Cinéma

Studiocanal au cœur de la filière

Date de publication : 15/05/2024 - 09:29

Anna Marsh, directrice générale de Studiocanal et dga du groupe Canal+, revient sur la stratégie menée par Studiocanal qui irrigue l'ensemble de la chaîne de valeur.

Quel bilan faites-vous de l'année 2023 de Studiocanal ?

Un très bon bilan, grâce à une stratégie ambitieuse qui porte ses fruits ! Nous avons continué de soutenir la création avec plus de 300 M€ investis dans 50 films et séries en 2023.
Côté salles, nous avons distribué plus de 100 films sur nos territoires pour un box-office de plus de 150 M$ dans le monde, soit une croissance annuelle de 31% par rapport à 2022. En France, nous avons enregistré plus de 12,5 millions d'entrées, soit une hausse de 26% par rapport à 2022 et nous sommes fiers d’avoir vus nos talents être récompensés de 7 César.

Lors de votre dernière interview au Film Français, vous aviez pour priorité de faire de Studiocanal un acteur au cœur de fa filière. Mission accomplie ?

Nous poursuivons une très belle dynamique. Nous sommes présents sur toute la chaîne de valeur, ce qui est une spécificité propre à Studiocanal, depuis la conception d'une idée jusqu’à la sortie du film ou le lancement d’une série audiovisuelle en accompagnant les auteurs dans le développement du scénario. Nous sommes extrêmement actifs dans la production et la distribution directe sur nos 7 territoires ainsi que dans les ventes internationales qui permettent à nos films de rayonner dans le monde entier. Le biopic Back to Black est une très belle illustration de notre stratégie, avec plus de 40 M$ au box-office mondial. Ce film d'envergure, que nous avons accompagné tout au long de sa fabrication, a été numéro 1 du box-office dans 8 territoires, dont la France, lors de sa semaine démarrage. En France, dans sa 3ème semaine, il figure toujours dans le top 5 et nous approchons le million d’entrées.

Outre notre présence sur l'ensemble de la chaîne de valeur, il ne faut pas oublier l’importance de notre catalogue qui approche les 10 000 titres à la suite de l'acquisition d'Orange Studio et qui constitue un patrimoine unique au monde.

Nous avons également cette chance de faire partie du Groupe Canal+, dont la puissance mondiale est très importante, avec un parc d'abonnés en plein essor. Nous en dénombrons 26,4 millions sur tous les continents, soit une hausse de 80% en 8 ans, avec un objectif de 50 millions à moyen-terme. Cela nous donne un accès incroyable aux friands du cinéma et de l'audiovisuel dans le monde entier, et une ouverture à des territoires comme l'Afrique, où il y a tant d'histoires à raconter.

Studiocanal est également un groupe extrêmement diversifié. Nous produisons et distribuons aussi bien des films frais que des films de patrimoine, parfois centenaires, et des œuvres audiovisuelles. Les formats que nous proposons reflètent la pluralité de nos choix créatifs. Cela peut aller de très longs métrages comme L'amour ouf, à How to Stop Time, une série adaptée du roman de Matt Haig. Notre spectre de talents est vraiment très large. Nous osons raconter des histoires uniques et différentes. Les excellents résultats du Règne Animal en France ou de Scandaleusement Vôtre au Royaume-Uni (près de 30 M$ au box-office mondial) sont la preuve de la pertinence de notre approche. C'est une grande fierté de porter ce genre de propositions.

Vous évoquiez le catalogue très conséquent du groupe. Comment entendez-vous le valoriser ?

Le catalogue a toujours constitué un actif fort de notre groupe. Nous avons considérablement investi dans la valorisation et la restauration des œuvres de patrimoine, avec près de 25 M€ depuis 7 ans. Cet investissement conséquent a également décuplé les revenus de cette activité, profitant notamment aux ayant droits.

