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Cinéma

Congrès FNCF 2019 - Pascal Rogard : "L’offre très riche de films est un hommage à la salle"

Date de publication : 25/09/2019 - 08:10

Le FNCF a choisi pour son grand débat le thème de l’offre de films en salle, sous l’intitulé "L’inflation du nombre de films nuit-elle à leur diffusion ?" En avant-goût des échanges avec les intervenants, Pascal Rogard, qui modèrera le sujet, nous livre son premier ressenti.

Après une intervention de Benoît Danard, directeur des études, des statistiques et de la prospective au CNC pour recontextualiser le sujet en chiffres ainsi que celle d’un représentant du Syndicat de la librairie française, Laurent Layet (librairie Le Brouillon de Culture), Pascal Rogard, Dg de la SACD, animera ce grand débat qui réunira Christine Beauchemin-Flot, l’exploitante du Select à Antony, coprésidente du Scare ; la députée LREM Céline Calvez, vice-présidente de la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation ; Marie-Christine Désandré, présidente de Cineo ; Sidonie Dumas, la dirigeante de Gaumont et présidente de l’API ; Victor Hadida, le dirigeant de Metropolitan Films et président de la Fnef ; Marie Masmonteil, productrice d’Elzévir Films et présidente du SPI ; Étienne Ollagnier, dirigeant de Jour2Fête et coprésident du SDI ; et Yves Sutter, président de Cinéville et secrétaire général de la FNCF. Il sera conclu par Bruno Studer, député LREM et président de la commission des Affaires culturelles et de l'Éducation. 

Vous êtes de retour au Congrès des exploitants pour modérer un débat sur le thème "L'inflation du nombre de films nuit-elle à leur diffusion ?" Avant d’avoir entendu les participants, pour votre part, estimez-vous qu’il y a un problème de nombre de films, notamment français, dans les salles ?
D’abord, j’ai remarqué sur ce sujet que ceux qui disent qu’il y a trop de films, parmi les producteurs, distributeurs ou réalisateurs, trouvent toujours que ce ne sont pas les leurs mais ceux des autres.

Mais les exploitants expliquent qu’ils ne peuvent pas du coup les exposer au mieux….
Quand on dit que l’offre est trop riche, la difficulté est toujours de savoir quels films sont concernés. Il sera intéressant d’entendre le représentant des libraires que la FNCF a très bien fait d’inviter, car ils ont la même problématique d’exposition, de place dans leurs rayonnages.
Ensuite, si on estime qu’il y a trop de films, personne n’a jamais été capable de dire comment faire pour en produire moins. Certes, le seul qui avait réussi était le ministre du Cinéma à l’époque de l’ex-URSS, qui avait décrété le nombre de films qui devait être produits par an !
Après, on peut mener des réflexions sur des mesures qui divisent comme celle de permettre la sortie d’un film sur une plateforme sans perdre les financements liés à l’Agrément.

Votre opinion justement sur cette réflexion, qui n’a effectivement pas aboutie, de trouver un système d’Agrément pour des films allant directement sur les plateformes ?
Pour ma part, j’ai tendance à penser que tout le monde doit avoir sa chance en salle. Mais à partir du moment où il y a une prise de risques, car la salle est intrinsèquement une zone de risques.
En attendant de connaître les chiffres que présentera Benoît Danard (CNC), quand on observe l’augmentation du nombre de sorties, on voit qu’il y a eu une augmentation du nombre de documentaires en salle.
La salle reste, selon moi, un formidable lieu de reconnaissance. Et il me semble difficile de mener d’un côté une politique de protection des salles de cinéma et de l’autre de les réserver aux films "premium". Mais cette offre très riche, si elle pose des problèmes, est à mon avis un hommage à la salle. Car le jour où l’industrie privilégiera plus souvent une exploitation directement en ligne, comme l’a fait Netflix pour le film d’Alfonso Cuarón, Roma, ou pour celui de Martin Scorsese The Irishman, ce sera mauvais signe pour la salle.
Par ailleurs, des professionnels particulièrement malhabiles ont aussi dit à des parlementaires qu’il y avait trop de films en salle. Quand ils ont entendu ce type de discours, la réponse de certains députés a été de dire qu’il suffit qu’il y ait moins d’argent pour remédier au problème, et donc qu’il faut plafonner les recettes du CNC… Ce qui serait très dangereux pour la création et le monde du cinéma en général. Comme tout un pan du financement du cinéma dépend du soutien public et des obligations des chaînes privées et publiques, la discussion porte rapidement sur comment réduire le soutien. Il existe toujours des politiciens, à l’instar du ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin – qui vient d’annoncer la baisse de 1 € de la redevance en 2020 –, qui sont prêts à diminuer les financements de la création.

Comment répondre à cette question de l’offre de films du coup ?
On revient toujours à la même question exprimée encore récemment par Catherine Deneuve (Dans une interview donnée au "Monde" en avril dernier, elle trouvait qu’il y avait trop de films produits. Elle expliquait cela par le fait qu’outre la simplification des moyens techniques pour les tourner, il y avait moins d’exigence dans leur écriture, Ndlr) ou évoquée dans nombre de rapports, celle de la qualité des films, de la maturité des projets pour partir en production : comme le montant des aides ou de certains financements se débloquent au moment de la mise en production, un certain nombre de projets entrent en tournage alors qu’ils ne sont pas prêts à l’être.
Mais sur ce sujet aussi, je n’ai jamais entendu quelqu’un qui sache répondre à la question comment produire des bons films ? Il paraît que Staline aurait dit un jour que, parmi les films produits par l’ex-URSS l’année précédente, seulement 20 étaient bons, donc il ne fallait produire que ceux-là… Je doute que ce soit la bonne réponse.

Propos recueillis par Sarah Drouhaud
© crédit photo : Julien Liénard pour LFF


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