Cinéma

Annecy 2015 - Quand les animateurs interviennent de plus en plus dans les films live

Date de publication : 18/06/2015 - 08:00

Les deux conférences "Organisation de production/création" du mercredi 17 juin à la Chambre des métiers ont attiré un nombreux public composé majoritairement d'étudiants venus entendre les superviseurs d'animation Paul Chung (The Moving Picture Company) et Eric Reynolds (Weta Digital) parler de l'évolution des VFX.

Fort de ses 34 ans d'expérience, Paul Chung a ouvert le bal en insistant sur le fait que les métiers liés à l'animation avaient énormément évolué, notamment depuis les années 2000. Avant de rejoindre MPC à Londres puis sa filiale de Bangalore, il a notamment travaillé pour DreamWorks, œuvrant notamment sur Shrek, Madagascar ou encore Megamind avant de partir chez MPC, à Londres puis Bangalore, y superviser les effets de films tels que Les gardiens de la galaxie ou Exodus. "Il a existé pendant longtemps deux grandes disciplines dans l'animation mais elles tendent de plus en plus à converger. On distinguait la création des créatures plus ou moins fantastiques, comme celles des Dragons de DreamWorks, de celle des personnages. Mais à présent, quel que soit le studio pour lequel on travaille, les personnages de chaque film, humains ou non, sont traités d'une façon de plus en plus pointue, dotés de caractéristiques physiques ou émotionnelles qui leur sont propres et qu'il faut traduire en animation. C'est un défi permanent. Il faut donc pouvoir être totalement polyvalent". En gardant à l'esprit que les animateurs peuvent devoir intervenir sur des films d'animation comme sur des films live où des connaissances spécifiques sont alors nécessaires.

Images à l'appui, Paul Chung a notamment appuyé sa démonstration sur Exodus. Bien que le film de Ridley Scott soit considéré comme du live, sa réalisation a fait appel en grande partie à des techniques de pure animation. Les différentes armées ont ainsi été totalement fabriquées à partir de motion capture de cavaliers, intégrées ensuite dans des décors passés à la palette graphique. Très peu ont été filmés en images réelles. Quant à la traversée de la mer Rouge, tournée sur des plages des îles Canaries, elle a nécessité la combinaison de multiples effets animés, la vague géante qui balaie l'armée de Ramsès étant créée par un logiciel spécialement dédié. MPC est en effet le seul studio possédant une licence Flowline, logiciel de simulation de fluides ayant notamment fait ses preuves sur L'odyssée de Pi.

Le propre de l'animateur est donc à présent de savoir manier la gamme d'outils la plus complète possible. Pas question pour autant d'entrer dans le débat Mocap contre Keyframe. Les deux techniques se complètent totalement. Eric Reynolds a commencé à travailler chez Weta Digital sur King Kong, puis Avatar, La planète des singes et la trilogie du Hobbit dont il a d'ailleurs dévoilé des images toujours inédites. Sur King Kong, les animateurs ont travaillé essentiellement en Keyframe, après une longue période d'observation d'images de déplacements de grands singes dans la nature. Pas question de tenter d'équiper un gorille des montagnes avec des capteurs valant plusieurs milliers de dollars pièce. Mais même utilisées comme technique de base sur des films comme Avatar, la motion capture et la performance capture nécessitent ensuite un travail de finalisation. "Quel que soit le système que vous utilisez, il manque toujours à l'arrivée un affinement, une précision dans les expressions. 80% à 90% de votre animation est déjà faite, mais les 20% ou 10% restant sont toujours particulièrement longs et complexes à faire. Ils sont pourtant indispensables si vous voulez avoir un résultat qui soit vraiment réaliste", souligne Eric Reynolds. "L'animateur d'aujourd'hui doit être un maniaque du détail. Pour La planète des singes, nous avons filmé des yeux d'acteurs en gros plans, afin d'étudier notamment comment les liquides, par exemple comme des larmes, pouvaient s'y déplacer." 

Patrice Carre
© crédit photo : © 20th Century Fox Film Corporation


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