
Cannes 2025 – Sven Bresser réalisateur de "Rietland" : "Mon film c’est un homme, la nature et le mal"
Date de publication : 14/05/2025 - 09:30
Le cinéaste neerlandais, qui présente son film dans le cadre de la Semaine de la Critique, s’est inspiré de faits réels tout en voulant ancrer son récit dans le cadre où il a passé son enfance.
Quelques mots sur votre parcours... Comment êtes-vous venu au cinéma ?
J'ai étudié le cinéma à la High School University of Arts d’Utrecht. Mais c'est surtout en regardant d'autres films que j'ai appris à faire des films.
Comment décririez-vous Rietland en quelques mots ?
Un homme, la nature et le mal. Le lien entre ces trois éléments constitue l'essence même du film.
Comment vous est venue l'idée du personnage de Johan ?
C'est difficile à dire exactement. Mais l'une des premières images que j'ai eues était celle d'un homme travaillant dans les roseaux. Il marchait, puis s'est soudainement arrêté et a regardé par-dessus son épaule. Son regard était déjà très ambigu : à la fois effrayé et inquiétant. C'est à partir de cette image que le personnage s'est lentement développé.
Comment avez-vous rencontré votre productrice, Marleen Slot ?
J'ai rencontré Marleen il y a quelques années, alors que je cherchais un nouveau collaborateur. Je connaissais son nom grâce aux films de Sascha Polak et parce qu'elle avait coproduit le film brésilien Neon Bull. Elle travaille seule, de manière très autonome, et ne réalise que les films qu'elle a vraiment envie de faire. J'admire cette mentalité, qui correspond à ma façon de travailler. C'est notre premier film ensemble, mais j'ai l'impression que nous travaillons ensemble depuis longtemps. En partie parce qu'avant ce film, nous avions développé un autre long métrage, mais celui-ci n'a jamais obtenu de financement.
Dries Phlypo s'est-il joint au projet parce qu’il avait déjà travaillé avec Marleen ?
Oui, Dries est déjà un collaborateur de longue date de Marleen.
Le film a-t-il été difficile à financer ?
Ce n'est jamais facile, car cela demande beaucoup de temps et de travail, mais à part cela, tout s'est très bien passé pour ce film. Le scénario a été bien accueilli partout où nous avons sollicité un financement.
Vous avez développé le scénario vous-même. Quelles ont été les principales étapes ?
La phase d'écriture proprement dite, derrière mon ordinateur portable, a été assez courte : j'ai écrit 95 % du scénario en un mois et demi, mais avant d'en arriver là, il faut beaucoup de temps pour réfléchir, prendre des notes, lire, rassembler des images et des idées qui s'accordent bien ensemble.
Comment avez-vous choisi votre acteur principal ?
Presque toutes les personnes qui jouent dans le film sont issues des communautés environnantes du Weerribben-Wieden (Parc national au nord des Pays-Bas ndlr). Pour moi, la seule façon honnête d'explorer ce paysage et les rituels qui y sont liés était de passer par les personnes qui y vivent depuis des générations. Pendant trois ans, je me suis rendu régulièrement dans la région. J'y ai même vécu pendant une saison afin d'aider à la récolte des roseaux, pour étudier ce métier et mieux comprendre la nature, les gens et leur mode de vie. C'est à cette époque que j'ai rencontré la plupart des personnes qui apparaissent dans le film. J'ai vu Gerrit pour la première fois lors d'une des nombreuses réunions de coupe des roseaux auxquelles j'ai assisté. Après notre première vraie conversation, j'ai su que c'était lui. C'est une personne très spéciale, difficile à décrire avec des mots. Il a quelque chose de rude et en même temps de très doux et gentil.
Où et quand avez-vous tourné ? Il semble que vous ayez recherché des décors ruraux qui vous étaient familiers...
