Cinéma

Semaine 2019 - Louise Bellicaud et Claire Charles-Gervais d'In Vivo Films : "Nous avons tout de suite eu envie de nous lancer dans ce projet ambitieux"

Date de publication : 20/05/2019 - 12:31

Elles ont coproduit avec Fayçal Hammoum et Yacine Bouaziz de Thala Films le premier long d'Amin Sidi-Boumédiène, Abou Leila, sélectionné à la Semaine de la critique.

Comment est née In Vivo Films ?
Après plusieurs années passées dans des sociétés de production et de distribution en France mais aussi à l’étranger, nous avons eu envie de nous associer pour produire des auteurs qui nous inspiraient. In Vivo est ainsi née en 2015 à La Rochelle. On s’est lancé dès la première année dans la production d’un long métrage franco-américain, Thirst Street (C’est qui cette fille) de Nathan Silver, un film "guerilla" sélectionné en compétition à Tribeca en 2017, puis à Venise Days, et sorti en salle en juillet 2018 par Stray Dogs, qui l’a également vendu à l’international. 
 
Quelques mots pour présenter votre société et votre travail de productrices ?
Basée en région Nouvelle-Aquitaine, nous travaillons entre La Rochelle et Paris. Nous avons le même background (nous avons toutes les deux étudié à la Media Business School en Espagne dans le cadre du post-graduate training European Audiovisual management), les mêmes envies de production, à savoir découvrir des nouveaux talents en France et à l’étranger, accompagner des auteurs nouveaux ou confirmés mais toujours aux univers singuliers, et, enfin, travailler avec une ouverture sur des projets internationaux. Notre association nous a donc semblé naturelle.
Au quotidien nous développons des courts et longs métrages, depuis le stade de l’écriture jusqu’au suivi de la distribution. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux projets et sommes présentes sur de nombreux marchés de coproduction en France et à l’étranger.
 
Par quel biais avez-vous pris connaissance d'Abou Leila ?
Nous avons rencontré les producteurs algériens à Open Doors en 2015 et les avons retrouvés un an plus tard alors qu’Abou Leila était présenté dans le cadre de l’Atelier de la Cinéfondation à Cannes.
 
Comment s’est opérée la rencontre avec Thala Films ?
Le courant est très bien passé entre nous. Nous sommes de la même génération, dans la même dynamique, nous en sommes tous à peu près au même moment de nos carrières. Nous avons tout de suite eu envie de nous lancer avec eux dans ce projet aussi ambitieux que prometteur et de travailler avec Amin. Nous avons trouvé ses courts métrages magnifiques, le scénario d’Abou Leila extrêmement bien écrit et ses intentions sur le film, en terme artistique et narratif, traduisaient un réel talent.
 
Votre méthode de travail ensemble ?
Nous avons chacun financé le film respectivement en Algérie et en France. Thala Films s’est ensuite occupée du tournage en Algérie et nous avons récupéré l’intégralité de la postproduction en France.
 
Quelles ont été les principales étapes ?
Après la confirmation des fonds algériens, la mise en place du financement côté français a été très rapide, les premiers mois avec la confirmation du CNC-ACM et la région Nouvelle-Aquitaine dans la foulée, et puis nous avons dû faire face à de nombreux refus des fonds européens et des financements de marché. Nous avons dû prendre la décision de commencer le tournage avec un gap financier important. Le tournage a eu lieu en novembre-décembre 2018 en Algérie. La postproduction a commencé en France fin janvier et mi-avril, nous recevions alors l’invitation de la Semaine de la critique.
 
Quels sont vos partenaires financiers ?
L'Aide aux cinémas du monde, la région Nouvelle-Aquitaine, le département Charente-Maritime en France. Du côté algérien, le CADC, le FTADIC et l'Institut français. Et également le Doha Film Institute.
 
Un montage difficile ?
Oui. Nous avons commencé le tournage avec un gap financier assez important. Mais après les refus des fonds européens et des financements de marché (distributeurs et vendeurs internationaux) frileux pour s’engager sur ce projet très ambitieux et risqué au stade du scénario, nous avons pris le risque de trouver les financements complémentaires sur montage image. Films Boutique a pris le mandat pour les ventes internationales après visionnage d’un Work in Progress. Nous avons également trouvé un investisseur privé à ce moment-là. Nous sommes toujours à la recherche d’un distributeur français.
 
Quel est le budget final ?
750 000 €.
 
Des difficultés particulières ?
Plus de six semaines de tournage entre Alger et le sud du désert Algérien avec un budget très restreint. 
 
D’autres projets en cours ou en vue ?
Nous sommes actuellement en postproduction de trois longs métrages : Les Européens, quatrième titre de Victor Garcia Léon (en coproduction avec l’Espagne), dont le tournage a eu lieu en novembre-décembre dernier entre Barcelone et Ibiza ; El retorno del senor Roque a la isla Akare Meru, deuxième réalisation de Jorge Thielen Armand tournée dans la jungle au Venezuela en début d’année (coproduction Venezuela/Colombie/Pays-Bas/France) ; El son de Eliecer, premier film de Joan Gomez Endera (coproduction Colombie/France).
Nous développons également plusieurs projets de longs métrages, parmi eux : Above de Donari Braxton (coproduction États-Unis/France), Radical de Ivan Luna (coproduction Colombie/France) et Livramento de Lillah Allah (coproduction Brésil/Uruguay/France). Certains de ces projets sont au stade de l’écriture, d’autres déjà entrés en financement.
 
Cette sélection à la Semaine de la critique revêt-elle une signification particulière pour vous ?
Oui, cela fait très plaisir. C’est à la fois une reconnaissance du talent d’Amin, de notre travail, de celui de nos coproducteurs et de toute l’équipe. Cela montre aussi que l’on peut continuer à soutenir des projets forts, non-formatés, dont le cheminement narratif et la mise en scène prennent des risques sans compromis et qu’il existe une place pour ces films. C’est très gratifiant pour nous tous. C’est aussi un bel accompagnement pour un premier long. On espère que cela lancera la carrière d’Amin et lui permettra de réaliser un deuxième film tout aussi fort, mais cette fois avec plus de moyens (Rires.).
 

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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