Cinéma

Congrès FNCF 2020 - Etienne Ollagnier : "L’inquiétude et la difficulté sont surtout devant nous"

Date de publication : 24/09/2020 - 08:30

Toujours pour illustrer cette édition bien particulière de la Journée des éditeurs de films, dans le contexte que l’on connaît, entretien avec le coprésident du SDI pour livrer un bilan provisoire de l’impact de la crise sanitaire sur ses administrés et anticiper les complications à venir pour les films indépendants en salle.

Avec le recul, comment regardez-vous les résultats des films sortis par les membres du SDI depuis la réouverture des salles ?
Avant tout, nous étions tous très heureux de pouvoir de nouveau sortir des films. Et ce, malgré le contexte, et le fait que la date du lundi 22 juin n’était pas la plus idéale, ni même celle souhaitée par la profession. Et même si l’on peut être déçus par les scores finaux de certains titres, et notamment ceux sortis initialement en mars, le dispositif d’aides en place nous a permis de ne pas être trop perdants au global.

Les films qui sont rentrés dans leur économie, au-delà de leur qualité intrinsèque, doivent aussi cela à leur sujet. Dans le contexte de cet été, il y avait une vraie prime à la comédie, au sujet feel-good ou à l’angle plus grand public. Mais pour les œuvres aux sujets plus durs, ce fut compliqué de trouver une économie.

Comment jugez-vous l’exposition des films sur la période, dans un contexte concurrentiel bien particulier ?
En effet, ceux d’entre nous qui ont choisi de sortir cet été ont généralement été bien exposés. On a même vu des plans de sortie parfois impressionnant à l’échelle des distributeurs indépendants, de 350 à plus de 500 copies, sur des titres qui, en temps normal, auraient rarement dépassé la centaine de copies. C’était assez exceptionnel, mais il faut dire que l’on repartait de zéro : il n’y avait pas les centaines de films en continuation qui occupent normalement les écrans au moment où l’on sort un film nouveau. Cela a laissé de la place sur les écrans.

D'ailleurs, certains titres art et essai porteurs ont de fait pris l’habitude de plans de sortie plus large, et il y a un risque que cela s’installe dans les mois à venir. Ce qui réduirait plus encore l’espace pour les œuvres de la diversité, aux économies plus retreintes. Il faudra veiller à ce que cela ne perdure pas.

Trois mois après la réouverture des salles, comment se portent les distributeurs indépendants ?
Comme tout le monde, nous sommes un peu sonnés par ce que l’on vit. Concernant les sociétés, on ne déplore pas encore de catastrophe ni de ruine liée à la Covid, du moins à notre connaissance. L’inquiétude et la difficulté sont surtout devant nous. Nous sommes nombreux à avoir encore des sorties importantes à présenter au marché dans les mois à venir, et en particulier des films labélisés par Cannes 2020. Si le marché ne remonte pas, ces sorties qui concentrent de gros enjeux financiers pourraient beaucoup nous fragiliser.

Nous sommes déjà, en moyenne, à -70% de chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier, et ce pourrait être un coup de grâce pour certains de ne pouvoir se rattraper sur la fin de l’année avec ces œuvres importantes à notre échelle. Cela risque d’être très violent.

Nous attendons donc beaucoup du plan de relance à venir. Cet été nous avons bénéficié de nombreux dispositifs d’aide, qui ont limité la casse. Il y en a certes que l’on n’a pas obtenus, et d’autres où l’on espère un geste nouveau des pouvoirs public. Notamment sur les films de répertoire : les distributeurs spécialisés ont été jusqu'ici délaissés alors qu’ils ont pris beaucoup de risques en se mobilisant tout l’été. Il leur faudrait un soutien spécifique.

Propos recueillis par Sylvain Devarieux
© crédit photo : DR


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