J'ai moi-même grandi dans un petit village entouré de roselières. La culture commerciale du roseau a disparu ici au début des années 2000, emportant avec elle le paysage de roseaux tel qu'il était à l'origine. Pour une scène d'un court métrage, j'ai essayé de retrouver ce paysage profondément ancré dans ma mémoire, mais qui n'existait plus dans mon village natal. Au cours de mes recherches, j'ai découvert les zones humides du nord des Pays-Bas, l'un des seuls endroits où quelques communautés vivent encore de la culture commerciale du roseau.
Aviez-vous une méthode de travail spécifique liée à votre sujet ?
Chaque choix est très subjectif et, en ce sens, particulier, je pense. Je ne pense pas avoir de méthode spécifique. La seule chose que je peux faire, c'est suivre mes propres intérêts, me pousser à prendre des risques et être honnête face à la complexité des sujets que nous essayons d'explorer.
Des difficultés particulières pendant le tournage ?
Tourner des scènes avec parfois 4 ou 5 pages de dialogue par minute avec des personnes qui n'avaient jamais joué auparavant, devant une caméra, est toujours assez stressant. Mais j'aime ça aussi, ça me permet de rester très vigilant et intuitif. Le temps joue également un rôle essentiel dans le film. Nous avons essayé de concevoir une méthode de tournage qui nous permette de vraiment suivre la météo. Nous avons gardé les lieux les plus importants en stand-by, afin de pouvoir décider à la dernière minute où et quoi filmer. Mais les équipes de tournage ne sont pas vraiment habituées à cette façon de travailler, ce qui a parfois représenté un défi, mais finalement tout le monde s'est totalement investi ! Gerrit a souvent été notre guide de confiance dans cette façon de travailler. C'est un cliché romantique, mais quelqu'un comme lui, qui a vécu sur cette terre depuis son enfance, sait vraiment lire le temps qui approche.
Quand le film a-t-il été terminé ?
Il y a trois semaines ! (entretien réalisé le 11 mai ndlr)
Quelles sont vos attentes concernant cette sélection pour la Compétition de la Semaine de la Critique ?
J'ai vraiment hâte de présenter notre film au monde entier, en compagnie de ce groupe de personnes exceptionnelles qui ont toutes joué un rôle important dans sa réalisation. Je pense que la plupart d'entre nous, moi y compris, n'ont jamais été à Cannes, alors j'essaie simplement de prendre les choses comme elles viennent.
J'ai étudié le cinéma à la High School University of Arts d’Utrecht. Mais c'est surtout en regardant d'autres films que j'ai appris à faire des films.
Comment décririez-vous Rietland en quelques mots ?
Un homme, la nature et le mal. Le lien entre ces trois éléments constitue l'essence même du film.
Comment vous est venue l'idée du personnage de Johan ?
C'est difficile à dire exactement. Mais l'une des premières images que j'ai eues était celle d'un homme travaillant dans les roseaux. Il marchait, puis s'est soudainement arrêté et a regardé par-dessus son épaule. Son regard était déjà très ambigu : à la fois effrayé et inquiétant. C'est à partir de cette image que le personnage s'est lentement développé.
Comment avez-vous rencontré votre productrice, Marleen Slot ?
J'ai rencontré Marleen il y a quelques années, alors que je cherchais un nouveau collaborateur. Je connaissais son nom grâce aux films de Sascha Polak et parce qu'elle avait coproduit le film brésilien Neon Bull. Elle travaille seule, de manière très autonome, et ne réalise que les films qu'elle a vraiment envie de faire. J'admire cette mentalité, qui correspond à ma façon de travailler. C'est notre premier film ensemble, mais j'ai l'impression que nous travaillons ensemble depuis longtemps. En partie parce qu'avant ce film, nous avions développé un autre long métrage, mais celui-ci n'a jamais obtenu de financement.
Dries Phlypo s'est-il joint au projet parce qu’il avait déjà travaillé avec Marleen ?
Oui, Dries est déjà un collaborateur de longue date de Marleen.
Le film a-t-il été difficile à financer ?
Ce n'est jamais facile, car cela demande beaucoup de temps et de travail, mais à part cela, tout s'est très bien passé pour ce film. Le scénario a été bien accueilli partout où nous avons sollicité un financement.
