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                Quinzaine des réalisateurs                             Quinzaine des réalisateurs
                THE ORPHANAGE                                          ALICE ET LE MAIRE












                                                                 © ROUGE DISTRIBUTION                                                        © BIZIBI-ARTE FRANCE CINÉMA, BAC FILMS





                KABOUL KINO
                                          e
                The Orphanage se présente comme le 2  volet d’une pentalogie inspirée par
                les 800 pages d’un texte autobiographique écrit par l’un des meilleurs amis
                de la réalisatrice Anwar Hashimi. “Il s’est souvenu de sa vie au cours des   DRÔLE D’ENDROIT POUR UNE RENCONTRE
                quatre dernières décennies, en la décrivant d’une manière simple, honnête,   S’inscrivant dans la continuité du travail de Nicolas Pariser sur le monde politique, Alice et le maire
                personnelle et poétique. Pour moi, lire son récit, c’était découvrir l’histoire   est né du désir du cinéaste “de faire le portrait d’une figure politique locale, un maire de grande ville
                dramatique et chaotique de l’Afghanistan avec un point de vue totalement   ou un président de région”. Il a de nouveau travaillé avec Emmanuel Agneray, qui avait déjà produit
                inédit.” Pour autant, Shahrbanoo Sadat refusait une vision trop sombre. “Les   Le grand jeu. “Ce que j’aime chez lui, c’est son enthousiasme, sa foi et surtout sa volonté farouche de
                premières versions du scénario avaient une fin désespérée. C’était certes   rendre mes projets possibles, dans une économie adaptée. Nous avons entamé un dialogue sur mes
                conforme à la réalité, mais je sentais qu’il fallait autre chose. Quand l’idée   films et le cinéma en général il y a près de dix ans. Cela nourrit évidemment beaucoup mon travail.” “En
                de Bollywood m’est venue à l’esprit, j’étais heureuse car le film  atteignait   accord avec Nicolas, j’avais une priorité s’agissant du financement : la continuité avec les partenaires
                un autre niveau. Ensuite, j’ai pu me débarrasser du texte originel en osant   qui nous avaient fait confiance sur Le grand jeu, souligne Emmanuel Agneray. C’est l’une des raisons
                aller de plus en plus dans un monde fictif.” The Orphanage a été de  nouveau   pour  lesquelles nous avons signé avec Arte France Cinéma et avec Bac en France et à l’international.
                produit par Katja Adomeit, son développement durant quatre ans. Son   Nous ont rejoints Canal+, la région Auvergne-Rhone-Alpes, l’Avance sur recettes et un pool important
                tournage s’est déroulé en septembre 2018, dans une vieille ville soviétique   de Sofica.” L’envie de travailler avec Fabrice Luchini était aussi à l’origine du projet. “Une fois qu’il a
                du Tadjikistan. “C’est ce qui ressemble le plus à l’Afghanistan, où il est   accepté de jouer le rôle du maire, il fallait trouver une comédienne de 30 ans qui allait tenir le choc, qui
                très dangereux de tourner avec des équipes européennes, surtout pour les   existerait pleinement face à lui et avec qui je pourrais travailler avec confiance, précise le cinéaste. Le choix
                femmes. La grande difficulté fut d’obtenir des visas pour les acteurs afghans.   d’Anaïs Demoustier a donc été très rapide.” Bien que le film ne soit aucunement un portrait fictionné
                Le Tadjikistan a mis l’Afghanistan sur liste noire car ils craignent l’infiltra-  de Gérard Collomb (qui était alors ministre de l’Intérieur), la municipalité lyonnaise va soudainement
                tion des islamistes dans toute cette région d’Asie centrale.” Autre difficulté,   refuser de prêter ses locaux, déclenchant une affaire instrumentalisée par l’opposition et qui fera les
                recréer décors, accessoires et costumes de façon à reconstituer le Kaboul   délices de la presse locale.                 P. C.
                des années 1990. “Il n’y a pas de costumier ou de décorateur professionnel
                en Afghanistan. Je me suis plongée dans beaucoup d’archives personnelles,
                en regardant notamment des vieilles vidéos de mariage pour trouver tous   Semaine de la critique
                                                                       VIVARIUM
                ces petits détails qui font vrai.”       Patrice Carré


                Quinzaine des réalisateurs
                GIVE ME LIBERTY


                SORTIE DE ROUTE
                Originaire de Moscou, Kirill Mikhanovsky s’installe aux États-Unis
                et  travaille en tant qu’ambulancier tout en étudiant les langues. Il
                suit ensuite des études de cinéma à l’université de New York, avant
                de  réaliser Sonhos de peixe, sélectionné en 2006 à la Semaine de la                                            © LOVELY PROD.-FANTASTIC FILMS-FRAKAS PROD.-PINGPONG FILM
                  critique. Il fonde en 2014 Give me Liberty Productions avec la scénariste
                et productrice Alice Austen, une coopérative de production dédiée au
                cinéma  indé pendant et finançant ses projets par crowfunding. Give me
                Liberty, qui est son deuxième film, est inspiré d’événements survenus
                durant sa propre jeunesse. Il se présente comme une série d’incidents
                de plus en plus absurdes ponctuant la journée d’un jeune ambulan-
                cier de Milwaukee qui va se trouver aux prises avec tout ce que la ville
                compte de  marginaux loufoques. Un portrait rocambolesque des laissés-  UN MONDE PARFAIT
                pour-compte de  l’Amérique de Donald Trump qui a déjà été présenté à   Garret Shanley et Lorcan Finnegan collaborent depuis plus de dix ans, ayant notamment réalisé ensemble
                  Sundance, mais dans une version provisoire.     P. C.  le court métrage Foxes, qui a été le catalyseur de Vivarium. Cette histoire “de science-fiction surréaliste
                                                                       dépeignant un contrat social” a été longuement travaillée en écriture par les deux hommes, les derniers
                                                                       changements étant apportés à quelques jours du tournage. Mais, comme le rappelle Lorcan  Finnegan, “le
                                                                       financement de Vivarium a pris tellement de temps que nous avons fait Whitout Name, mon  premier long
                                                                       métrage, entre les deux”. Le développement a été financé par la société du cinéaste, Lovely  Productions,
                                                                   © GIVE ME LIBERTY PRODUCTIONS, WILD BUNCH DISTRIBUTION  elle le personnage de Gemma. Une fois qu’elle a officiellement donné son accord, nous avons eu des
                                                                       le projet étant ensuite coproduit avec Fantastic Film, puis des partenaires danois et belges. Restait à
                                                                       trouver les comédiens. “J’ai rencontré Imogen Poots à Londres, elle a adoré le projet et je voyais en
                                                                       discussions sur le rôle de Tom. Nous pensions que Jesse Eisenberg serait génial, qu’il répondrait aux
                                                                       idées et aux métaphores du scénario. Elle lui a fait suivre le script et, quelques jours plus tard, il nous
                                                                       a fait savoir qu’il l’aimait. Je l’ai rencontré à New York et nous avons parcouru les rues pendant des
                                                                       heures pour parler du film en jouant avec son bébé. Il est officiellement monté à bord et nous avons pu
                                                                       arrêter une date.” Le tournage s’est déroulé dans des décors construits en Belgique et en Irlande. “Nous
                                                                       avions un budget serré, donc c’était très difficile de faire en sorte que tout fonctionne entre les décors,
                                                                       les différents plateaux et les effets spéciaux. J’ai eu un petit syndrome de stress post-traumatique à la
                                                                                                                                         P. C.
                                                                       fin, mais je pense que tout fonctionne.”
                                                                                                                                    18 mai 2019
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