Cinéma

Annecy 2019 - Toy Story 4 : "Trouver la bonne histoire constituait le plus grand défi"

Date de publication : 15/06/2019 - 08:30

Le dernier-né de la franchise, qui sort en France le 26 juin, a été présenté vendredi 14 juin, lors d’une avant-première précédée d’une séance événement autour de La reine des neiges 2.

Souvent placée sous le signe de Disney, qui la clôture selon une tradition solidement établie par un barbecue géant, la journée de vendredi n’a pas démérité avec deux séances événements à Bonlieu. La première était censée dévoiler des premières images de La reine des neiges 2, présentées par Becky Breese, directrice de l’animation de Walt Disney Animation Studio et Marlon West, responsable des effets spéciaux. En fin de compte, seule une bande-annonce améliorée a été réellement projetée, le studio ménageant le suspense sur le contenu de ce deuxième opus, frustrant au passage bon nombre de festivaliers.

La présentation a été accompagnée de la projection de trois courts métrages d’animation issus du programme expérimental Short Circuit lancé en 2016. Son principe est de permettre à tout un chacun employé au sein du studio de proposer une idée qui pourra être sélectionnée et développée pour déboucher sur la création d’un court métrage original. Une vingtaine de films a ainsi été créée, les trois projetés à Annecy étant Just a Thought de Brian Menz, Exchange Student de Natalie Nourigat et Jing Hua de Jerry Huynh. Ces courts ne seront pas projetés en avant-séance, étant destinés à la future plateforme Disney+, disponible à partir du 12 novembre aux États-Unis.

Et l’après-midi, c’était au tour de Toy Story 4 d’être présenté à Bonlieu par son réalisateur Josh Cooley, accompagné des deux producteurs Jonas Rivera et Mark Nielsen. Une projection précédée de la remise des prix du Disney Art Challenge dont le jury était présidé par Josh Cooley. Ce dernier a eu son premier contact professionnel avec l’univers de la franchise en faisant la voix de l’un des personnages du court métrage Toy story : angoisse au motel, produit en 2013.

Peu de temps après, à la demande de John Lasseter, il rejoint chez Pixar l’équipe de production de ce quatrième opus au poste de coréalisateur, au côté du créateur de la franchise. "Je travaillais encore parallèlement sur Vice-versa en tant qu’animateur, et le scénario de Toy Story 4 était vraiment à l’état d’ébauche, beaucoup de personnages n’existant pas encore, à commencer par celui de Forky." Le processus d’écriture va prendre beaucoup de temps, et pour cause. De nombreux fans s’étaient en effet alarmés de l’annonce du lancement de Toy Story 4. Estimant que le numéro 3 mettait un point final brillant à la série, ils craignaient que les enjeux, considérables, de la vente des produits dérivés, ne l’emportent sur les considérations dramaturgiques, citant à l’appui l’exemple de l’échec de Cars 2.

"Trouver la bonne histoire constituait le plus grand défi, confirme le réalisateur. Cela passait notamment par une évolution du personnage de Woody. Par ailleurs, sans trahir l’esprit de Toy Story, il fallait que quelque chose de nouveau intervienne dans le récit." Le développement du scénario va durer quatre ans, l’écriture de la scène finale passant notamment par de nombreuses versions afin de trouver l’émotion nécessaire. "Ce n’est pas tellement plus long que la plupart des films développés par Pixar, remarque Mark Nielsen. Dès le départ, nous avons fait un story-board complet, puis un animatique que nous nous projetions ensuite avec du son et de la musique. On prenait tous des notes, on en discutait, on faisait réécrire et on projetait à nouveau. Il y a eu au total près d’une douzaine de versions du scénario, toutes très différentes. Certaines allaient notamment plus dans le sens d’une histoire d’amour. L’important, c’est de toujours essayer quelque chose, sans avoir peur de se tromper. C’est comme ça qu’on arrive à trouver ce qui fonctionne."

En cours de production certaines fuites vont faire notamment état du retour du personnage de la bergère, surexcitant les communautés de fans. "Il y a des petits morceaux d’histoire qui peuvent fuiter, alors les gens s’imaginent que tout le film sera comme ça, sourit Nielsen. Des fuites peuvent parfois nous aider en nous permettant d’anticiper certaines réactions du public." Pour garder le secret, les projets développés chez Pixar portent tous un nom de code. "À titre personnel, je déteste les fuites, réagit Josh Coley. J’ai envie d’être surpris par un film, pas de savoir à l’avance ce qu’il y aura dedans."

Les défis techniques étaient tout aussi immenses. Le premier Toy Story a marqué la bascule de l’animation dans le monde numérique, alors que la technologie était encore balbutiante. "Près de 25 ans après, ce nouvel opus devait garder la même grammaire visuelle tout en utilisant les nouvelles possibilités que nous offrent les outils d’aujourd’hui. Mais il fallait veiller à ce que le public retrouve ses personnages fétiches", souligne le producteur Jonas Rivera. Ce dernier opus offre un travail sur les textures d’un niveau encore inégalé, la spécificité de chaque personnage se trouvant ainsi renforcée. La bergère semble enfin véritablement en porcelaine, Woody en tissu et les poupées en plastique. "Je voulais que ça rappelle vraiment les sensations que l’on peut avoir avec ses jouets. Les enfants ont des contacts souvent très étroits avec eux", souligne Josh Cooley.

En 2017, John Lasseter annonce qu’il laisse l’entière réalisation de Toy Story 4 à Josh Cooley, avant de démissionner de toutes ses fonctions fin 2018 suite aux accusations de harcèlement à son encontre. Un autre maillon historique de Pixar, Lee Unkrich, qui avait réalisé Toy Story 3 et Coco quitte le studio début 2019 pour des raisons purement personnelles. C’est donc une nouvelle génération qui se retrouve aux commandes de Toy Story 4. "C’est effectivement un tournant car John et Lee avaient été à la base de tous les films du studio, ils intervenaient sur l’écriture et la production exécutive. C’était quasiment des pères fondateurs", remarque Mark Nielsen.

250 personnes ont travaillé sur le film au total. "Cela a commencé avec une équipe réduite pendant quatre ou cinq ans. Il y avait seulement les responsables du scénario, du contenu éditorial et la direction artistique, soit une quinzaine de personnes, rappelle Nielsen. Ensuite, arrivent les animateurs et, la dernière année, nous avons fonctionné à plein régime quand ont été lancées toutes les étapes de rendu et de lighting."

Après la présentation de Toy Story 4, précédée par une séance de dédicace dans le forum de Bonlieu, le programme concocté par Disney/Pixar s’est conclu avec une projection en plein air de la version karaoké de La reine des neiges sur le Pâquier.

Patrice Carré
© crédit photo : Disney•Pixar


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