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Cinéma

Congrès FNCF 2017 – Richard Patry : "Depuis 20 ans, seule la salle a contribué à la modernisation de la chronologie"

Date de publication : 26/09/2017 - 08:45

À l’occasion de l’ouverture du 72e Congrès de la FNCF, son président revient sur plusieurs sujets chauds de l’actualité de l’exploitation hexagonale, en évoquant la chronologie des médias, le possible non remplacement des VPF, la réforme art et essai ou encore le cas Netflix.

Fin juillet, la Commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat a dévoilé son rapport d’information autour des "enjeux d’une nouvelle chronologie des médias". Outre la lutte contre le piratage, elle y propose notamment l’ouverture de la publicité pour le cinéma à la télévision, l’adaptation des fenêtres glissantes en fonction des résultats des œuvres lors des premières semaines d’exploitation, l’avancement de la fenêtre VàD à trois mois et son dégel durant les fenêtres de télévision, la diffusion de dix à six mois de la pay-tv ou encore une fenêtre plus favorable pour les plateformes de VàD par abonnement. Quel regard portez-vous ce rapport ?
Nous avons participé avec les autres organisations professionnelles à ces auditions, mais nous sommes déçus par ses conclusions, qui laissent la part belle aux arguments des chaînes TV, auxquels la plupart des organisations professionnelles sont opposées. Il est inacceptable que l’on recommande encore une fois la diminution de la fenêtre d’exclusivité de la salle alors que celle-ci, et seulement celle-ci, a été divisée par trois depuis 2000. Depuis près de 20 ans, seule la salle a contribué à la modernisation de la chronologie des médias, là où tous les autres diffuseurs en ont bénéficié ! Aujourd’hui, la problématique concerne bien plus la relation entre les télévisions et la SVàD que la salle. Il faut désormais que chacun prenne ses responsabilités. Les salles l’ont fait, pour leur part, à de nombreuses reprises et ont été les seules à le faire. Si la chronologie des médias donne plus de droits au diffuseur qui contribue le plus, alors il faut bien préserver la fenêtre d’exclusivité de la salle, car c’est elle qui aujourd’hui contribue le plus à l’économie de notre filière.

Début août, le ministère de la Culture a publié le rapport de l'IGF et de l'IGAC relatif au Financement de la projection numérique en salle de cinéma. Comment accueillez-vous leurs préconisations, parmi lesquelles figure le non remplacement des VPF ?
Je tiens, d’une part, à noter le sérieux du travail de la mission sur le constat de la situation actuelle. Toutefois, si ce constat est nécessaire et intéressant, notre souhait est d’avoir une vision prospective qui manque, à notre avis, à ce rapport. Il s’agit d’une étude sur une phase conjoncturelle, la transition numérique, et non une anticipation des évolutions structurelles de notre métier. En effet, le constat selon lequel le dispositif des VPF n’a pas fragilisé l’équilibre économique des salles de cinéma nous paraît évident : c’était le rôle des VPF ! Notre problématique est que, demain, il n’y en aura plus, et qu’au moment du renouvellement du matériel, nous aurons une envolée de l’endettement des salles et un épuisement du compte de soutien. Les rapporteurs l’évoquent à mots couverts, mais n’en tirent pas les conclusions nécessaires. Il en va de la responsabilité des pouvoirs publics d’anticiper les évolutions à venir en termes d’équilibre économique et de régulation, et pas d’attendre que les dommages arrivent pour réagir. Quant à la régulation des copies, l’analyse nous semble à la fois parcellaire et inexacte, renvoyant à demain des solutions pour des situations qui, à notre avis, ne manqueront pas d’arriver. Pourtant, les raisons d’une dérégulation prévisible des plans de sorties sont soulignées, notamment l’augmentation du nombre de films. Pour résumer, nous avons l’impression que le rapport fait un constat du passé, mais ne permet pas de préparer l’avenir, sur un dossier fondamental pour nous.

Qu’attendez-vous du premier bilan des accords du 13 mai 2016, annoncé en mai dernier par le CNC pour cet automne ?
Nous en attendons d’abord la présentation ! Plus sérieusement, notre préoccupation concerne la diffusion des films art et essai porteurs en profondeur sur le territoire, et nous espérons que cette diffusion s’est améliorée depuis le 1er janvier. Par ailleurs, même si un bilan est toujours bon, nous n’aurons pas des chiffres sur une année complète d’application des nouveaux dispositifs, qu’ils concernent les exploitants ou les distributeurs.

La réforme de l’art et essai a ponctué la première moitié de 2017, entre satisfaction, compréhension partielle et inquiétudes, notamment de la moyenne exploitation. Quels sont les retours de vos adhérents ?
Cette réforme est maintenant progressivement mise en œuvre. Il faut que chacun puisse évaluer son impact réel sur sa situation individuelle. La notice du CNC est maintenant en ligne. Il est important de pouvoir confronter la réalité de l’activité de chaque salle aux indicateurs et seuils qui ont été clarifiés. Par ailleurs, concernant les montants individuels attribués en 2017, il faudra attendre le versement des compléments liés aux labels et à la diffusion des films fragiles, qui devrait intervenir en novembre. Et puis, un certain nombre de mesures sont à venir. Il s’agit d’une réforme complexe, qui a pu créer des incompréhensions ou insatisfactions. Nous espérons que sa mise en œuvre permettra de rassurer tout le monde.

En avril, la sélection de deux "films Netflix" en compétition officielle à Cannes avait déclenché l’ire de nombreux professionnels, FNCF en tête. Ce type d’acteur dématérialisé, tout comme Amazon, fait pourtant dorénavant partie du paysage cinématographique. Comment voyez-vous leur place et leurs relations avec les autres professionnels évoluer au sein du secteur ?
Ces acteurs sont plus diversifiés que votre question ne le laisse supposer. Certains souhaitent s’insérer dans l’organisation économique du secteur, et avec succès d’ailleurs. C’est par exemple le cas d’Amazon. D’autres souhaitent bénéficier d’un certain nombre de contreparties – je pense à Altice –, mais refusent à ce jour le dialogue direct avec les professionnels. Il faut qu’ils acceptent le cadre réglementaire général de notre pays. Dans ce cadre, leur spécificité pourra probablement être prise en compte, en tout cas pour les plus vertueux d’entre eux. Enfin, d’autres diffuseurs comme Netflix se placent ouvertement et officiellement en dehors de notre réglementation et des pratiques partagées, souhaitant même remplacer l’ensemble des diffuseurs du film, que ce soit la salle de cinéma ou les chaînes TV. Nous ne pouvons accepter un tel préalable de leur part.

Propos recueillis par Kevin Bertrand et Sylvain Devarieux
© crédit photo : Mano/Le Film français


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