Cinéma

Annecy 2020 online - Eurozoom de retour avec trois longs métrages japonais en sélection

Date de publication : 18/06/2020 - 08:30

Avec deux titres en compétition officielle et un dans la nouvelle section Contrechamp, Eurozoom garde une nouvelle fois une forte empreinte au festival d’Annecy. Rencontre avec Amel Lacombe qui s'appuie cette année encore sur une offre japonaise variée.

Une nouvelle année de forte présence pour Eurozoom au festival d’Annecy avec trois titres mis avant. Tout d’abord avec 7 Days War de Yuta Murano et Lupin III The first de Takashi Yamazaki dans la compétition officielle. Et On-Gaku: Our Sound, de Kenji Iwaisawa, l’un des dix titres en lice de la section Contrechamp.

Depuis les cinq dernières années, vous avez eu au moins un titre en compétition ?
Amel Lacombe : C’est vrai. L’an dernier, j’en ai même eu quatre. Trois japonais, et un titre espagnol, Bunuel, qui avait eu le prix du Jury. Cette année trois dont un dans la nouvelle section. J’ai vraiment accéléré mon travail sur l’animation japonaise, la notoriété d’Eurozoom nous amenant plus de projets. C’est très agréable d’être mis en avant et accompagné comme cela par Annecy. C’est une reconnaissance de notre travail sur l’animation japonaise ou européenne. Quand il y a eu la crise de la Covid-19, Marcel Jean m’a demandé si je souhaitais travailler avec eux sur le maintien du festival, j’ai de suite dit oui. Il était très important pour nous d’être là aussi quand ce type de difficultés surgissent. Ce n’est parce que cette année le rendez-vous et les compétitions se passent online que c’est une sous sélection.

Vous n’avez pourtant pas souhaité montrer vos films online, pourquoi ?
J’ai été très claire dès le début. Et j’ai fait cela en accord avec le festival. Tout d’abord, de mon point de vue, l’accréditation payante qui donne accès à des films numériquement s’apparente à de la SVàD. Comme je suis distributrice cinéma avant tout et que je respecte la chronologie des médias, il était hors de question pour nous de commencer par cette fenêtre. Le deuxième point, c’est que les japonais ne souhaitaient pas que leurs films soient découverts ainsi. Il y a même des considérations plus économiques. Un film comme On-Gaku: Our Sound, dans la compétition Contrechamp, qui suscite déjà de très bons retours critiques, est un ovni total. Nous le montrons le film à la presse et au jury. Mais sur la plateforme, on trouve des extraits et des bonus. Sur ce genre de proposition, si 20 000 accrédités le voient on line, on peut presque dire que c’est sa carrière entière. Cela pose alors un problème de réalité économique.

Vos trois films sont déjà datés ?
A l’origine, les trois l’étaient. Mais vu les incertitudes de la Covid, je n’en ai à ce jour maintenant qu’un seul, Lupin III The first qui sortira le 16 décembre. Ce long-métrage d’animation est tirée de cette série légendaire créée il y a 50 ans par Monkey Punch, mort l’an dernier et une autorité dans l’univers du manga. Les aventures rocambolesques de Lupin, en fait le descendant de Arsène avec sa gouaille et son intelligence, et sa bande dépeintes par Monkey Punch ont tout de suite connu un grand succès en manga avant d’être adaptées à la télévision : d’abord en 1971 (une des premières séries animées adultes diffusées au Japon), puis en 1977 (diffusée en France de manière hiératique sous le nom d’Edgar, détective cambrioleur). La série fit ensuite ses débuts au cinéma en 1978 avec le film Le Secret de Mamo, puis en 1979 avec le premier long-métrage de Hayao Miyazaki, Le château de Cagliostro. Lupin III est un événement car il est en 3D et d’une qualité exceptionnelle. Il se passe en France, en partie à Paris. Il s’adresse aussi bien aux fans adultes et jeunes adultes. Et qui il séduire aussi le grand public. Ce sera une sortie importante pour nous.

Vous qui suivez de prêt l’actualité de l’animation japonaise, que savez-vous de sa situation face à la crise sanitaire ?
Au Japon, tous les studios ont arrêtés début avril. L’animation japonaise souffre de pleins problèmes, entre autre de justes revendications des employés qui sont surexploités. Un sujet longtemps tabou, mais qui a fait il y un an l’objet d’un premier procès et libéré la parole. La situation du secteur est complexe. Il y a des franchises et des marques qui sont suffisamment connues pour être vendues à prix d’or à des studios américains pour faire des remakes, comme par exemple Akira. Mais de l’autre côté, le financement d’une partie de la production est compliquée car le secteur n’est pas ouvert aux coproductions internationales. Mais je ne pense pas que la situation actuelle mette en péril tout le secteur, qui a un poids primordial, notamment en termes d’exportation. Le danger est celui du piratage. Si les japonais sont respectueux de la l’ordre, partout ailleurs, il atteint des niveaux hallucinants qui les pénalise de plus en plus. Et le Japon en parle aujourd’hui ouvertement alors qu’auparavant, il ne communiquait pas du tout là-dessus.

Vous qui suivez beaucoup l’actualité internationale de l’animation et aimez jouer les têtes chercheuses, quels sont les territoires que vous suivez aujourd’hui particulièrement ?
Nous avons déjà travaillé avec l’Amérique du Sud. Et il reste un continent très créatif, avec beaucoup de fourmillement. Mais il a malheureusement souvent une fausse appréciation du marché et demande des MG trop importants et les titres ne se vendent pas. C’est pour cela que je n’y ai pas fait beaucoup de transactions. Je suis très intéressée par l’animation africaine car il y a beaucoup d’histoires à raconter et qu’ils méritent de longs métrages. J’aimerais un jour découvrir le Kirikou africain. Mais à ce jour, je n’ai pas vu encore de productions suffisamment armées pour le marché français. A Annecy, il y a beaucoup de projets africains que nous allons suivre.

Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : Eurozoom


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