Nous ne sommes pas engagés dans une course au volume. Le plus important à nos yeux demeure la qualité des films, grace aux talents avec qui nous collaborons. Il est également essentiel d'avoir les mandats de distribution afin de disposer une vision d'ensemble du film. C'est toujours une fierté immense de faire découvrir ou redécouvrir une œuvre oubliée à un public. En quelque sorte, nous sommes des gardiens de l'histoire du cinéma. C'est un devoir. Nous avons à cœur de bichonner chaque œuvre de ce catalogue unique au monde qui représente plus de 100 ans du cinéma mondial.

Quel sera le programme cannois pour Studiocanal ?

Un programme très dense ! Nous présentons en compétition officielle deux films extrêmement ambitieux avec L'amour Ouf et La plus précieuse des marchandises. A Cannes Classics, nous proposons une version restaurée de L'armée des ombres de Jean-Pierre Melville.

Nous serons également très actifs sur le Marché. Notre line-up de ventes comporte une vingtaine de titres en langue française, anglaise, allemande et espagnole. Nous embrassons toute la culture européenne.

Sur place, nous comptons également sur la présence de nos équipes dédiées aux acquisitions de films sur nos territoires en Pologne, au Bénélux, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Une activité qui a été renforcée par l'arrivée d'Isabelle Pain au nouveau poste de directrice des acquisitions globales.

C'est un pan très important de notre activité. Nous souhaitons faire voyager les films dans nos filiales. L'arrivée d'Isabelle est très importante. Elle va nous apporter son regard d'experte en analyse et en approche créative. Nous avions besoin de ce profil au sein de Studiocanal pour gérer les acquisitions internationales et leur donner une nouvelle ampleur, à la hauteur de la position privilégiée et croissante de Studiocanal sur la scène internationale.

Au cours des derniers mois, vous avez créé deux labels : un pour le genre et pour les adaptations littéraires avec Studiocanal Stories. Quelle est votre ambition ici ?

Depuis plusieurs années, Studiocanal n'a cessé de grandir. Je pense qu'à un moment donné, il est nécessaire de classer nos actifs afin de clarifier notre stratégie. C’est important de veiller à toujours penser notre approche en fonction de notre audience.

Paddington est un bon exemple de notre stratégie. Nous détenons l'intégralité de l'IP. Nous l'avons déclinée en une série animée qui comporte trois saisons et deux longs métrages – bientôt trois. Nous gérons également le merchandising. Cette stratégie se déploie autour d'un pilier bien identifié : "Kids and Family". Nous avons développé cet axe autour d'œuvres similaires telles que Shaun le mouton.

Nous avons eu la même approche dans le cadre du lancement de notre label de genre, dirigé par Jed Benedict. Nous disposions d'un historique important de films de genre à succès mais nous avions envie de dynamiser ce type de productions et d'y consacrer des ressources spécifiques. C'est également une fenêtre vers de nouveaux talents que nous pouvons ramener au sein du groupe. Nous croyons beaucoup en cette mise en avant de nos savoir-faire.

C'est dans cette optique que nous avons lancé Studiocanal Stories, qui témoigne de notre volonté d'adapter des livres en films et séries. Nous pouvons notamment bénéficier de l'apport de Vivendi qui nous donne accès aux propriétés intellectuelles de Lagardère.

Cette déclinaison se retrouve également à l'international, grâce aux 26 sociétés de production avec lesquelles le Groupe Canal+ travaille dans le monde entier. Chaque société a son savoir-faire unique, sa propre identité. Ainsi, chacune propose des contenus propres, mais toutes travaillent dans un objectif commun qui permet au Groupe Canal+ et donc à Studiocanal de disposer d'un tissu de production très varié.

