Cinéma

Lumière MIFC 2017 - Le film fétiche de Nicolas Winding Refn, sauvé par une restauration de haut vol

Date de publication : 17/10/2017 - 08:30

Présenté par le cinéaste hier soir à Lumière, Night Tide, premier long métrage de Curtis Harrington, était réputé impossible à restaurer son négatif, totalement déformé, étant atteint du syndrome du vinaigre à son stade le plus avancé. Un travail en fin de compte effectué par Hiventy.

Tourné en 1961, avec un budget de 25 000 $, Night Tide est le premier long métrage de Curtis Harrington. Celui-ci, qui a réalisé son premier court métrage à l'âge de 14 ans, s'est acquis une certaine réputation dans les milieux avant-gardistes et expérimentaux. Opérant une rupture avec son travail précédent, Curtis Harrington offre à Dennis Hopper son premier grand rôle, qui s'avère être un contre-emploi total de jeune premier. Ce dernier incarne un jeune marin solitaire tombant amoureux d'une femme mystérieuse. Il va peu à peu se persuader qu'elle est une sirène issue des profondeurs de l'océan. Une œuvre à la fois fantastique et poétique, présentée à la Mostra de Venise en 1961, dont le réalisateur est par la suite tombé dans l'oubli, mais qui a marqué de nombreux spectateurs. Parmi eux, Nicolas Winding Refn, qui s'était noué d'amitié avec Curtis Harrington avant le décès de ce dernier.

Winding Refn, qui est par ailleurs collectionneur, achetant des affiches mais aussi les droits de certains de ses films fétiches, décide de redonner vie à Night Tide en le restaurant à partir de ses éléments originels. Mais le négatif, stocké à Los Angeles, s'avère totalement vinaigré et impossible à scanner. Ayant des liens avec la France, notamment par l'intermédiaire de Manuel Chiche (The Jokers), Winding Refn choisit de s'adresser à Hiventy en raison de la place importante conservée par la photochimie à Joinville-le-Pont et de la présence d'un atelier de remise en état mécanique des films.

"Nous avons choisi de relever ce défi", raconte Benjamin Alimi, directeur commercial de Hiventy, Film Heritage et Post-Production. "Mais le négatif est arrivé dans un état encore pire que celui auquel nous nous attendions. Outre le syndrome de vinaigre très avancé, les bobines étaient devenues octogonales, la pellicule étant vrillée et gondolée. Le support acétate était en outre sec et cassant, susceptible de s'effriter à la moindre manipulation." Saïd Chahouni, le chimiste de Hiventy, va alors élaborer un traitement, en concertation avec Geneviève Langlois, chimiste du CNC, dans le but de réhydrater les bobines pour pouvoir les scanner. Celles-ci vont être mises sous cloche pendant deux mois en étant régulièrement déroulées, puis rembobinées afin de retrouver leur forme originale. En fin de compte, le film sera scanné à sec image par image.

"Lorsque nous avons annoncé à Nicolas Winding Refn que nous avions réussi à scanner le négatif, il est venu voir une projection du scan brut. Et cela a été un moment d'une grande émotion", se souvient Benjamin Alimi. Un long travail de restauration sera nécessaire, l'étalonnage se basant ensuite sur une copie 35 mm d'époque stockée à Harvard. Et un nouveau négatif sera fabriqué sur support polyester, grâce à un partenariat avec Kodak.

Toutes ces étapes auront nécessité près de huit mois de travail. Mais ce chantier d'exception marque le début d'une collaboration avec le cinéaste qui a décidé de confier la restauration de ses collections à Hiventy, lequel étend ainsi ses activités à l'international.

Patrice Carré
© crédit photo : DR


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