Cinéma

Lumière MIFC 2021 - Margaret Bodde, une lumière dans l'ombre

Date de publication : 12/10/2021 - 08:30

La directrice de la Film Foundation de Martin Scorsese est présente à Lyon, invitée comme Grand témoin de cette 9e édition du marché international du film classique, pour éclairer de son expertise plusieurs débats autour du patrimoine et de sa perpétuation.

S’il est un cinéaste cinéphile aux États-Unis, c’est assurément Martin Scorsese qui a mis sa renommée au service de ses grands aînés à travers la Film Foundation qu’il a créée en 1990. Avec cette profession de foi : “Notre héritage artistique américain se doit d’être préservé et partagé par nous tous. Exactement comme on nous a enseigné à devenir fiers de nos poètes et écrivains, du jazz et du blues, il est nécessaire que nous puissions nous enorgueillir de notre cinéma, de notre grande forme d’expression artistique ­américaine.”
 
C’est en liaison étroite avec la Guilde des réalisateurs américains que la Film Foundation se dépense sans compter pour le patrimoine, sous la tutelle de celle qui en assure la direction exécutive depuis trois décennies : Margaret Bodde. Cette femme de l’ombre, chargée de la conservation à la bibliothèque du Congrès puis directrice du marketing au sein de Miramax Films, intervient principalement dans trois domaines : la préservation, l’éducation et la diffusion, avec à son actif plus de 900 restaurations de titres redevenus ­désormais accessibles à un nouveau public dans des conditions qui n’ont rien à envier aux œuvres contemporaines. “Bien que la Fondation ne restaure pas physiquement les films, précise-t-elle, nous nous occupons de collecter l’argent pour mettre en place la procédure et nous assistons les équipes de restauration sur le plan logistique.” Son rôle consiste donc à alimenter le nerf de la guerre en collectant subventions et autres donations.

“CONSERVER, TRANSMETTRE ET VALORISER”
 
La mission pédagogique de la Film Foundation passe depuis 2005 par son programme baptisé The Story of Movies ­(“L’histoire des films”) qui implique près de 120 000 ­enseignants et 45 000 établissements scolaires à travers les États-Unis, et qui a déjà permis à plus de dix ­millions de collégiens et de lycéens de se familiariser avec le langage et l’Histoire du 7e art. ­Margaret Bodde gère par ­ailleurs depuis son ­lancement en 2007 le fameux World Cinema ­Project (“­projet Cinéma du monde”), qui est consacré plus parti­culièrement à la sauvegarde de films oubliés ou ­méconnus et qui a restauré à ce jour 46 titres originaires de 27 pays.
En 2017, a été porté sur les fonds baptismaux l’African Film Heritage, un autre projet consacré quant à lui à la préservation d’une cinquantaine d’œuvres déterminantes en provenance de ce continent, en liaison avec la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) et l’Unesco.

La collaboration de Margaret Bodde avec Martin Scorsese passe aussi par la production de plusieurs documentaires qu’il a réalisés : la série télévisée The Blues (2003), No ­Direction Home: Bob Dylan (2005) pour lequel elle a reçu l’Emmy Award du meilleur long métrage musical, Public Speaking (2010), George Harrison: Living in the Material World (2011) qui lui a valu un Primetime Emmy, The 50 Year Argument (2014), qu’elle était venue présenter en personne au Festival Lumière en 2015, Rolling Thunder Revue (2019) et la minisérie Fran Lebowitz : si c’était une ville…, mais aussi The Soul of a Man (2003) de Wim Wenders, Lightning in a Bottle (2004) d’Antoine Fuqua, l’ouvrage collectif Time Piece (2006) et Val Lewton: The Man in the Shadows (2007) de Kent Jones pour le petit écran.

Jean-Philippe Guerand
© crédit photo : Brigitte Lacombe


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