé “les frères qui n’ont pas le même nom”, racontent ainsi la genèse
               est un film à petit budget qui impliquait que le scénario prenne en compte ce   de ce film qu’ils  considèrent comme la somme de leurs opus précédents :
               cahier des charges. Les conditions dans lesquelles j’ai travaillé se sont adaptées   “Nous avions réalisé un documentaire pour Canal+ sur Le Silence des
               idéalement à ces contingences. Ce projet de court métrage est devenu un long,   Justes, une  association qui vient en aide aux enfants autistes, au titre
               avec le soutien de la coproductrice Larissa Schneiderman. La difficulté était   prémonitoire, On devrait en faire un film. Avant même d’écrire le scénario,
               qu’il devait se tourner à trois saisons différentes – l’automne, l’hiver et l’été –, ce   nous avons rencontré séparément Vincent Cassel et Reda Kateb afin
               qui nécessitait de diviser notre plan de travail de 21 jours en autant de périodes   de leur proposer de passer du temps dans l’une de ces associations.
               distinctes. La ville de Troubtchevsk, qui est notre décor principal, se situe à plus   Ce qui leur est arrivé sur le plan humain au cours de cette immersion
               de 400 km de Moscou, ce qui nécessitait des interminables déplacements. Avec   les a  convaincus  d’accepter notre proposition. Vincent s’est identifié à
               mon chef opérateur Anatoly Petriga, nous avons décidé de nous adapter à la     Stéphane, le responsable d’une de ces associations, Reda à Daoud, qui
               modestie de notre budget en réduisant au strict minimum les sources de lumière   dirige l’autre. Parce que c’était rassurant, on a recruté les éducateurs qu’on
               artificielles et avons opté pour la caméra Canon C300 Mark 2, en limitant les   voit dans le film parmi les 70 personnes qui travaillent à leurs côtés. Les
               mouvements d’appareil et en adoptant une méthode qui se rapproche de celle   médecins, les infirmières et les comportementalistes interprètent pour la
               qu’on utilise dans le domaine du documentaire.”     J.-P. G.  plupart leurs propres rôles. Par ailleurs, des non-autistes ont également
                                                                         été choisis pour jouer ce que les vrais ne pouvaient pas. Hors normes a
                                                                         nécessité une “surpréparation”, qui est passée par un briefing d’autant
                                                                         plus précis des cadreurs qu’on tournait souvent à plusieurs caméras.”
                                                                         Résultat : un film de fiction nourri de documentaire dont le tournage s’est
                                                                         échelonné sur une douzaine de semaines.      J.-P. G.





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                                                                                                                                 23-24 mai 2019
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