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ACTUALITÉS 11
[Cinéma]
L’AVENIR DE LA FILIÈRE EN DÉBAT
Producteurs, distributeurs et exploitants étaient réunis le mardi 17 mai par l’Afcae afin d’échanger
autour du futur de la filière cinématographique, aujourd’hui à la croisée des chemins. ■ KEVIN BERTRAND
“ F ilière cinéma : quels nouveaux modèles ?” Il faut que nous nous des réalisateurs et acteurs. “Le vrai problème, actuel-
C’est sur cette question épineuse que parlions davantage, exploitation lement, c’est la bataille des talents, très compliquée à
l’Afcae a souhaité se pencher à l’occa- et distribution. Sinon, nous allons mener”, a ainsi souligné Xavier Albert, directeur général
sion de l’habituelle table ronde de ses droit dans le mur. d’Universal Pictures International France et Italie. Lequel
Rencontres nationales art et essai cannoises, animée place, lui, la connaissance du spectateur au cœur de cette
par le journaliste Philippe Rouyer. Une interrogation Xavier Albert, Dg d’Universal Pictures International France et Italie réflexion globale. Mais, aussi, la nécessité réelle d’une
essentielle au regard de la fréquentation de ces der- collaboration renforcée entre exploitants et distributeurs.
niers mois, en baisse de 30% à 40% par rapport aux comment faire revenir le public ?”, a rappelé Richard “Il faut que nous nous parlions davantage, exploitation et
niveaux habituels de la période. Avec, sans conteste, Patry. Si plusieurs intervenants ont évoqué la problé- distribution. Sinon, nous allons droit dans le mur”, a-t-il
des difficultés appuyées du côté de l’art et essai. “Pour matique tarifaire, François Aymé, président de l’Afcae a, indiqué, appelant entre autres à l’organisation d’ateliers
les distributeurs que je représente au sein du Dire, nous pour sa part, apporté plusieurs éléments de réflexion. “Il pratiques permettant à chacun d’exposer ses contraintes
avons constaté une perte de 30% à 50% des entrées y a encore beaucoup de cinémas qui n’ont pas suffisam- et les réalités de son métier. Un appel rejoint, notamment,
(par rapport aux niveaux précrise, Ndlr) sur les types de ment travaillé l’architecture, la décoration, le mobilier… par Carole Scotta. Si le principe d’une réflexion collec-
films que nous sortons”, a ainsi témoigné Carole Scotta, Il faut que chaque lieu ait son identité”, a-t-il indiqué, tive et d’une collaboration renforcée semble validés par
coprésidente du syndicat et codirigeante de Haut et pointant par ailleurs le coût accru des séances, dont le tous, cette table ronde a tout de même laissé apparaître
Court. “Il y a vraiment une prudence de la part des nombre est, selon lui, trop élevé au regard des niveaux des dissensions persistantes entre les représentants des
spectateurs maintenant, qui sortent moins, ont moins de fréquentation actuels. L’exploitant a en outre évo- deux secteurs, autour des engagements de programma-
de curiosité”, a renchéri Jane Roger, coprésidente du qué “l’exigence des spectateurs qui change. Ils sont en tion ou du nombre de séances – jugé souvent trop élevé –
SDI et dirigeante de JHR Films, déplorant une “frilosité” demande de films originaux, audacieux, inattendus”. demandé par les distributeurs notamment. ❖
qui “attaque aussi maintenant les programmateurs et
exploitants de salles, d’une certaine manière. Les films LA BATAILLE DES TALENTS Le Pass Culture
du SDI se retrouvent très difficilement programmés”. AVEC LES PLATEFORMES fait le point
“Nous sommes encore au milieu d’une crise, a pour
sa part rappelé Richard Patry, président de la FNCF. Une analyse partagée, à une autre échelle, par Jimi Dans la foulée de cette table ronde, l’Afcae
La Covid n’est absolument pas terminée. Il y a la guerre, Andréani, exploitant du Cinématographe de Château- avait invité les responsables du Pass Culture
qui d’une certaine façon nous impacte aussi. Et puis, Arnoux-Saint-Auban. “Il n’y a pas trop de films, mais à présenter ce dispositif, dont le poids dans
une inflation galopante. Il faut être conscient que le il y a un manque de films de qualité. Je pense qu’il y la fréquentation est croissant. Au 8 mai,
reste à dépenser pour nos concitoyens, une fois qu’ils se a un problème de production sur le cinéma français de plus de 425000 jeunes avaient ainsi “réservé
sont logés, nourris, déplacés, a radicalement diminué. divertissement”, a-t-il ainsi pointé. “La comédie est le au moins une séance de cinéma” à travers
Ils doivent donc faire des choix, et dans ces choix, ils genre le plus difficile à faire. Je suis très à cheval sur son volet individuel, pour un total
continuent d’aller au cinéma, mais beaucoup moins les scénarios, mais force est de constater qu’il y en a de 737000 réservations, représentant environ
qu’avant.” Pour autant, l’exploitant se dit “optimiste. parfois des moins bons qui sortent. On trouve les finan- 2 millions d’entrées. Il s’agit du deuxième poste
La situation en France est tout de même l’une des cements et on fait les films, parfois certains vont trop de dépense du Pass Culture, derrière les livres.
