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Cinéma

Annecy 2016 - L'animation, la filière d'excellence française poursuit son essor

Date de publication : 14/06/2016 - 08:30

Avant l’ouverture du Festival d’Annecy qui met cette année la France à l'honneur, le CNC a présenté son étude 2015 du marché de l’animation française. Une filière marquée, après la réforme du Cosip Animation et le renforcement des crédits d’impôt, par la relocalisation de la fabrication. 

"Je me réjouis qu’à l’occasion du Festival d’Annecy, la France soit mise cette année à l’honneur. Ce secteur extrêmement dynamique, concurrentiel au niveau international et créateur d’emplois sur le territoire, est le fruit d’une politique publique menée depuis 30 ans. L’animation française est une filière exemplaire qui inspire tous les autres secteurs", a résumé Frédérique Bredin, présidente du CNC, à l’occasion de la présentation de l'étude annuelle sur Le marché de l’animation (accessible ici, avec aussi les chiffres clés de l'animation) publiée cette année en amont du Festival d’Annecy, où le CNC organise trois tables rondes "pour penser l'animation"

Un secteur créateur d'emplois

Et la réforme du Cosip Animation pour la production audiovisuelle, entrée en vigueur début 2016, ainsi que le renforcement du crédit d‘impôt cinéma et audiovisuel et du crédit d‘impôt international, également applicable depuis le 1er janvier, donnent encore de nouvelles perspectives à cette filière. Ces dernières mesures fiscales, comme nous en avons déjà parlé, produit déjà un impact avec six nouveaux studios en cours d’ouverture entre Paris, Angoulême, Lyon et Valence, qui vont donc encore dynamiser ce secteur en pleine expansion en termes d’emplois. La filière animation en compte déjà plus de 5 300, en hausse de 26% en dix ans, formé dans les écoles françaises de renommée internationale comme Les Gobelins ou l'école de La Poudrière pour ne citer qu'elles. 80% des emplois sont des intermittents. Ces nouveaux studios vont aussi accroître sensiblement la relocalisation des dépenses. Mais déjà, depuis dix ans, l’étude du CNC a prouvé le rôle du crédit d‘impôt dans la production audiovisuelle. Il y a dix ans, plus de 30% des dépenses de production de la filière étaient réalisées à l’étranger contre seulement 20% en 2015.
Du côté des films étrangers qui recourent au crédit d’impôt international, les effets se font aussi déjà sensiblement sentir. 80 M€ de dépenses de crédits d’impôt international sont escomptées en 2016 en ce début juin, contre 20 M€ sur l’ensemble de l’année l’an passé, avec plusieurs films en cours chez Mac Guff Illumination.

"La réforme du Cosip animation en audiovisuel aura aussi des effets sur la production de cinéma d’animation", par l’effet vertueux qu’elle va entraîner sur la filière, a expliqué Valérie Bourgoin, directrice adjointe de l'audiovisuel au CNC.

Après la mise en œuvre de ces réformes précitées, le CNC engagera d’ici la fin de l’année, comme déjà annoncé, une réforme du soutien à l’exportation qui touchera aussi bien sûr l’animation, genre de prédilection pour l’export.

À l’export, un record pour le cinéma d’animation français en 2015

Sur ce marché, le cinéma français a enregistré une année record en 2015, porté en particulier par le succès du Petit Prince, 18 millions d’entrées (comprenant les entrées de 2016) en attendant d’autres territoires à venir. En 2015, huit films d’animation hexagonaux inédits sont sortis en salle à l’international et 38 films sont exploités dans les salles étrangères. Les longs métrages d'animation français réalisent 21,2 millions d'entrées à l’étranger en 2015, un record et 5,7 fois plus qu’en 2014, selon les données d'UniFrance. Dans une moindre mesure, l’autre locomotive a été Astérix : le domaine des dieux, avec 3,1 millions d’entrées. Sur la période 2006-2015, les films d'animation tricolores cumulent 51,2 % de leurs entrées à l'étranger. 15 films français d’animation ont franchi le seuil du million d’entrées réalisées à l’étranger sur la décennie.

À l’export, les programmes audiovisuels restent le genre le plus vendu, à 45 M€ en 2015, en attendant de connaître les chiffres 2015, et représentent 30% du total des ventes des programmes télé. Les principaux territoires d’exportation audiovisuelle d’animation sont l’Europe de l’Ouest (à 59,6%), l’Asie-Océanie (44,2%), l’Amérique du Nord (12,8%) et l’Europe centrale et orientale (5,1%). Les préfinancements étrangers des programmes audiovisuels d’animation diminuent de 4,4%, à 43,7 M€ en 2015.

Production cinéma : l’effet report du crédit d’impôt

Ce dynamisme tranche avec le nombre de longs métrages agréés en 2015, seulement trois (Sahara, Louise en Hiver, Dofus), pour 21,8 M€ de devis. Un niveau bien inférieur aux années précédentes (9 en 2014, 6 en 2013, 12 en 2012) que le CNC explique par l’anticipation par les producteurs de la réforme du crédit d’impôt, ayant conduit à un report des procédures d'agrément. Le devis moyen reste plus élevé que la moyenne générale, à 7,3 M€, et est couvert par des apports étrangers plus importants aussi que le live action, à 29,7%. Au cours de cette présentation, le CNC a également noté l'attention aujourd'hui qu'il y avait à la présence de représentants de la filière animation à l'Avance sur recettes. L'aide sélective a notamment bénéficié à Ma vie de Courgette (photo), avant sa réalisation, alors que La tortue rouge a reçu l'Avance après réalisation. 

