Cinéma

Congrès FNCF 2017 – Laura Houlgatte Abbott : "Pour les jeunes, le cinéma reste une expérience unique"

Date de publication : 27/09/2017 - 08:25

En 2015, l’Unic a mené une étude sur les publics adolescents en Allemagne, étendue ensuite à l’Espagne et la Grande-Bretagne avec le cabinet GfK et Coca-Cola. En complément à notre enquête "Le défi jeune" parue le vendredi 22 septembre (cf. Lff n°3768), entretien avec la CEO de l’Unic, qui participe ce matin à la table ronde du Congrès.

Que manque-t-il au cinéma pour devenir le premier choix de divertissement des jeunes ?
Ce n’est pas qu’il lui manque quoi que ce soit de fondamental. C’est juste qu’il entre aujourd’hui en concurrence avec un nombre illimité d’activités. Mais cela dépend des classes d’âge. Les 18-25 ans, par exemple, ont beaucoup de mal à se déplacer au cinéma, cela demande un effort qu’ils ont du mal à fournir, alors que beaucoup de leurs hobbies sont accessibles à domicile. Les autres âges ne l’envisagent pas de la même manière.
Plus largement, toutes les générations sondées dans notre étude témoignent avoir de moins en moins de temps libre. Les activités qui arrivent en tête de leurs priorités sont les médias sociaux, les vidéos en ligne, sur YouTube surtout, la musique en streaming, regarder des contenus à maison, lire et jouer aux jeux vidéo.

Pensez-vous ces constats liés aux priorités dans les loisirs applicables à la France ?
C’est la grande inconnue. Il ressort toutefois que les résultats en Espagne et en Grande-Bretagne sont assez similaires. Est-ce applicable à la France ? Pas nécessairement, mais cela fournit quand même un portrait global des jeunes audiences assez intéressant. À l’échelle européenne, les intérêts vont aussi varier selon les territoires. On remarquera des différences par rapport aux préférences de contenus et de formats, comme la 3D, considérée comme très attractive pour le cinéma dans les territoires européens les plus orientaux. Mais si d’autres pays souhaitent se livrer à une enquête équivalente, nous sommes tout à fait prêts à les soutenir. 

Quels conseils donner aux exploitants pour attirer ou fidéliser les publics jeunes ?
Il faut prendre en considération les différences d’âge. Qu’ils aient 12-14 ans, 15-17 ans ou 18-25 ans, leurs besoins n’ont pas le même ordre de priorité. Nos travaux nous ont permis toutefois de relever au moins quatre besoins fondamentaux communs à tous : l’évasion, le bien-être, l’expérience enrichissante et enfin la dimension sociale, reposant sur le besoin de partager l’expérience et de la prolonger au-delà de la séance. Des notions-clés sur lesquelles les cinémas peuvent s’appuyer pour s’adresser aux jeunes.

L’hyperconnectivité de ces publics est-elle un problème ou une solution ?
Ils fréquentent les réseaux et partagent l’expérience autour de tel film dans tel cinéma. Mais mêmes s’ils sont hyperconnectés, beaucoup apprécient d’être dans un endroit où l’on n’est pas connecté, un lieu un peu sacré dans lequel le mobile n’a pas sa place. Contrairement à nos présomptions, la déconnexion pendant un temps prolongé ne les dérange pas. Au cinéma, ils peuvent "être coupés du monde sans être jugés", comme témoignait un sondé. C’est intéressant de constater qu’une génération aussi connectée apprécie cette pause de plusieurs heures.

Avec ces générations friandes de contenus courts et limitée en termes d’attention, ne doit-on pas craindre pour le cinéma, qui repose sur des œuvres longues ?
Non. Les jeunes vont voir des films de longue durée et ne quittent pas la salle pendant la séance. Cela dit, nos sondés ont mis en exergue le souhaite de voir des formats différents au cinéma. D’y apprécier toute une diversité de contenus, en citant des séries, du sport ou du e-sport. Ils y ont certes déjà accès ailleurs, mais ils expriment l’intérêt de les apprécier sur un très grand écran.

Quelle autre particularité vous a marquée concernant ces publics ?
Alors qu’on avait prédit la mort du cinéma avec ces générations, il apparaît en fait immensément apprécié par elles. Le cinéma est vu comme une expérience qui en vaut la peine. Autre fait marquant : le prix n’est pas déterminant pour se rendre ou non au cinéma. Il est même considéré comme justifié par certains. Cela prouve que le cinéma reste une expérience unique en soi, extraordinaire au sens propre, à concrétiser. La magie du grand écran fonctionne toujours.

Propos recueillis par Sylvain Devarieux
© crédit photo : DR


L’accès à cet article est réservé aux abonnés.

Vous avez déjà un compte


Accès 24 heures

Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici


Recevez nos alertes email gratuites

s'inscrire