Vous évoquiez Studiocanal Stories. Le premier projet annoncé a marqué les esprits avec une nouvelle adaptation d'Astérix en live action. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

C'est avant tout une grande fierté et un honneur que l’on nous confie ce développement, et nous avons toutes les compétences pour relever ce défi. Notre expérience avec Paddington a démontré que nous pouvions raconter des histoires pour toute la famille. Astérix suscite également un vif intérêt sur les territoires où nous sommes présents, à l'image de la Pologne où le dernier film a rencontré un grand succès. Nos équipes internationales ont également prouvé leur expertise dans la vente de telles franchises. Si Astérix est avant tout un succès français, nous avons exprimé une véritable envie de faire voyager ce projet à travers le monde. Astérix nous donne également la possibilité de faire évoluer notre axe « Kids and Family » en nous ’adressant à un public encore plus large.

Outre la production française, vous êtes également très investis au sein de la production anglophone.

Beaucoup de personnes ne le savent pas, mais cette activité de producteur délégué d’œuvres anglophones est plus ancienne que les productions déléguées françaises. Cela fait 15 ans côté anglophone, et plus de 5 ans côté francophone. Nous entendons en produire de plus en plus. Non seulement pour le cinéma, mais aussi pour les séries. L'arrivée de M-K Kennedy en tant que directrice des séries TV renforce notre ambition de produire des séries d’envergure internationale.

Nous tenons à cette double culture. Si le marché local occupe une place prépondérante dans notre stratégie, notre raison d'être consiste également à faire voyager nos œuvres. Ce regard international est clé, et l’une des autres spécificités de Studiocanal. Au vu de la concurrence et du contexte mondial, on ne peut regarder uniquement le marché local quand on donne le feu vert à un projet. Nous faisons lire le scénario par l'ensemble des équipes internationales. A mon sens, c'est une vraie force de disposer de multiples perspectives dès la lecture d'un projet. Nos cultures se mélangent et nous poussent à réfléchir afin de raconter des récits universels.

Pourriez-vous nous donner un avant-goût de ces futurs récits universels ?

Côté français, nous sommes en train de tourner L'avenue de l'avenir de Cédric Klapisch, un partenaire de longue date qui propose ici un projet à la fois universel, ambitieux et poétique. Plongés dans les peintures de Monet, bercés entre le Paris d’aujourd’hui et celui de 1895, le tout avec un casting de jeunes talents … quoi de mieux pour faire rêver le public international !

Pour la partie internationale, nous préparons avec Blueprint Pictures la production en Afrique du Sud de Huntington réalisé par John Patton Ford avec Glen Powell, Margaret Qualley et Ed Harris. Il s'agit de l'adaptation d'un film classique anglais de notre catalogue : Kind Hearts and Coronets avec Alec Guinness.

Nous venons d’annoncer le début du tournage au Royaume-Uni et à Berlin du thriller d'action Control de Robert Schwentke avec James McAvoy et Julianne Moore. Il y a également notre premier tournage en Australie, Kangaroo de Kate Woods (The Umbrella Academy).

Par ailleurs, nous sommes fiers d'annoncer que nous sommes coproducteurs de Bridget Jones 4 aux côtés de Miramax, Universal Studios et nos partenaires de longue date Working Title. Le film a démarré sa production la semaine dernière. Nous sommes ravis du scénario de ce nouvel opus où l’on découvre une Bridget Jones cinquantenaire.

Et côté salles, quel est votre line-up ?

Nous allons distribuer prochainement Paris Paradis, de Marjane Satrapi, cinéaste talentueuse et fidèle à Studiocanal. A venir également, Ni Chaînes Ni Maîtres, premier film époustouflant de Simon Moutaïrou avec Camille Cottin et Benoit Magimel, Saint-Ex, avec Diane Kruger, Vincent Cassel et Louis Garrel, ou encore L'amour c'est surcôté avec Hakim Jemili, Laura Felpin et François Damiens.

Côté international, nous avons produit We Live in Time de John Crowley avec Florence Pugh et Andrew Garfield qui sortira au deuxième semestre 2024. Un scénario original dont nous sommes très fiers. Et bien sûr, nous achèverons l'année avec Paddington au Pérou, un film dont nous attendons beaucoup !

Florian Krieg
© crédit photo : François Roelants - Canal+


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