En salle, l’offre de films, toutes nationalités confondues, est restée élevée avec 34 films inédits (29 en 2014) dont 14 étaient disponibles en 3D. L’animation a généré, toujours en moyenne, davantage d’entrées par film que les autres genres : 29,4% des films inédits d’animation ont réalisé plus d’un million d’entrées, contre 6,6% de l’ensemble des films inédits. L’animation représentent 5,2% des inédits sortis en 2015. Ils génèrent 16,4% des entrées de l’ensemble de ces films et 14,8% des recettes.

Les films d’animation ont continué de bénéficier à la fois d’importants frais d’édition et de larges combinaisons de sortie. La part des films d’animation inédits sortis en salle en 2015 et ayant fait l’objet d’une campagne publicitaire sur au moins un des cinq grands médias s’élève à 92,2% (77,8% tous genres confondus), souligne le CNC. En moyenne, l’investissement publicitaire brut tarifé d’un film d’animation s’élève à 2,5 M€ en 2015, contre 1,1 M€ tous genres confondus. En 2015, un film d’animation inédit est distribué en moyenne dans 338 établissements en première semaine, contre 136 établissements tous genres confondus.

L’an passé, la fréquentation des films inédits d’animation a augmenté de 27,7%, à 29,8 millions d’entrées. L’offre de films français s’est élevée à 11 titres, et a enregistré une fréquentation en hausse de 10,9%, à 5,6 millions de spectateurs. La PDM des films français atteint 18,8%, celle des films américains 70,7%. La bonne performance du cinéma tricolore animé est portée par deux titres à très gros budget, Pourquoi j’ai (pas) mangé mon père (2,4 millions d’entrées) et Le Petit Prince (1,9 million), malgré des performances sur leur marché domestique inférieures aux prévisions. Mais elle a été largement compensée dans le cas du Petit Prince par son parcours à l’étranger comme déjà noté. La progression des entrées des films d’animation s’accompagne d’une augmentation des recettes (+30,9%), à 177,9 M€. La recette moyenne par entrée TTC progresse de 2,5%, à 5,98 € (5,85 € TTC pour les films d’animation français et 6,07 € pour les films d’animation américains).

La production de programmes audiovisuels d’animation progresse

En 2015, la production de programmes audiovisuels d’animation a progressé de 9,7%, à 285 heures, pour un devis total de 180,8 M€ (+1,5%). Son coût horaire a diminué de 7,5%, à 633,7 K€. Le volume annuel moyen de production d’animation s'est établit à 316 heures au cours des dix dernières années (2006-2015). L’apport du CNC est en progression de 11,2%, à 37,1 M€, et couvre 20,5% des devis. Les apports étrangers diminuent de 4,4% et représentent 24,1% du financement des programmes d’animation.
Sur les antennes de télévision, l’animation française représente 45% du volume horaire total, une exception en Europe, alors que l’animation américaine en représente seulement 32,6%, et l’animation européenne extranationale 10%. Le genre constitue 6,5% de l’offre totale des chaînes.
En 2015, le volume d’animation diffusé sur les chaînes nationales s’est établi à 13 925 heures dont 13 468 heures d’animation audiovisuelle et 456 heures de films d’animation. 75,3% de l’offre est diffusée sur les chaînes TNT-TNT HD, contre 24,7% sur les chaînes historiques. En 2015, 45,8% de l’offre d’animation sur les chaînes nationales est diffusée en période de vacances solaires et 41,7% avant 8h30, le prime-time du genre.

Un des faits marquants de cette étude, est l’explosion en 2015 de l’offre de programmes d’animation en télévision de rattrapage sur internet des chaînes nationales gratuites, qui s’établit à 683 heures par mois. L’animation représente 4% de l’offre de programmes mise à disposition en TVR sur internet. Les principales offres sont proposées par France 4, Gulli et France 3. La consommation de programmes d’animation en TVR double, passant de 0,6 milliard en 2014 à 1,2 milliard en 2015. Les programmes jeunesse enregistrent la plus forte croissance du nombre de vidéos vues en ligne (+92,2% par rapport à 2014).

À noter que les chaînes recourent en général beaucoup à la rediffusion des mêmes films d'animation. Ainsi, 50,8% des films d'animation diffusés en 2015 l'avaient déjà été en 2014. Et parmi ces films, c'est l'inoxydable Astérix et ses différentes aventures en images animées qui occupe sept des huit premières places du classement des films les plus rediffusés, la dernière place étant occupée par celui qui a renouvelé le genre en France, Kirikou et les bêtes sauvages

"Astérix : le domaine des dieux", seul succès dans un marché vidéo en déclin

Dans un contexte de baisse générale des ventes (-12,2% pour les films cinématographiques par rapport à 2014), les recettes des films d’animation diminuent de 21,0%, à 75,6 M€. Seule embellie, les films français d’animation voient leurs recettes doublées en 2015, à 9,3 M€, grâce encore à Astérix, pour Astérix : le domaine des dieux.

Sarah Drouhaud
© crédit photo : Rita Gébéka Blue Spirit


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