Cinéma

Cannes 2018 - Entretien avec Philippe Faucon réalisateur de "Amin"

Date de publication : 15/05/2018 - 08:20

Le cinéaste revient à la Quinzaine des réalisateurs, qui avait déjà sélectionné Fatima en 2015.

Comment présentez-vous "Amin" en quelques mots ?
Amin est un homme venu travailler en France, afin de subvenir aux besoins de sa famille, dont sa femme et de ses enfants, restés au Sénégal. En France, il mène une vie difficile et solitaire, partagée entre les chantiers où il travaille et le foyer où il réside. Un jour, il rencontre une femme, Gabrielle, et une liaison se noue. 

Toujours cette envie de présenter des personnages et des réalités qui ne sont pas les plus représentés sur les écrans français ?
Les personnages et les réalités les plus représentés sur les écrans français n'ont pas besoin de moi en supplément ! 

D'où vous est venue cette idée de personnage ?
Le sujet original a été apporté par Yasmina Nini-Faucon, d'après un personnage réel proche d'elle. Nous avons ensuite développé le scénario avec elle et Mustapha Kharmoudi. 

Vous avez écrit à trois. Une méthode de travail particulière ?
J'avais déjà eu avec l'une et l'autre plusieurs expériences d'écriture, qui n'avaient peut-être pas toujours vraiment procédé d'une méthode très définie, mais à chaque fois en tout cas avec engagement et exigence. 

Vous en avez assumé une nouvelle fois la production via Istiqlal Films. Des partenaires habituels ?
Le film a trouvé son financement sans vraies difficultés, sans doute en raison du succès de Fatima (qui, lui, avait été plus compliqué à produire). Aux partenaires déjà présents sur Fatima (CNC, Arte, Rhône-Alpes Cinéma devenu Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur) se sont ajoutés Canal+, la région Île-de-France et NJJ. Le budget final est de 3,7 M€. 

Pourquoi avoir choisi Emmanuelle Devos ?
J'avais vu Emmanuelle dans le film de Jérôme Bonnell Le temps de l'aventure. Il y a une séquence de jeu très forte où elle fait deux prises, l'une après l'autre, lors d'un essai de casting (elle joue une comédienne). C'est une séquence sans montage, où elle porte successivement et superbement deux fois la scène. Pour Amin, peut-être que j'ai été intéressé par le fait qu'elle se trouverait en terrain inconnu, à l'opposé de ce qu'elle avait fait jusque-là.

Et comment avez-vous trouvé Moustapha Mbengue ?
Je l'ai rencontré par l'intermédiaire de Leïla Fournier, une directrice de casting avec qui j'avais travaillé précédemment avec une grande connivence sur le casting de Fiertés, la minisérie que j'ai tournée pour Arte juste avant Amin. Nous étions en recherche depuis plus de dix mois, sans résultat. Moustapha avait, lorsque je l'ai rencontré, une maîtrise partielle du français, mais je trouvais qu'il avait une belle présence. Nous avons dû travailler énormément avec lui, mais il est très accrocheur, et au final, il est le personnage du film. 

Vous aviez des envies de mise en scène, des besoins précis ?
J'avais envie d'avoir plus de temps que je n'en avais eu jusque-là sur mes films précédents, en particulier sur Fatima. Ça a été un peu le cas, mais le film le nécessitait vraiment ! 

Travaillez-vous toujours avec la même équipe ?
Oui. Au fur et à mesure des rencontres et des affinités, on finit par constituer une famille. Les circonstances ont fait que j'ai tourné Amin dans la suite de Fiertés, devenu un projet auquel je me suis mis à tenir beaucoup, même si je ne l'avais pas initié. Soit 14 mois consécutifs de préparation, tournage et montage pour les deux films. 

Où et quand avez-vous tourné ?
En périphérie de Paris, à Lyon et dans les environs de Thiès, au Sénégal. 

Á l’arrivée, le film est-il semblable à celui que vous aviez en tête en l’écrivant ?
Il y a toujours une évolution du film entre le stade de l'écriture et celui du montage définitif. Ne serait-ce que par tout ce qui va se révéler lorsque les personnages écrits vont prendre vie, incarnés par les comédiens. Ou parce que les mots et les images racontent par des moyens différents. Ça a été le cas sur Amin, peut-être plus encore que sur mes autres films, car sur ce projet, les champs d'évolution entre l'écrit et le filmé ouvraient sur beaucoup de possibilités. Mais à l'arrivée, je pense que le film fini rejoint celui que je portais, même s'il a pris pour cela des chemins parfois inattendus.  

Ce retour à la Quinzaine a une signification particulière pour vous ?
La Quinzaine avait permis une magnifique exposition à Fatima, qui a sans doute été à l'origine du succès du film. Je suis donc particulièrement heureux de retrouver cette très belle section du Festival.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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