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Cinéma

Congrès FNCF 2018 - Francis Fourneau : "Nous constatons la fragilité de la projection numérique"

Date de publication : 25/09/2018 - 08:45

Un an après une prise de parole remarquée sur l’après-VPF, le président de la branche petite exploitation de la FNCF revient sur les suites de cette intervention, mais également le piratage, la fréquentation estivale ou encore la chronologie des médias.

L’après-VPF avait été au cœur des débats du Congrès l’an dernier, deux mois après la publication du rapport de l’IGF et l’Igac préconisant de ne pas remplacer les contributions numériques. Les distributeurs s’étaient alors appuyés sur ce rapport pour se retirer une bonne fois pour toutes des discussions. "Ne vous imaginez pas que le dossier est clos. C’est au contraire le commencement d’un nouveau travail, entre le CNC et l’exploitation", avait alors rassuré Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC. Un an plus tard, quel est votre sentiment sur ce dossier ?
Tout le monde se souvient de ce débat houleux lors du dernier Congrès. Le rapport de l'IGF et Igac a été une véritable douche froide. Enfin, pas le rapport en lui-même, qui était plutôt bien étayé, mais sa conclusion. Nous avions été "rassurés" par Christophe Tardieu, qui avait annoncé une concertation entre le CNC et l'exploitation, mais rien n'est venu... C'est pourquoi les membres de la branche petite exploitation ont décidé, lors de leur commission de janvier, soit quatre mois après les promesses du Congrès de Deauville, de cesser de se réunir tant que le CNC ne faisait pas avancer ce sujet. On connaît la suite de cette réunion houleuse : un rapport de branche virulent, un courrier de notre fédération à la présidente du CNC pour lui rappeler ses engagements et, enfin, la création au mois de mai de l'observatoire de la petite et moyenne exploitation. Alors même si, avec Laurent Coët (rapporteur de la branche, Ndlr), nous n'avons jamais cessé de participer aux différentes réunions durant cette période, notre branche est de nouveau en ordre de marche et sera force de propositions durant le Congrès.

En tant que membre de cet observatoire, celui-ci vous semble-t-il aller dans le bon sens ?
Oui, bien sûr. En cinq réunions, nous avons cerné, avec le CNC, nos problèmes et donc nos besoins. Des syndicats, organismes, installateurs techniques, des représentants de la grande exploitation ont été auditionnés. Et d'autres sont prévus dès octobre. De plus, une étude fort instructive a été menée par l'Afcae sur plus de 550 salles. Elle fait le recensement des problèmes rencontrés dans le fonctionnement et les surcoûts engendrés par le numérique.

L’an passé, avec Laurent Coët, vous aviez imaginé le rapport de votre branche pour l’année 2024, au terme de laquelle "bon nombre de nos petites exploitations ont dû cesser leur activité, n’ayant pu renouveler et entretenir leur matériel devenu obsolète", et ce afin d’insister sur le fait que "la petite exploitation en colère a peur pour son avenir". La situation vous semble-t-elle toujours aussi alarmante aujourd’hui ?
Oui. Par de nombreuses pannes plus ou moins importantes, nous constatons la fragilité de la projection numérique. Mais, comme pour le moment, la plupart de nos collègues sont encore sous garantie, changer une tête de projecteur, un redresseur ou un serveur n’est pas forcément dramatique. Mais qu'en sera-t-il dans quelques années, lorsqu’il faudra changer, réparer ou faire évoluer notre principal instrument de travail ? D’autant que le risque d'écran noir est encore plus catastrophique pour un monoécran…

Après un bon début d’année, la fréquentation a plongé cet été, chutant en juin (-14,2%), juillet (-20,1%) et août (-7,2%). Cela vous inquiète-t-il ?
Depuis de nombreux mois, la petite exploitation, grâce notamment à une augmentation du nombre de séances de plus de 30%, était en progression. L'été, pour les raisons que l'on connaît, a été dramatique, et aujourd'hui des problèmes de trésorerie se font effectivement ressentir de manière inquiétante.

Le piratage fait cette année l’objet de la traditionnelle table ronde du Congrès. Comment jugez-vous l’action des pouvoirs publics dans ce domaine ?
Je ne comprends pas que les pouvoirs publics ne prennent pas ce problème à bras-le-corps. Certains pays européens y sont arrivés. Certes, on nous annonce une baisse des téléchargements, mais les statistiques ne prennent pas forcément en compte le streaming, qui est de plus en plus pratiqué par les jeunes. De plus, le piratage s'exprime aussi par la multiplication illicite des séances hors cinéma : dans les hôtels, restaurants, stades, salles des fêtes et, bien sûr, en plein air. Depuis le temps que nous parlons de ce sujet, le CNC pourrait y mettre de l'ordre et passer la main aux DRAC(s), qui pourraient mieux gérer ce problème.

Un nouvel accord relatif à la chronologie des médias a été signé par la plupart des organisations professionnelles, même si, à l'heure de notre bouclage, sa validation reste suspendue à la reconduction des accords Canal+ et OCS. Si cette nouvelle chronologie est validée, en seriez-vous satisfait ?
Dans cette chronologie des médias, l'exploitation en salle n'avait rien à gagner. J'estime que l'essentiel a été préservé, même si je pense que ce sont les plus petites salles qui, travaillant en profondeur, en feront davantage les frais.

Lors des différentes assemblées générales de syndicat, plusieurs exploitants ont pointé un durcissement de leurs rapports avec le CNC. Partagez-vous ce sentiment ?
Oui, c'est une constatation générale, et l'ambiance du Congrès de l'année dernière n'a fait que catalyser cette impression. Heureusement, cela ne concerne pas tout le monde au CNC !

Dolby Atmos, 4DX, Dolby Cinema, ScreenX, LightVibes… Les innovations technologiques ne cessent de se bousculer dans les salles. Au risque de créer une exploitation à deux vitesses entre ceux qui auront les moyens de suivre le mouvement et les autres ?
Dans nos salles, on ne nous réclame pas ces "innovations" technologiques, mais de bons fauteuils, de grands écrans, un bon son (sans être Atmos), de la diversité dans nos programmes et beaucoup de convivialité. Et pour ça, je fais confiance à nos collègues !

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : François Thirriot


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