meilleures au monde. Partout, l’exploitation en salle vite”, a reconnu Sidonie Dumas, directrice générale de Parallèlement, sur le – récent – volet collectif,
est sinistrée”, a souligné Richard Patry, qui a reconnu Gaumont. Tandis que Carole Scotta, elle, a signalé que 17,9% du crédit utilisé a été consacré au cinéma.
que la reprise “va prendre du temps”. Et le président “nos talents – scénaristes, acteurs… – sont siphonnés Plus de 1360 cinémas sont aujourd’hui inscrits
de la FNCF d’évoquer des prévisions comprises entre par les plateformes aujourd’hui. Parfois, leur non-dis- au Pass, la moitié étant des salles art et essai.
160 et 170 millions d’entrées pour 2022, à comparer ponibilité rend les plannings compliqués”. Outre leur En outre, selon une enquête menée auprès
aux 210 millions de tickets vendus annuellement avant rôle dans la baisse de la fréquentation en salle (cf. FF de ses utilisateurs, 76% des jeunes disent aller
la crise – 153 millions ont d’ailleurs été écoulés entre du 18 mai 2022), plusieurs professionnels ont d’ailleurs plus souvent qu’avant en salle grâce au Pass
mi‑mai 2021 et mi‑mai 2022, selon Comscore, soit pointé l’attractivité renforcée des plateformes auprès Culture, tandis que 28% déclarent s’être rendus
73,9% de la fréquentation annuelle moyenne relevée dans un cinéma qu’ils ne fréquentaient pas
entre 2011 et 2019. “La question fondamentale, c’est : auparavant.
©A.Ravera ﻣﺮاﺳﻲ
ﻣﻴﺸﺎ ﺧﻠﻴﻞ
ً ﻇﻬﺮا12 00 اﻟﺴﺎﻋﺔ
VOYAGE CULTUREL
MICHA KHALIL
TOUS LES JOURS À 12H
19 mai 2022
[Cinéma]
L’AVENIR DE LA FILIÈRE EN DÉBAT
Producteurs, distributeurs et exploitants étaient réunis le mardi 17 mai par l’Afcae afin d’échanger
autour du futur de la filière cinématographique, aujourd’hui à la croisée des chemins. ■ KEVIN BERTRAND
“ F ilière cinéma : quels nouveaux modèles ?” Il faut que nous nous des réalisateurs et acteurs. “Le vrai problème, actuel-
C’est sur cette question épineuse que parlions davantage, exploitation lement, c’est la bataille des talents, très compliquée à
l’Afcae a souhaité se pencher à l’occa- et distribution. Sinon, nous allons mener”, a ainsi souligné Xavier Albert, directeur général
sion de l’habituelle table ronde de ses droit dans le mur. d’Universal Pictures International France et Italie. Lequel
Rencontres nationales art et essai cannoises, animée place, lui, la connaissance du spectateur au cœur de cette
par le journaliste Philippe Rouyer. Une interrogation Xavier Albert, Dg d’Universal Pictures International France et Italie réflexion globale. Mais, aussi, la nécessité réelle d’une
essentielle au regard de la fréquentation de ces der- collaboration renforcée entre exploitants et distributeurs.
