
Annecy 2025 - Les défis de l'animation vus par l'Arcom
Présentée au festival d’Annecy, la dernière étude de l’Arcom sur l’offre et la consommation de l’animation en France met en lumière un paysage en pleine recomposition. Si l’animation reste un genre particulièrement prisé des jeunes publics, sa diffusion et son financement sont confrontés à des défis majeurs, face à l’éclatement des usages et à la montée en puissance des plateformes.
Trois étages d’une “fusée de l’animation” structurent désormais la réflexion de l’Arcom, comme l’a résumé Antoine Boilley, membre du collège, dans son intervention à Annecy.
L’étude le rappelle : ce sont encore les chaînes de télévision traditionnelles françaises – en particulier les groupes de la TNT gratuite – qui portent l’essentiel de l’investissement dans l’animation inédite. En 2023, 65 M€ ont été investis en achats et productions. Mais ces groupes sont aujourd'hui fragilisés et deux priorités se dégagent :
- Le financement pérenne de l’audiovisuel public, maillon essentiel du soutien à la filière animation.
- La réduction des asymétries de concurrence, notamment publicitaires, entre chaînes françaises et plateformes mondiales.
Deux récentes évolutions sont perçues comme porteuses d’espoir : le repositionnement de France 4 sur le canal 4 et de Gulli sur le 12, qui pourrait relancer l’audience de l’animation sur la TNT, et le développement des offres jeunesse sur les plateformes des groupes audiovisuels traditionnels.
SMAD : des engagements à approfondir
Le décret SMAD permet d’assujettir les services de VàDA à des obligations de financement. Des avancées réelles ont été obtenues, souligne Antoine Boilley, notamment à travers les accords signés avec Apple TV+ et Disney+, qui ont renforcé leurs engagements en faveur de l’animation inédite et diversifiée.
Mais l’Arcom reste vigilante : comme elle l’a souligné avec le CNC à l’automne dernier dans l’étude conjointe menée sur le décret SMAD, les plateformes s’acquittent encore majoritairement de leurs obligations via des acquisitions, au détriment de la production déléguée. Un projet d’aménagement ciblé du décret SMAD est actuellement sur la table de la ministre de la Culture, sur lequel l’Arcom rendra prochainement un avis.
YouTube : repenser les partenariats
YouTube est souvent critiqué pour sa domination dans les usages des plus jeunes. L’étude montre pourtant que les enfants privilégient les SMAD, puis la télévision, avant YouTube. Et le contenu mis en ligne sur la plateforme est massif (plus de 77 000 programmes analysés) et légal, avec partage des revenus aux ayants droit.
Antoine Boilley invite à dépasser les caricatures : "YouTube n’est pas un passager clandestin. Il développe déjà des partenariats avec les producteurs, mais aussi les groupes TV. Il faut les amplifier, les densifier, les solidifier." Deux pistes sont avancées : s'appuyer sur la puissance de YouTube pour aider les chaînes à mieux “événementialiser” leurs sorties d’inédits dans leurs propres univers, TV & plateforme ; mieux valoriser en termes de partage de recettes les oeuvres d'animation mises à disposition sur YouTube. par les groupes TV traditionnels et leurs partenaires producteurs.
L’objectif est double : reconnaître le rôle des chaînes comme services d’intérêt général qui financent la création, et mieux encadrer l’exposition des jeunes publics sur les plateforme. "Il faut s’appuyer sur les œuvres qui font sens, qui aident les enfants à grandir et à devenir citoyens", souligne Antoine Boilley.
Florian Krieg
© crédit photo : ArcomVous avez déjà un compte
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