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Cinéma

Congrès FNCF 2022 - René Kraus : "La grande exploitation est la branche la plus impactée par la baisse de la fréquentation"

Date de publication : 20/09/2022 - 08:15

Au terme d’un été plus particulièrement compliqué pour ses membres, le président de la commission de branche de la grande exploitation de la FNCF revient sur les difficultés et défis auxquels le secteur est aujourd’hui confronté.

Comment la grande exploitation se situe-t-elle par rapport à la fréquentation nationale, mesurée à 30% en-deçà des niveaux pré-Covid par le CNC ?
Depuis la crise de la Covid, la grande exploitation est la branche la plus impactée. Nous avons ainsi constaté une baisse de 40% de notre fréquentation par rapport au référentiel de 2019, notamment pour cet été.
 
L’été – août en particulier – a été assez pauvre en blockbusters américains, ce qui devrait également être le cas durant le reste de l’année. Comment l’anticipez-vous à l’échelle de votre branche, assez fortement dépendante de ce type de films ?
Si l’offre de films américains est moins importante, elle représente toujours les meilleurs scores au Box office. Nous espérons donc que l’offre cinématographique sera plus importante assez rapidement pour le dernier trimestre, ainsi que pour l’année 2023. Cependant, nous constatons que la production française de comédies, générant habituellement bon nombre d’entrées, ne fait plus recette. Une production plus qualitative et moins tournée vers la télévision permettrait certainement de reconquérir les spectateurs.
 
Après Avalonia, l’étrange voyage, The Walt Disney Company France réfléchit à la possibilité de ne pas sortir Black Panther : Wakanda Forever dans les salles françaises en guise d’opposition à certaines dispositions de la nouvelle chronologie des médias. Que vous inspire cette éventualité ?
Il semblerait que nous soyons pris en otage entre les négociations des plateformes et des télévisions conventionnelles. L’exception et la singularité françaises ne conviennent pas à un opérateur international de cinéma et de plateformes. Cette situation nous amène à devenir l’enjeu de certaines sorties de films très importantes qui, dans un contexte où les entrées nous manquent terriblement, est particulièrement mal venu. D’autant que cet opérateur pourrait présenter ses films en salles partout en Europe sauf en France. Cette discrimination et cette stigmatisation de la diffusion française nous paraissent totalement inacceptables et devraient nous obliger à revenir le plus rapidement possible à la table des négociations pour limiter la chute libre des entrées dans une année déjà difficile.
 
La grande exploitation est constituée de nombreux très grands établissements, contraints donc à des dépenses énergétiques supérieures à la moyenne. De quelle façon sont-ils aujourd’hui impactés par la flambée des coûts de l’énergie ?
Chaque situation, chaque établissement, chaque contrat sont spécifiques, mais nous remarquons qu’il peut y avoir des augmentations très importantes si la négociation n’a pas été faite au préalable. Il faudra trouver, à court et moyen termes, des mesures d’incitation fiscale et des aides afin de passer un cap difficile pour notre secteur : amélioration du taux de retour du SFEIC (le compte de soutien automatique, Ndlr), crédit d’impôt corrélé aux investissements de développement durable, aide énergétique liée à l’augmentation de l’énergie et à l’excédent brut d’exploitation non limité...
 
Un certain nombre de professionnels pointent du doigt une baisse non négligeable des entrées réalisées par les cartes illimitées de vos membres (UGC et Les Cinémas Pathé Gaumont), tout de même importantes dans la fréquentation nationale. Est-ce une réalité et, si oui, comment l’expliquez-vous ?
Si les abonnements paraissent moins attractifs, ils ne sont que la conséquence de la baisse de fréquentation des salles de cinéma.

Cette année, la table-ronde de la FNCF portera sur les solutions en faveur de la reconquête du public. Parmi elles, sera notamment évoquée la premiumisation des salles, pour laquelle la grande exploitation est particulièrement motrice. Est-ce, selon vous, un axe primordial de cette reconquête ? Quels autres leviers vous semblent, à l’échelle de la branche, primordiaux d’activer ?
Nous considérons que le développement des salles premium est un axe incontournable de la reconquête du public dans les multiplexes. Elles proposent de vivre une expérience cinématographique unique dans différents formats. L’animation et des événementiels très ciblés doivent renforcer cette offre. Le travail sur les réseaux sociaux, l’actualisation des sites internet et la data sont également des leviers de progression.

De plus en plus d’exploitants semblent avoir des difficultés à recruter depuis la réouverture. Qu’en est-il à l’échelle de la grande exploitation, dont les établissements nécessitent d’importants moyens humains ?
La situation n’est toujours pas idéale, mais le turnover a diminué. Nous travaillons de concert avec l’ensemble des branches, au sein d’une commission présidée par Odile Tarizzo, sur l’attractivité et la transversalité des métiers du cinéma. L’objectif est de proposer une formation polyvalente aux personnels pour gagner en efficacité.
 
Que vous inspire la mise en vente de CGR Cinémas, membre éminent de votre branche et, surtout, deuxième plus gros exploitant de France en termes d’entrées ?
Cette situation ne marque pas un désengagement de l’exploitation cinématographique française, mais plutôt un changement d’actionnaires suite au souhait de Luc et Charles Raymond de céder leurs actions. Nous souhaitons cependant les féliciter, eux et leurs équipes, pour le parcours accompli et leur engagement indéfectible en faveur du cinéma français.

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : DR


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