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Cinéma

Annecy 2019 - LFA et 50/50 en synergie pour renforcer la place des femmes dans l'animation

Date de publication : 11/06/2019 - 08:40

Les 3es Rencontres internationales des femmes dans l’animation (photo) se sont déroulées le 10 juin en ouverture du Mifa, après une année marquée en France par la mesure du bonus parité sur le soutien adaptée au cinéma d'animation.

À Annecy, les débats professionnels débutent à la veille de l'ouverture du Mifa, depuis trois ans, par les Rencontres internationales de l'animation en présence de professionnelles – et des professionnels aussi – du monde entier. C'est la particularité d'un secteur d’activité où les femmes se sont organisées en large réseau plus tôt que dans le reste de l’industrie de l’image. Il y a 16 ans pour les américaines de Women in Animation (WIA) et dès 2015 pour Les femmes s’Animent (LFA) en France, comme nous l’avons déjà raconté dans nos colonnes, accompagnées en plus pour ce sommet annuel par le Festival d'Annecy lui-même.
En France, LFA s’interroge sur les déséquilibres femmes-hommes dans l’animation, sur la manière de les résorber et de lutter contre les stéréotypes de genre. Car il existe une discrimination à l’égard des femmes dans cette filière où elles sont moins nombreuses et moins bien rémunérées. Avec un nombre de professionnelles en légère progression en 2017 comparé à 2016, première année d’étude, 36% contre 32% et un écart de salaire de 11% chez les cadres et de 16% chez les non-cadres. Pourtant les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses à investir aussi la filière et notamment les métiers créatifs. Un chiffre l'illustre : 39% des films nommés au César du meilleur court d'animation depuis sa création ont été réalisés ou coréalisés par des femmes. Et 80% des titres primés aussi. En long métrage, la situation n'est plus du tout la même avec peu de femmes à la réalisation et donc encore moins de primées (retrouvez les chiffres complets sur ce lien).

WIA et LFA ont consacré cette année les Rencontres internationales au thème de l’appartenance, c’est-à-dire le sentiment de se sentir personnellement accepté(e), respecté(e), inclus(e) et soutenu(e) dans son environnement professionnel. "Ou même sur les écrans, on en est encore loin. Ce sujet de l’inclusion dépasse celui de la parité. Il s’agit de la question de la représentation des gens de toutes les origines sociales et ethniques", ajoute Corinne Kouper, codirigeante de TeamTO et fondatrice des Femmes s’Animent. Les temps forts de cette association, qui organise des événements de networking et de mentorat toute l’année, se déroulent pendant Annecy. Outre cette journée d’ouverture qui a accueilli pour cette 3e éditions Julie Gayet, jurée de la compétition long métrage, engagée notamment à travers l’association la Fondation des femmes, ou la chanteuse Léonie Pernet en clôture, musicienne et une des 690 femmes signataires du manifeste contre le sexisme dans la musique, LFA propose à nouveau des petits-déjeuners thématiques pendant toute la durée du Mifa, très fréquentés. Au menu, un focus sur les femmes de l’animation japonaise, en lien avec le fait que le japon soit le pays invité du festival, des rencontres avec des réalisatrices dont les films sont présentés dans la sélection, un rendez-vous appelé "les femmes de...", cette année consacré aux femmes d’Astérix - le secret de la potion magique pour faire parler des femmes de l’équipe sur cette expérience, ou encore un point avec les associations internationales qui agissent dans ce domaine.
Autre événement organisé le 12 juin au Mifa par LFA, avec le magazine Causette*, une table ronde intitulée : "Quid des garçons ?", "Le sujet de la place des femmes devient presque un sujet à la mode, avec le risque de devenir tarte à la crème. Nous avons voulu nous décaler. Quand on parle de la place des femmes, on le fait parce qu’elles sont au moins aussi nombreuses que les hommes, mais nous voulons parler des hommes et des femmes, pour qu’à terme il n’y ait plus besoin de ce sujet d’ailleurs", indique Corinne Kouper. Ainsi, la table ronde interrogera sur la place des hommes à l’heure où les stéréotypes de genre sont enfin discutés, sur les personnages masculins, qui ont aussi leurs stéréotypes, et la manière dont ils doivent être repensés dans un univers où l’égalité des genres est désormais requise.

