Télévision

Connext 2022 - "1985", première série belge cofinancée par les deux communautés

Date de publication : 10/10/2022 - 09:50

S’inspirant du terrible fait divers des Tueurs fous du Brabant, la série, qui était présentée l’an dernier au stade de WIP, sera projetée aux professionnels. Elle a déjà été sélectionnée en compétition à CanneSéries, mais aussi au Festival du Film de Gand.

"1985 n’est pas une série flamande cofinancée avec les francophones, c’est une série belge cofinancée entre les deux communautés. L’histoire, l’équipe et le casting sont belges, ce qui signifie un projet bilingue, chacun y parlant sa propre langue" précise d’entrée de jeu son producteur Peter Bouckaert (Eyeworks Film & TV Drama). Réalisée par Wouter Bovijn (The Twelve et Red light) et créée par Willem Wallyn, la série se situe au moment de la terrible affaire des Tueurs fous du Brabant, appelés en neerlandais, Bende van Nijvel, la Bande de Nivelles. De 1982 à 1985, une série de braquages sanglants contre des supermarchés de la chaîne Delhaize avaient provoqué un total de 28 morts, dont un garçon de 13 ans, les braqueurs éliminant froidement quiconque se trouvait sur leur passage. Un fait divers d’autant plus traumatisant que, malgré un rebondissement de l’enquête en 2017 et une nouvelle relance en 2020, ses auteurs restent toujours inconnus à ce jour.

L’affaire a nourri de nombreuses supputations, à commencer par celle d’un complot visant à déstabiliser l’État belge, dans un contexte de guerre froide sur fond d’années de plomb. Parmi les hypothèses figure celle d'(ex-)gendarmes et militaires liés à l'extrême droite qui cherchaient, en créant la peur au sein de la population, à susciter un mouvement d'opinion soutenant un renforcement de l'appareil répressif de l'État. Les tueurs auraient été plus ou moins liés à des réseaux clandestins créés par l’Otan à travers l’Europe afin de contrer la menace soviétique.

Ce terrible fait divers a d’abord inspiré le cinéma, quoique tardivement, comme en témoignent Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens puis Don't shoot de Stijn Coninx, avant que la télévision ne s’empare enfin du sujet. Fait notable, les deux chaînes de télévision publique, RTBF et VRT sont intervenues pour la première fois ensemble en coproduction. "Dès le développement je suis allé les voir en même temps afin qu’elles s’impliquent toutes les deux dans le projet comme dans une série majoritaire, chacune de leur côté " raconte Peter Bouckaert.
 
1985 a également été soutenu par les trois fonds économiques régionaux (Wallimage, Screen Flanders et le Screen Brussels Fund) mais aussi le Vaf, réussissant ainsi une sorte de grand chelem. "Mon idée est que cette série parle également à des belges qui n’étaient pas nés à l'époque des faits, ainsi qu’à des européens qui ne connaitraient pas du tout cette histoire" poursuit le producteur, persuadé de la résonance d’un récit qui aborde, en filigrane, la vulnérabilité des institutions démocratiques européennes. Au cours des huit épisodes, les héros fictifs, trois jeunes adultes plein d’espoir et d’ambition, se retrouvent plongés en pleine tempête, en étant notamment confrontés à des personnages directement inspirés de ceux qui vécurent les tueries.

Débuté en mai 2021, le tournage avait pris fin le 20 octobre après avoir sillonné la Wallonie, la Flandre et Bruxelles. L’ensemble des financements belges a été complété avec un MG pour les ventes internationales de Studiocanal. Le budget total, de 8 M€, a été bouclé alors que le tournage était déjà lancé. "Nous sommes actuellement en pleine postproduction et la série sera achevée en fin d’année pour un passage sur les antennes de la RTBF et de la VRT en début d’année prochaine" reprend Peter Bouckaert.
 
Les deux épisodes présentés à Cannes seront montrés pendant Connext. "Nous réservons les autres pour la diffusion à l’antenne afin que le plein impact de la série puisse opérer à ce moment-là". Reste à savoir si 1985 marquera un tournant en matière de coopération entre les services publics flamand et francophone. "C’est une première en effet et cela peut ouvrir la voie à des coproductions entre les deux communautés. Mais il faudra que cela vienne des projets et de leurs sujets et ne se limite pas à de simples constructions financières. Le mode de financement ne peut pas être le seul moteur". Ce n’est sans doute pas un hasard si autant de représentants des chaînes francophones seront présents physiquement cette année à Anvers.

Patrice Carré
© crédit photo : Eyeworks - Thomas Nolf


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