Cinéma

Lumière MIFC 2019 - Yann Le Prado, président du SCFP : "La question est de savoir si notre pays va tourner le dos à tout un pan de son patrimoine"

Date de publication : 17/10/2019 - 08:34

À l’occasion de la table ronde intitulée "Bilan et perspectives de l’aide à la numérisation des œuvres cinématographiques du patrimoine par le CNC", le Syndicat des catalogues de films de patrimoine (SCFP) interviendra aujourd’hui au côté de Laurent Cormier pour faire entendre sa voix.

 

Qu’est-ce qui a présidé à la naissance du Syndicat des catalogues de films de patrimoine fin janvier ?
Depuis plusieurs mois, nous ressentions le besoin de nous unir afin d’expliquer notre métier et de le défendre à un moment où il devient de plus en plus difficile de l’exercer. Le contexte est tendu, avec un marché de la vidéo physique en baisse, la fermeture de cases sur le linéaire, voire des fermetures de chaînes, comme en témoigne le cas de France 4. Quant aux plateformes digitales, elles sont moins portées sur le catalogue car elles recrutent des jeunes adultes, essentiellement autour des séries. À ces difficultés économiques s’ajoute le fait que, au sein des pouvoirs publics, mais aussi chez nos partenaires et même nos clients, régnait une certaine méconnaissance du métier de cataloguiste.
Notre réflexion a été accélérée par le fait que le CNC, dans un premier temps, a décidé, semble-t-il, d’arrêter les aides à la numérisation et à la restauration. Nous nous sommes alors mobilisés, ce qui a débouché non pas sur une suppression, mais sur une réduction, certes drastique, de l’aide, laquelle semble maintenue pour les trois années qui viennent. Elle est absolument indispensable pour sauvegarder des pans entiers de notre patrimoine cinématographique. Sans elle, nous ne pourrions pas les restaurer et ils seraient amenés à disparaître. Car si certains films peuvent trouver une rentabilité, ce n’est pas le cas de tous. Or cela concerne des œuvres importantes et fondatrices. La question est de savoir à présent si notre pays va tourner le dos à tout ce patrimoine.

Vous étiez sept membres fondateurs au départ. D’autres vous-ont-ils rejoints ?
Les membres fondateurs sont en effet Les Films du Jeudi, Gaumont, Pathé, SNC/SND (Groupe M6), Studiocanal (Groupe Canal+), la Société cinématographique Lyre et TF1 Studio (Groupe TF1). Or beaucoup d’autres cataloguistes ont émis le souhait de nous rejoindre. Nous avons récemment dû aménager nos statuts et n’avons donc pas eu le temps de faire entrer officiellement de nouveaux adhérents. Mais, à court terme, le nombre de membres du SCFP devrait doubler. 

Quels sont vos moyens d’action ?
Le premier point important est d’avoir réussi à réunir dans une même structure des sociétés qui ont pourtant des antagonismes assez forts. Les voir ainsi s’allier a véritablement du sens. Le patrimoine les amène à mettre de côté leurs désaccords pour avancer de façon unie. Cela donne une crédibilité extrêmement forte à notre syndicat vis-à-vis de nos différents interlocuteurs, notamment institutionnels, mais aussi de nos partenaires que sont les laboratoires et les ayants droit.  Nous sommes reçus rapidement et très écoutés.
Parallèlement, nous avons une parfaite connaissance des enjeux de notre filière et nous avons quasiment une mission de service public. Par ailleurs, nous apportons des propositions très concrètes au CNC afin qu’il continue à nous accompagner. Nous défendons notamment le 1% patrimoine, l’idée étant que le Centre sanctuarise 1% de son budget pour la restauration des films. Cette année, le CNC ayant un budget de 711 M€, nous aurions eu 7 M€. Ce qui est certes moins que les 9 M€ de l’an dernier, mais bien plus que les 2,8 M€ proposés cette année. Nous sommes dans ces échanges et cette discussion.

 

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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