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Cinéma

Congrès FNCF 2022 - Olivier Aubry : "A la crise de la fréquentation, vient s’ajouter la crise de l’énergie"

Date de publication : 20/09/2022 - 08:05

Le président de la commission de branche de la petite exploitation de la FNCF évoque les principaux sujets de préoccupation de ses membres, appelant au passage à une revalorisation des prix plancher des séances scolaires et à une réflexion sur la qualité des scénarios des films français. 

La fréquentation 2022 s’établissait, à la fin du mois d’août, à un peu moins de 100 millions d’entrées, soit un repli de 30% environ en comparaison des volumes enregistrés avant la crise. La petite exploitation se situe-t-elle dans les mêmes latitudes ?
La baisse enregistrée dans la petite exploitation avoisine -25% à -30%, avec des disparités suivant les régions. Marseille et l’Est de la France ont par exemple connu des reculs de fréquentation allant jusqu’à -35% ou -40%. Nous suivons donc le mouvement national.
 
Les observateurs soulignent souvent que les plus petits établissements sont, comme au début de la crise, ceux qui résistent le mieux. Alors que l’offre de films est désormais très proche de l’avant-crise, comment l’expliquez-vous ?
Il est vrai que la petite exploitation résiste mieux par rapport à la moyenne et à la grande exploitation. Aujourd’hui, la baisse de la fréquentation est due à deux facteurs manifestes, en particulier pour cet été. La météo, qui n’était clairement pas de notre côté, même pour les salles climatisées. Et le manque d’offre de films. Seuls trois titres ont réellement bien fonctionné ces derniers mois : Top Gun : Maverick, Les Minions 2 : Il était une fois Gru et Ducobu Président !. Les comédies françaises sont boudées par nos spectateurs. Ce qui se comprend complètement par le fait que la qualité n’est pas au rendez-vous. La production française doit donc se pencher sur la qualité de ses scenarii. Certains films français ont fait mal à d’autres films français à cause des mauvais avis et des critiques cinglantes sur les réseaux sociaux qu’ils ont engendré.

Richard Patry pointe, dans nos colonnes, le "mur de la dette" auquel de nombreux exploitants sont confrontés en raison de la – nécessaire – contraction de PGE au début de la crise. Est-ce le cas de beaucoup de membres de la branche ?
La petite exploitation a évidemment contracté de nombreux PGE, et principalement les établissements privés. Les remboursements en ces temps de difficile fréquentation nous assèchent donc un peu, et nous mettent du plomb dans l'aile pour la réalisation de certains projets d’investissements.

Lors du dernier Congrès, le rapport de la petite exploitation avait une nouvelle fois été l’occasion d’attirer la vigilance sur l’accès aux films. Quelle est aujourd’hui la situation ?
Elle n’a pas évolué. En plus de cette crise de la fréquentation, vient s’ajouter une nouvelle crise à la rentrée : celle de l’énergie. Nous n’allons pas y échapper, les prix du gaz et de l’électricité vont impacter notre trésorerie et notre gestion. Les cinémas en fin de contrat risquent de voir leur facture se multiplier jusqu’à six fois, alors que ceux avec des prix bloqués auront un peu de visibilité… S’impose donc une nouvelle réflexion sur notre gestion et sur notre exploitation des films. Faut-il exploiter des titres qui réalisent peu d’entrées avec beaucoup de séances ? Peut-on se permettre d’organiser 10 ou 14 séances pour un seul film au regard de la crise ? Ne faut-il pas envisager davantage de partages de copies afin de proposer ainsi les bonnes séances aux bons horaires à nos spectateurs ?

Ce rapport avait aussi été l’occasion, pour sa rapporteuse Sonia Brun, d’évoquer une vague de "déprime" au sein des équipes des salles de la branche, constat devant mener à "une réflexion sur l’attractivité de nos métiers, si l’on veut faire évoluer nos exploitations". Un an plus tard, la situation est-elle toujours la même ?
Depuis le dernier congrès, une commission regroupant les trois exploitations s’est montée au sein de la FNCF. Elle ouvre le débat de l’attractivité de nos métiers sur la façon de les dépoussiérer et les remettre au gout du jour. Nous nous réjouissons de cette réflexion conjointe avec la moyenne et la grande exploitation, et ce groupe de travail mené par Odile Tarizzo (présidente de la commission des questions sociales, Ndlr) fera bientôt part de sa synthèse. Soulignons aussi l’importance de la formation aux violences sexistes et sexuelles, qui donne une vraie plus-value à notre formation professionnelle, en espérant que toutes les exploitations obtiendront leur attestation d’ici la fin de l’année.

Sonia Brun avait conclu son rapport en abordant un sujet de plus en plus sensible depuis quelques années, celui des projections de plein air, demandant notamment la révision des "règles d’encadrement et d’exploitation de ces séances", qui doivent "être exclusivement mis en place pour les exploitants, par les exploitants". Qu’en est-il aujourd’hui de ce sujet ? Est-ce l’une de vos priorités ?
Ce qui reste prioritaire, c’est le sujet du prix des places de l’éducation à l’image. Les tarifs n’ont pas été changés depuis plus de 20 ans. Nous ne pouvons plus travailler avec des prix bloqués aussi bas, surtout avec les dépenses énergétiques qui nous attendent. Les transports scolaires, eux, peuvent augmenter, et nous, non. En conséquence, il est à présent temps d’ouvrir le débat pour nos cinémas.

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : DR


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