niers mois, en baisse de 30% à 40% par rapport aux comment faire revenir le public ?”, a rappelé Richard “Il faut que nous nous parlions davantage, exploitation et
niveaux habituels de la période. Avec, sans conteste, Patry. Si plusieurs intervenants ont évoqué la problé- distribution. Sinon, nous allons droit dans le mur”, a-t-il
des difficultés appuyées du côté de l’art et essai. “Pour matique tarifaire, François Aymé, président de l’Afcae a, indiqué, appelant entre autres à l’organisation d’ateliers
les distributeurs que je représente au sein du Dire, nous pour sa part, apporté plusieurs éléments de réflexion. “Il pratiques permettant à chacun d’exposer ses contraintes
avons constaté une perte de 30% à 50% des entrées y a encore beaucoup de cinémas qui n’ont pas suffisam- et les réalités de son métier. Un appel rejoint, notamment,
(par rapport aux niveaux précrise, Ndlr) sur les types de ment travaillé l’architecture, la décoration, le mobilier… par Carole Scotta. Si le principe d’une réflexion collec-
films que nous sortons”, a ainsi témoigné Carole Scotta, Il faut que chaque lieu ait son identité”, a-t-il indiqué, tive et d’une collaboration renforcée semble validés par
coprésidente du syndicat et codirigeante de Haut et pointant par ailleurs le coût accru des séances, dont le tous, cette table ronde a tout de même laissé apparaître
Court. “Il y a vraiment une prudence de la part des nombre est, selon lui, trop élevé au regard des niveaux des dissensions persistantes entre les représentants des
spectateurs maintenant, qui sortent moins, ont moins de fréquentation actuels. L’exploitant a en outre évo- deux secteurs, autour des engagements de programma-
de curiosité”, a renchéri Jane Roger, coprésidente du qué “l’exigence des spectateurs qui change. Ils sont en tion ou du nombre de séances – jugé souvent trop élevé –
SDI et dirigeante de JHR Films, déplorant une “frilosité” demande de films originaux, audacieux, inattendus”. demandé par les distributeurs notamment. ❖
qui “attaque aussi maintenant les programmateurs et
exploitants de salles, d’une certaine manière. Les films LA BATAILLE DES TALENTS Le Pass Culture
du SDI se retrouvent très difficilement programmés”. AVEC LES PLATEFORMES fait le point
“Nous sommes encore au milieu d’une crise, a pour
sa part rappelé Richard Patry, président de la FNCF. Une analyse partagée, à une autre échelle, par Jimi Dans la foulée de cette table ronde, l’Afcae
La Covid n’est absolument pas terminée. Il y a la guerre, Andréani, exploitant du Cinématographe de Château- avait invité les responsables du Pass Culture
qui d’une certaine façon nous impacte aussi. Et puis, Arnoux-Saint-Auban. “Il n’y a pas trop de films, mais à présenter ce dispositif, dont le poids dans
une inflation galopante. Il faut être conscient que le il y a un manque de films de qualité. Je pense qu’il y la fréquentation est croissant. Au 8 mai,
reste à dépenser pour nos concitoyens, une fois qu’ils se a un problème de production sur le cinéma français de plus de 425000 jeunes avaient ainsi “réservé
sont logés, nourris, déplacés, a radicalement diminué. divertissement”, a-t-il ainsi pointé. “La comédie est le au moins une séance de cinéma” à travers
Ils doivent donc faire des choix, et dans ces choix, ils genre le plus difficile à faire. Je suis très à cheval sur son volet individuel, pour un total
continuent d’aller au cinéma, mais beaucoup moins les scénarios, mais force est de constater qu’il y en a de 737000 réservations, représentant environ
qu’avant.” Pour autant, l’exploitant se dit “optimiste. parfois des moins bons qui sortent. On trouve les finan- 2 millions d’entrées. Il s’agit du deuxième poste
La situation en France est tout de même l’une des cements et on fait les films, parfois certains vont trop de dépense du Pass Culture, derrière les livres.
meilleures au monde. Partout, l’exploitation en salle vite”, a reconnu Sidonie Dumas, directrice générale de Parallèlement, sur le – récent – volet collectif,
est sinistrée”, a souligné Richard Patry, qui a reconnu Gaumont. Tandis que Carole Scotta, elle, a signalé que 17,9% du crédit utilisé a été consacré au cinéma.
que la reprise “va prendre du temps”. Et le président “nos talents – scénaristes, acteurs… – sont siphonnés Plus de 1360 cinémas sont aujourd’hui inscrits
de la FNCF d’évoquer des prévisions comprises entre par les plateformes aujourd’hui. Parfois, leur non-dis- au Pass, la moitié étant des salles art et essai.
160 et 170 millions d’entrées pour 2022, à comparer ponibilité rend les plannings compliqués”. Outre leur En outre, selon une enquête menée auprès
aux 210 millions de tickets vendus annuellement avant rôle dans la baisse de la fréquentation en salle (cf. FF de ses utilisateurs, 76% des jeunes disent aller
la crise – 153 millions ont d’ailleurs été écoulés entre du 18 mai 2022), plusieurs professionnels ont d’ailleurs plus souvent qu’avant en salle grâce au Pass
mi‑mai 2021 et mi‑mai 2022, selon Comscore, soit pointé l’attractivité renforcée des plateformes auprès Culture, tandis que 28% déclarent s’être rendus
73,9% de la fréquentation annuelle moyenne relevée dans un cinéma qu’ils ne fréquentaient pas
entre 2011 et 2019. “La question fondamentale, c’est : auparavant.
©A.Ravera ﻣﺮاﺳﻲ
ﻣﻴﺸﺎ ﺧﻠﻴﻞ
ً ﻇﻬﺮا12 00 اﻟﺴﺎﻋﺔ
VOYAGE CULTUREL
MICHA KHALIL
TOUS LES JOURS À 12H
19 mai 2022
