Cinéma

Annecy 2019 - "Playmobil, le film", blockbuster de l’animation européenne

Date de publication : 11/06/2019 - 08:40

Le long métrage réalisé par Lino DiSalvo, qui a fait l’ouverture d’Annecy lundi, arrive sur les écrans français le 7 août, la sortie monde étant orchestrée dans la foulée.

Objet d’un WiP très couru l’an passé, au cours duquel 10 minutes de rushes regroupant plusieurs séquences à divers stades d’achèvement avaient été projetées, Playmobil, le film avait été choisi pour ouvrir cette 43e édition. La présentation de Marcel Jean a été interrompue par une délégation d’une petite quinzaine de Gilets jaunes, brandissant une pancarte "Spoiler, à la fin Macron tue l’assurance chômage". Alors que le festival leur avait offert différents temps de parole tout au long de la semaine, celles et ceux qui se présentaient comme des intermittents et précaires ont préféré jouer l’effet de surprise en pleine ouverture, leur intervention étant accueillie avec beaucoup d’hostilité par une partie de la salle.

Marcel Jean reprenait ensuite la main, faisant monter sur scène le producteur français du film Aton Soumache, accompagné de son réalisateur, Lino Di Salvo. Ce dernier expliquait alors à quel point cette première mondiale était spéciale pour lui, dans ce lieu "vers lequel le monde de l’animation converge pour partager les mêmes émotions durant une semaine entière" avant de conclure "j’ai adoré faire ce film qui n'est rien d’autre qu’un voyage ironique".

Suivant la série télévisée, diffusée pour la première fois en France durant l’été 2014, l’univers des Playmobil débouche à présent sur la réalisation d’un long métrage, produit par On Entertainment, en compagnie notamment de ses partenaires allemands historiques de Morgen Studios. "Cela nous offrait un champ des possibles incroyable, car à la grande différence de Lego, qui est un jeu de construction sans univers, Playmobil propose plus de 180 mondes différents, peuplés de 3 000 figurines, commente Aton Soumache. Notre gageure était de trouver quelle histoire raconter sachant que chaque enfant invente son propre storytelling en jouant".

Après avoir passé 17 ans chez Disney Animation, où il a notamment été responsable de l’animation de La reine des neiges, Lino Di Salvo s’est vu proposer le projet. "Il a eu l’idée géniale du ‘genre jumping’. On se situe en effet dans un univers au sein duquel les enfants peuvent passer d’un monde à l’autre, en étant tour à tour pirates, chevaliers ou vikings. Le long métrage est donc un film d’aventures qui joue sur le premier degré tout en permettant de passer d’un genre à l’autre". Le postulat de départ du scénario est de raconter l’histoire de Charlie, jeune garçon rêveur qui se retrouve immergé dans l’univers des Playmobil. Sa grande sœur Marta part alors à sa recherche afin de le ramener à la maison.

La fabrication s’est faite entre Paris et Montréal dans une configuration proche de celle du Petit prince. Mais certaines contraintes ont nécessité la mise en place d’un pipeline bien particulier. Outre la difficulté représentée par l’animation de personnages n’ayant à l’origine pas d’articulations, se posait la question du rendu des expressions faciales. Dessiner de vrais yeux faisait courir le risque d’une dénaturation, par rapport aux figurines de référence. Il fallait en outre garder l’aspect plastique du jouet. La solution retenue passe en fin de compte par un visage animé en 2D, plaqué ensuite sur la sphère 3D de la tête. Des étapes préparatoires qui ont nécessité un long travail de dessins en 2D, d’autant que certains personnages portent barbes et moustache. 270 expressions différentes ont été créées au total.

Le principe narratif de l’immersion de personnages réels dans l’univers des Playmobil a déterminé l’esthétique et la mise en scène du film. "On ne devait pas donner l’impression qu’on se penche au-dessus d’un monde de jouet, devant une maquette, mais qu’on est, au contraire, immergé dans cet univers souligne le responsable du design visuel, Rémi Salmon. Cela suppose un haut niveau de détail et de ne pas filmer en macro pour éviter une profondeur de champ très courte. Il faut au contraire augmenter les perspectives afin de repousser l’horizon le plus loin possible selon les scènes".

Le budget final est de 65 M$. "C’est très élevé pour un film européen indépendant, mais on se situe encore loin du niveau des Aardman et surtout des films des studios américains qui s’échelonnent entre 90 et 150 M$, souligne Aton Soumache. Néanmoins nous arrivons à un même niveau de qualité. Nous avons trouvé notre économie grâce à une ambition élevée et une très grosse sortie. Cela a permis de mutualiser les risques, puisque 70% des droits monde étaient vendus avant d’entrer en production". Son financement ayant été lancé à la fin du printemps 2015, Playmobil, le film sort en France le 7 août sous la bannière de Pathé, la majorité des autres sorties se déroulant ensuite au cours du même mois.

"Je suis un ardent défenseur de l’animation européenne. Et je pense que l’Europe devrait être encore plus décomplexée avec l’arrivée des nouvelles plateformes. Elles ont besoin de contenus et font confiance aux talents. Or nous pouvons faire aussi bien que les Américains. Illumination Mac Guff en est le meilleur exemple", conclut Aton Soumache.

Patrice Carré
© crédit photo : DR


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