Vous avez développé le scénario vous-même. Quelles ont été les principales étapes ?
La phase d'écriture proprement dite, derrière mon ordinateur portable, a été assez courte : j'ai écrit 95 % du scénario en un mois et demi, mais avant d'en arriver là, il faut beaucoup de temps pour réfléchir, prendre des notes, lire, rassembler des images et des idées qui s'accordent bien ensemble.
Comment avez-vous choisi votre acteur principal ?
Presque toutes les personnes qui jouent dans le film sont issues des communautés environnantes du Weerribben-Wieden (Parc national au nord des Pays-Bas ndlr). Pour moi, la seule façon honnête d'explorer ce paysage et les rituels qui y sont liés était de passer par les personnes qui y vivent depuis des générations. Pendant trois ans, je me suis rendu régulièrement dans la région. J'y ai même vécu pendant une saison afin d'aider à la récolte des roseaux, pour étudier ce métier et mieux comprendre la nature, les gens et leur mode de vie. C'est à cette époque que j'ai rencontré la plupart des personnes qui apparaissent dans le film. J'ai vu Gerrit pour la première fois lors d'une des nombreuses réunions de coupe des roseaux auxquelles j'ai assisté. Après notre première vraie conversation, j'ai su que c'était lui. C'est une personne très spéciale, difficile à décrire avec des mots. Il a quelque chose de rude et en même temps de très doux et gentil.
Où et quand avez-vous tourné ? Il semble que vous ayez recherché des décors ruraux qui vous étaient familiers...
J'ai moi-même grandi dans un petit village entouré de roselières. La culture commerciale du roseau a disparu ici au début des années 2000, emportant avec elle le paysage de roseaux tel qu'il était à l'origine. Pour une scène d'un court métrage, j'ai essayé de retrouver ce paysage profondément ancré dans ma mémoire, mais qui n'existait plus dans mon village natal. Au cours de mes recherches, j'ai découvert les zones humides du nord des Pays-Bas, l'un des seuls endroits où quelques communautés vivent encore de la culture commerciale du roseau.
Aviez-vous une méthode de travail spécifique liée à votre sujet ?
Chaque choix est très subjectif et, en ce sens, particulier, je pense. Je ne pense pas avoir de méthode spécifique. La seule chose que je peux faire, c'est suivre mes propres intérêts, me pousser à prendre des risques et être honnête face à la complexité des sujets que nous essayons d'explorer.
Des difficultés particulières pendant le tournage ?
Tourner des scènes avec parfois 4 ou 5 pages de dialogue par minute avec des personnes qui n'avaient jamais joué auparavant, devant une caméra, est toujours assez stressant. Mais j'aime ça aussi, ça me permet de rester très vigilant et intuitif. Le temps joue également un rôle essentiel dans le film. Nous avons essayé de concevoir une méthode de tournage qui nous permette de vraiment suivre la météo. Nous avons gardé les lieux les plus importants en stand-by, afin de pouvoir décider à la dernière minute où et quoi filmer. Mais les équipes de tournage ne sont pas vraiment habituées à cette façon de travailler, ce qui a parfois représenté un défi, mais finalement tout le monde s'est totalement investi ! Gerrit a souvent été notre guide de confiance dans cette façon de travailler. C'est un cliché romantique, mais quelqu'un comme lui, qui a vécu sur cette terre depuis son enfance, sait vraiment lire le temps qui approche.
Quand le film a-t-il été terminé ?
Il y a trois semaines ! (entretien réalisé le 11 mai ndlr)
Quelles sont vos attentes concernant cette sélection pour la Compétition de la Semaine de la Critique ?
J'ai vraiment hâte de présenter notre film au monde entier, en compagnie de ce groupe de personnes exceptionnelles qui ont toutes joué un rôle important dans sa réalisation. Je pense que la plupart d'entre nous, moi y compris, n'ont jamais été à Cannes, alors j'essaie simplement de prendre les choses comme elles viennent.
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : Janniek Sinnige
L’accès à cet article est réservé aux abonnés.
Vous avez déjà un compte
Accès 24 heures
Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici