
Cannes 2025 – Alice Douard réalisatrice de "Des preuves d’amour" : "C’est un film que j’espère romantique, joyeux et pour tous"
Date de publication : 19/05/2025 - 17:54
La cinéaste dont le court métrage L'Attente a reçu le César en 2024, présente son premier long métrage, prolongation du court, en séance spéciale à la Semaine de la Critique.
Comment décririez-vous Des preuves d’amour en quelques mots ?
Des preuves d’amour est le portrait de Céline (Ella Rumpf), 32 ans, qui attend un enfant sans le porter et se questionne sur sa maternité à venir. Le film suit son parcours intime et juridique avec humour et tend vers la question universelle de la maternité, et même de la parentalité. C’est un film que j’espère romantique, joyeux et pour tous.
Comment vous est venue l'idée de ce personnage de Céline ?
J’ai été dans la situation de Céline il y a 7 ans. Ma femme a porté et donné naissance à notre fille. Sa grossesse a été une expérience très singulière dans ma vie. La question de l’homoparentalité était au cœur des questions qu’on me posait et parasitait la projection d’être simplement parent. Je ne l’ai d’ailleurs compris qu’une fois que ma fille était là. Il m’a semblé essentiel de proposer un modèle, une représentation, qui m’avait à moi manqué à ce moment-là et qui manque encore aujourd’hui.
Un lien qui semble évident avec L’Attente… Ce long est-il une prolongation de votre court ?
J’ai commencé l’écriture du scénario Des preuves d’amour pendant le financement de L’attente, donc avant le tournage du court-métrage. Très tôt, il m’a semblé qu’il y avait deux films sur ce même sujet, deux films qui se complètent et se déploient dans des formats différents. Les personnages et leur trajet ne sont pas les mêmes dans les deux récits. Pour autant, il est question dans les deux cas des derniers moments de couple avant de faire famille, il est question de hors-champ, de temporalité, de regards posés par les autres et par nous-même sur cette situation, et surtout d’universalité de la rencontre à venir avec son premier enfant.
Le film a été produit par Les Films de June qui avaient déjà produit L’attente et Apsara Films. Comment ces derniers sont-ils arrivés sur le film ?
Les Films de June est une structure que nous avons créée Marie Boitard et moi pour fabriquer L’attente « en famille », fortes d’une longue collaboration depuis mes premiers courts-métrages d’étudiante à la Femis. Nous avons en parallèle développé le scénario de Des preuves d’amour. J’ai proposé à Marine Arrighi avec qui je développais un autre projet de produire ce film-là, en sachant que nous serions coproductrices et Marie directrice de production. C’était une prise de risque pour elle de suivre cette dynamique de travail en couple.
Votre film fut-il difficile à financer ?
Comme la plupart des premiers films, Des preuves d’amour est un film fabriqué en annexe 3, donc dans une économie relativement modeste. Nous avons eu l’aide de l’avance sur recettes du CNC et l’aide de la région Aquitaine rapidement. Puis est venue l’étape de recherche de distributeur, plus longue et laborieuse. Nous sommes aujourd’hui très bien accompagnées par Tandem. Canal + et France 2 ont rejoint le film. Nous avons eu la chance d’être en financement en parallèle de la vie de L’attente qui a connu une belle carrière et gagné le césar du meilleur court-métrage de fiction. C’était une carte de visite pour le long-métrage.
Vous avez développé le scénario seule. Quelles ont été les principales étapes ?
J’ai obtenu l’aide à l’écriture du CNC qui m’a permise non seulement d’avoir du temps de travail mais aussi des consultations de scénaristes à l’étape du traitement. Laurette Polmanss et Julie Debiton ont été des collaboratrices très précieuses à l’étape de la structure qui m’ont permis d’écrire ensuite le scénario sereinement.
Sur quelles bases avez-vous choisi vos comédiennes ?
J’ai écrit en pensant à Ella Rumpf que j’avais découverte dans Grave. Et j’avais aussi Noémie Lvovsky en tête dès le scénario. Pour le personnage de Nadia, j’ai cherché un peu plus longtemps. Je voulais créer un couple original, auquel on croit bien sûr, mais je souhaitais surtout que les deux femmes existent séparément. Monia Chokri est une actrice très singulière, qui amène beaucoup d’énergie et d’humour au film et propose une image de femme enceinte très moderne.
Vous avez tourné à Paris et Bordeaux en juin dernier. Cherchiez-vous des décors, une ambiance précise ?
L’histoire se déroule à Paris et je souhaitais filmer le 19eme, l’entre-deux gares, les métros, la fourmilière de la capitale. Nous avons tourné 6 jours en équipe légère et donc mobile dans Paris. Nous avons passé beaucoup de temps à trouver les intérieurs à Bordeaux, qui fonctionneraient comme parisiens. L’appartement du couple notamment, pour lequel la recherche a été très longue. Il fallait trouver une cohérence esthétique et surtout des décors cinématographiques, car c’est toujours un enjeu de filmer des personnages dans des appartements.
Avez-vous fait des choix particuliers en tant que réalisatrice ?
Plusieurs séquences sont tournées en partie de manière documentaire, par soucis de réalisme, par goût, mais aussi pour des questions économiques. Par exemple, nous avons tourné la scène de boîte de nuit avec Ella et Monia dans une vraie soirée au club Virage. Puis la scène de DJ set d’Ella est elle aussi hybride – elle a réellement mixée devant la foule pour un plan puis nous avons tourné des plans serrés dans le lieu vide.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières pendant le tournage ?
J’ai gardé en tête ce que Jeanne Herry m’a dit quand je l’ai rencontrée : "un premier film, ça doit être une fête". On a fait sorte que ce soit le cas au maximum.
Quand le film a-t-il été terminé ?
La postproduction a été terminée le 18 avril 2025.
Qu'attendez-vous de cette sélection à la Semaine de la Critique ?
C’est un honneur immense de faire partie de cette sélection. On ne peut pas rêver mieux comme première pour son premier film.
Des preuves d’amour est le portrait de Céline (Ella Rumpf), 32 ans, qui attend un enfant sans le porter et se questionne sur sa maternité à venir. Le film suit son parcours intime et juridique avec humour et tend vers la question universelle de la maternité, et même de la parentalité. C’est un film que j’espère romantique, joyeux et pour tous.
Comment vous est venue l'idée de ce personnage de Céline ?
J’ai été dans la situation de Céline il y a 7 ans. Ma femme a porté et donné naissance à notre fille. Sa grossesse a été une expérience très singulière dans ma vie. La question de l’homoparentalité était au cœur des questions qu’on me posait et parasitait la projection d’être simplement parent. Je ne l’ai d’ailleurs compris qu’une fois que ma fille était là. Il m’a semblé essentiel de proposer un modèle, une représentation, qui m’avait à moi manqué à ce moment-là et qui manque encore aujourd’hui.
Un lien qui semble évident avec L’Attente… Ce long est-il une prolongation de votre court ?
J’ai commencé l’écriture du scénario Des preuves d’amour pendant le financement de L’attente, donc avant le tournage du court-métrage. Très tôt, il m’a semblé qu’il y avait deux films sur ce même sujet, deux films qui se complètent et se déploient dans des formats différents. Les personnages et leur trajet ne sont pas les mêmes dans les deux récits. Pour autant, il est question dans les deux cas des derniers moments de couple avant de faire famille, il est question de hors-champ, de temporalité, de regards posés par les autres et par nous-même sur cette situation, et surtout d’universalité de la rencontre à venir avec son premier enfant.
Le film a été produit par Les Films de June qui avaient déjà produit L’attente et Apsara Films. Comment ces derniers sont-ils arrivés sur le film ?
Les Films de June est une structure que nous avons créée Marie Boitard et moi pour fabriquer L’attente « en famille », fortes d’une longue collaboration depuis mes premiers courts-métrages d’étudiante à la Femis. Nous avons en parallèle développé le scénario de Des preuves d’amour. J’ai proposé à Marine Arrighi avec qui je développais un autre projet de produire ce film-là, en sachant que nous serions coproductrices et Marie directrice de production. C’était une prise de risque pour elle de suivre cette dynamique de travail en couple.
Votre film fut-il difficile à financer ?
Comme la plupart des premiers films, Des preuves d’amour est un film fabriqué en annexe 3, donc dans une économie relativement modeste. Nous avons eu l’aide de l’avance sur recettes du CNC et l’aide de la région Aquitaine rapidement. Puis est venue l’étape de recherche de distributeur, plus longue et laborieuse. Nous sommes aujourd’hui très bien accompagnées par Tandem. Canal + et France 2 ont rejoint le film. Nous avons eu la chance d’être en financement en parallèle de la vie de L’attente qui a connu une belle carrière et gagné le césar du meilleur court-métrage de fiction. C’était une carte de visite pour le long-métrage.
Vous avez développé le scénario seule. Quelles ont été les principales étapes ?
J’ai obtenu l’aide à l’écriture du CNC qui m’a permise non seulement d’avoir du temps de travail mais aussi des consultations de scénaristes à l’étape du traitement. Laurette Polmanss et Julie Debiton ont été des collaboratrices très précieuses à l’étape de la structure qui m’ont permis d’écrire ensuite le scénario sereinement.
Sur quelles bases avez-vous choisi vos comédiennes ?
J’ai écrit en pensant à Ella Rumpf que j’avais découverte dans Grave. Et j’avais aussi Noémie Lvovsky en tête dès le scénario. Pour le personnage de Nadia, j’ai cherché un peu plus longtemps. Je voulais créer un couple original, auquel on croit bien sûr, mais je souhaitais surtout que les deux femmes existent séparément. Monia Chokri est une actrice très singulière, qui amène beaucoup d’énergie et d’humour au film et propose une image de femme enceinte très moderne.
Vous avez tourné à Paris et Bordeaux en juin dernier. Cherchiez-vous des décors, une ambiance précise ?
L’histoire se déroule à Paris et je souhaitais filmer le 19eme, l’entre-deux gares, les métros, la fourmilière de la capitale. Nous avons tourné 6 jours en équipe légère et donc mobile dans Paris. Nous avons passé beaucoup de temps à trouver les intérieurs à Bordeaux, qui fonctionneraient comme parisiens. L’appartement du couple notamment, pour lequel la recherche a été très longue. Il fallait trouver une cohérence esthétique et surtout des décors cinématographiques, car c’est toujours un enjeu de filmer des personnages dans des appartements.
Avez-vous fait des choix particuliers en tant que réalisatrice ?
Plusieurs séquences sont tournées en partie de manière documentaire, par soucis de réalisme, par goût, mais aussi pour des questions économiques. Par exemple, nous avons tourné la scène de boîte de nuit avec Ella et Monia dans une vraie soirée au club Virage. Puis la scène de DJ set d’Ella est elle aussi hybride – elle a réellement mixée devant la foule pour un plan puis nous avons tourné des plans serrés dans le lieu vide.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières pendant le tournage ?
J’ai gardé en tête ce que Jeanne Herry m’a dit quand je l’ai rencontrée : "un premier film, ça doit être une fête". On a fait sorte que ce soit le cas au maximum.
Quand le film a-t-il été terminé ?
La postproduction a été terminée le 18 avril 2025.
Qu'attendez-vous de cette sélection à la Semaine de la Critique ?
C’est un honneur immense de faire partie de cette sélection. On ne peut pas rêver mieux comme première pour son premier film.
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : DR
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