Lumière MIFC 2022 - L’Afrique et l’Asie, relais de croissance pour les industries techniques françaises

Avec une population d’1.1 milliards d’habitants et la croissance démographique la plus rapide au monde, le continent africain a sa classe moyenne tripler en 30 ans. Elle représente 34% de la population, pour un âge médian de 20 à 22 ans. Les paysages audiovisuels ont brutalement changé, avec un passage du monopole des télévisons d’état à une diversification des offres en streaming sur mobile ou smart TV, ainsi que des offres Pay-TV.

Le continent offre une relative homogénéité sur le plan linguistique : le français représente 120 millions de locuteurs, l’anglais 200 millions et l’arabe 100 millions. Là-dessus se rajoutent les langues vernaculaires Swahili (130 millions de locuteurs), Pidgin (100 millions), Haoussa (90 millions), Amharique (60 millions), Yoruba (50 millions), Oromo (30 millions ) et Zulu (10 millions).

En raison du fort taux d’illettrisme (40%), le doublage est préféré au sous titrage. Par ailleurs de prestataires de postproduction se sont développés, hormis en Afrique du Sud et en Afrique du nord. L’Afrique étant le continent le plus mal desservi en matière de distribution cinématographique, le mobile et l’accès à Internet via téléphone, constituent un enjeu majeur pour la captation de nouveaux consommateurs, mais aussi pour la distribution des œuvres.

Pour le moment, le marché est encore dominé par la Pay-TV qui compte 22.6 millions d’abonnés au total. Canal+ est notamment leader sur le marché de la pay-TV francophone avec ses 6,8 millions d’abonnés et se déploie de plus en plus. Mais les offres OTT font une percée rapide sur le marché. Netflix et Amazon Prime se sont lancés en 2016, Netflix accélérant ses acquisitions et ses productions originales africaines depuis 2019. Disney+, est arrivé en Afrique du nord et du sud, son déploiement sur le reste du continent étant prévu à l’horizon 2023.

Si le cinéma est encore une industrie sous-exploitée, il est en pleine croissance avec l’apparition de salles et de multiplexes. Un développement qui profite au cinéma d’auteur et aux films de patrimoine car les spectateurs s’intéressent toujours plus à leurs propres histoires. L’Afrique du Sud restaure ses archives, Inaco en RDC cherche des financements pour la digitalisation de ses siennes. De son côté le Kenya a démarré la numérisation de celles de la famille Kenyatta. Cette puissante dynastie du pays, qui lui a donné des présidents dès l’indépendance, a décidé de monter un musée en partant de ses archives personnelles, qui ont été numérisées afin d’être mises à la disposition du public. La prochaine étape devrait passer par un travail similaire portant sur les archives de la défense.

De son côté, l’Asie représente un marché plus mûr et concurrentiel sur l’ensemble de la chaîne de production. Mais il est notamment fragmenté culturellement et linguistiquement parlant. Le Mandarin et ses dialectes représentent 1,4 milliard de locuteurs et l’Hindi 600 millions. Viennent ensuite l’Anglais (300 millions), le Russe (260 millions), le Bahasa Indonesia (240 millions), l’Arabe (230 millions), le Bangla (230 millions), le Japonais (120 millions). Et Punjabi, Filipino, Coréen, Vietnamien, Telugu et Tamil représentent entre 90 millions et 70 millions de locuteurs.

Malgré des disparités, c’est un marché en pleine expansion avec la montée en puissance des plateformes. La dessus se rajoute un réel engouement pour les contenus asiatiques. En 2022, 20 offres OTT comptent pour 67% du marché. En dehors de la Chine, YouTube reste le leader avec 42% de pdm, suivi de Netflix, 33%, Amazon, 12% et Disney, 11%. Mais ce dernier monte régulièrement et devient même très agressif sur les zones où Netflix n’a pu totalement s’imposer comme la Thaïlande, l’Indonésie ou le Vietnam tout en renforçant sa position en Inde et au Japon. L’Asie représente au total 45% des abonnés Disney+. Par ailleurs l’offre Chinoise TikTok continue sa croissance sur la région.

Mais on assiste aussi à un déploiement des plateformes locales (VIU-HK ou IQIYI-Chine) qui localisent leurs contenus essentiellement dans les principales langues régionales, contrairement aux américaines, qui veulent attirer une audience mondiale.

L’industrie du cinéma connaît dans cette région un regain d’activité post-covid porté par la Chine qui compte pour 6.7 Md$ des 8.7 Md$ de revenus en 2021. 85% des recettes du cinéma chinois proviennent de contenus locaux. Et en Asie du Sud Est on assiste à un regain d’intérêt envers l’importante vague de cinéma indépendant des années 90, mais ces films nécessitent d’importants travaux de restauration.

Différents relais de croissance s’ouvrent donc pour les prestataires techniques français, à commencer par le stockage et la gestion des contenus, afin de pouvoir distribuer les œuvres dans le monde entier. Par ailleurs les films classiques peuvent trouver une seconde vie, via notamment les plateformes, à condition d’avoir été restaurés et correctement encodés. Et pour de plus en plus de territoires, la préservation et la restauration des archives audiovisuelles, apparait, outre un nécessaire devoir de mémoire, comme un moyen de monétiser son patrimoine et d’enrichir le marché des contenus.

Outre son expertise photochimique sur son site de Joinville, qui en fait un partenaire unique en son genre pour le patrimoine, Hiventy a ainsi développé des sites installés au Vietnam, à Singapour, au Kenya (photo), au Nigéria et depuis trois mois au Maroc. Le groupe a notamment constitué des équipes locales sur les métiers du doublage, ces dernières montant peu à peu en compétence et en puissance.