Le barème du bonus parité sur le soutien pour les films d'animation

L'association LFA s’est manifestée très vite auprès de 50/50, quand ce collectif s’est créé en février 2018, et œuvre en solidarité et en synergie. 50/50 a permis notamment d’établir des constats précis en produisant depuis l'an passé des données statistiques précitées. LFA a participé aux Assises de la parité et de la diversité, en octobre dernier, et a travaillé avec 50/50 et le CNC pour adapter le bonus parité de 15% sur le soutien automatique cinéma aux métiers spécifiques de l’animation. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2019 en même temps que celui de la fiction. Rappelons que le bonus de 15% sur le compte de soutien généré des films est attribué dès lors que cinq points sont obtenus à raison d’une fonction ou d’un poste occupé par une femme. En animation, le barème a été établi ainsi : un point pour la représentant(e) légal(e) de l’entreprise de production, deux points pour la réalisatrice, un point pour l’auteure du scénario, un point pour l’auteure graphique, un point pour la directrice de production, un point pour la directrice ou cheffe scénarimage, un point pour la directrice ou cheffe mise en place de l’animation, un point pour la directrice ou cheffe animation et un point pour la directrice ou cheffe assemblage numérique.

Ces 3es Rencontres internationales des femmes dans l’animation et l’ensemble des actions de LFA se déroulent dans une manifestation où ses dirigeants ont fait preuve d’intérêt sur le sujet bien avant les autres festivals. "L’équipe du Festival d’Annecy a la particularité d’avoir été conscientisée à ces sujets très tôt grâce au travail de LFA et WIA. Les dirigeants de la manifestation ne s’en sont pas emparés de manière opportuniste. Et cette prise de conscience existe tant du côté du festival que du Mifa. C’est eux qui ont pris les devants l’an passé pour signer la Charte des festivals pour la parité, et le Mifa Animation Award a été remis à WIA. Annecy est exemplaire tant sur le travail envers la jeunesse que sur le sujet de la représentation des femmes dans l’animation derrière et devant la caméra", estime Judith Nora, une des fondatrices de 50/50, productrice au sein de Silex Films, qui est aussi cette année membre du jury de la compétition films de télévision et de commande. "Avec 50/50, nous sommes venues l'an passé à Annecy de manière humble pour répondre aux besoins de LFA, poursuit-elle. Par exemple, en demandant au festival, via la charte, des données genrées. Il en ressort notamment que d’un côté 64,5% des courts de fin d’études sélectionné sont réalisés ou coréalisés par des femmes et seulement 12% des longs sélectionnés (cf. l'entretien avec Marcel Jean, délégué artistique du festival). Il y a un travail à effectuer au plus proche du terrain, d’accompagnement, de mise en confiance, auprès des talents pour faire bouger les choses. Les femmes s'Animent crée beaucoup ça par ses actions. Elles œuvrent plus en think tank, via des rencontres, du mentorat, des panels, des talks quand 50/50 est un 'action tank', qui cherche à être le bras armé de tous les mouvements pour créer des outils et agir auprès des institutions. Nous allons travailler à la rentrée prochaine sur des outils justement. Déjà, nous avons produit des chiffres qui permettent de constater et de prendre conscience des déséquilibres. Ensuite, nous avons à avancer dans tous les domaines, la télévision – documentaires et séries –, les nouveaux médias, la VR, le jeu vidéo… Beaucoup d’associations se créent comme Women in Fames, F.E.M.M, pour les femmes engagées des métiers de la musique, les Lionnes dans la publicité… Les choses bougent mais il faut rester hypervigilantes."

*Détenu par Hildegarde, propriétaire du Film français.

Sarah Drouhaud
© crédit photo : Mifa


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