Télévision

"Askip - le collège se la raconte" : rencontre avec Benoît Massoco, créateur et co-réalisateur, de la première fiction originale de Okoo

Date de publication : 17/04/2020 - 12:35

Construit sur le principe d’un faux documentaire, mais véritable fiction, Askip - le collège se la raconte, celle-ci à l’ambition d’être un regard inédit sur une tranche d’âge à part, entre enfance et adolescence. Depuis le 11 avril, la nouvelle plateforme jeunesse de France Télévisions, Okoo, a mis en ligne les 20 premiers épisodes de la saison 1 prévue sur un 40x13’. Créée par Benoît Masocco (qui co-réalise avec Gwendoline Rothkegel et Thomas Jaurand), celui-ci revient sur la genèse et la production de cette création originale.

Avez-vous répondu à un appel à projets de France Télévisions pour imaginer Askip ?
Non, mais cela faisait longtemps que nous parlions avec la chaîne et nous savions qu’elle cherchait des programmes pour cette cible. Et à l’époque, Okoo n’existait pas. Le projet de Askip a été proposé à différents diffuseurs, chaînes et plateformes. Mais c’est France Télévisions qui s’est montré le plus enthousiaste.

La série est destinée aux pré-ados. Or la notion d’ado et de pré-ado peut être assez floue ?
Notre cœur de cible sur Okoo sont les 9 à 12 ans, mais nous constatons que nous touchons un public bien plus large ! Une chose est sûre, un pré-ado c’est un âge particulier, un sas entre l’enfance et l’adolescence. France Télévisions a adhéré de suite sur le projet car ils avaient de l’animation et des programmes pour les plus jeunes, et de la fiction pour les ados et jeunes adultes sur Slash.tv par exemple. Mais pas d’offre entre ces deux cibles. C’est un âge particulier où les enfants sont plus autonomes, mais démunis face à un corps qui change, une voix qui mue…Nous nous sommes dit qu’il y avait de la place pour des jeunes qui n’étaient pas rassasiés par les contenus des plateformes. Qui propose pour les ados de la comédie et du fantastique, mais peu de séries avec un fond sociétal. Nous avons essayé d’offrir un divertissement intelligent, en étant moderne, dynamique et le plus drôle possible. Et qui puisse aussi être regardé par des plus vieux.

Il y a quelques années, M6 a proposé Terminale qui était porté par un documentariste, Stéphane Meunier. La série ado, Age sensible, de France 2 venait de chez Capa, à l’ADN documentaire. Et vous-même venez du documentaire ?
Il peut y avoir une frustration chez les documentaristes. Celle de parfois ne pas pouvoir tout montrer. Nous avons essayé plusieurs fois chez Capa de faire des documentaires au long cours sur un collège et c’est extrêmement compliqué. Il y a chez Capa cette tradition, qui a infusé la série, de pouvoir mixer fiction et documentaire. La véracité dans l’écriture de la série était capitale. Nous avons fait venir par exemple un pion pour nous éclairer sur les us et coutumes des collèges, recueilli beaucoup de témoignages, d’informations et d’anecdotes. Pourtant Askip n’est pas un documentaire fictionné, mas bien une totale fiction. Je suis un grand fan de séries comme The office ou Modern Family, qui sont des sortes de « mockumentaires ». Genre qui se fait assez peu en France. En jouant sur ces codes-là, sur la thématique ado, cela donne une vraie saveur et la possibilité de toucher la cible un peu différemment.

Askip est tourné à Sète. Est-ce par choix pour être aux côtés d’autres productions du groupe Newen, comme le feuilleton DNA ou la série Candice Renoir ?
C’est un pur hasard ! Il y a une vraie volonté de la chaîne de tourner dans le Sud pour ne pas être parisiano/parisien et profiter de cette lumière unique car nous savions que nous ne pourrions pas tourner qu’en période estivale. Nous avions aussi la contrainte de tourner avec des adolescents scolarisés qui étaient
disponibles uniquement pendant les vacances. Il fallait donc que nous trouvions une académie dont les vacances correspondent à celles de Paris. Nous pouvions tourner à Montpelier ou Toulouse. Pour des questions de proximité, nous avons retenu cinq établissements dans la région de Montpellier et nous avons choisi Sète. Ce qui est drôle, c’est que certains figurants avaient déjà travaillé sur DNA, Candice Renoir ouUn si grand soleil.

Comment avez-vous travaillé sur l’écriture de la série ?
J’ai créé la série, écrit la bible, les personnages et les grandes lignes d’intrigues de Askip. Il y a eu ensuite un premier atelier d’écriture avec un directeur de collection formidable, Louis Aubert, et six auteurs, des scénaristes pour la plupart assez jeunes, en âge et en expérience, qui sortaient tous du CEEA, où j’avais fait une formation quelques années plus tôt. Nous nous sommes dit que plutôt d’aller puiser dans le vivier d’auteurs expérimentés, nous devions plutôt travailler avec des plumes plus jeunes, plus ouvertes car nous savions que nous avions une économie, un genre à part. Nous avons choisi trois intrigues croisées par épisode. Avec un l’humour qui ne prend pas les gamins pour des idiots. C’était vraiment un choix partagé entre la chaîne et nous.

Comment avez-vous travaillé avec les jeunes comédiens, car la série est très fluide. Et il y a une vraie alchimie dans cette troupe ?
Nous avons travaillé avec une directrice de casting qui connaît bien les adolescents. Il y a eu du casting sauvage, mas aussi des acteurs plus expérimentés comme celui qui interprète Clément et qui avait déjà joué dans DNA. Nous avons essayé ensuite des combinaisons d’acteurs pour voir s’il y avait en effet une vraie alchimie, car il était essentiel qu’il y ait une unité de jeu entre eux et une réelle complicité.

Vous avez tourné vingt épisodes à ce jour. Quid d’une suite ?
Oui, à raison d’un épisode par jour et par équipe soit vingt épisodes en dix jours ! Vingt autres épisodes vont être tournés dès que la fin du confinement le permettra… Nous envisageons une saison 2 mais rien n’est acté. 

Comment allez-vous gérer le fait que vos comédiens vont vieillir. Et qu’ils n’auront plus forcément l’âge de leurs rôles ?
Nous n’allons pas "vieillir" la série avec les comédiens. Car nous rentrerions dans l’univers de Skam. Et ce n’est pas celui de Askip. En revanche, nous allons introduire des personnages neufs dans les différentes futures sessions de tournage.

Avez-vous l’idée de faire des épisodes spéciaux, plus longs ?
Tout est possible. La série, dès sa mise en ligne, a été bingée. Nous nous disons donc qu’il y a des possibilités d’intrigues plus longues.

Francois-Pier Pelinard-Lambert

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