Cinéma

Chronologie des médias - Scam : "Tester davantage de dérogations et d’expérimentations"

Date de publication : 12/10/2022 - 17:00

Alors que les discussions ont repris la semaine dernière, Le film français a souhaité donner la parole à plusieurs organisations professionnelles et entreprises - parties prenantes ou non desdites discussions - afin qu'elles expriment leur vision de la chronologie des médias. Après l'Afcae et la SACD, au tour de la Scam de prendre la parole.

Les acteurs concernés se retrouvent de nouveau assis à la table des négociations pour discuter des aménagements nécessaires à la chronologie des médias. Premier constat : le visage du concile a changé depuis quelques années : les plateformes – américaines – sont devenues légion : Netflix, Amazon, Disney+, et désormais Warner Bros., Paramount, Universal. Confirmation, s’il en fallait une, que le paysage audiovisuel et les possibilités de voir les œuvres continuent d’évoluer.

Dans cet univers de choix pléthorique, la chronologie des médias reste un outil essentiel qui permet de préserver l’exposition des films en salles. Elle est capitale à l’heure où le public s’y fait plus rare, et où le monde du cinéma fait face à ce qu’il entend désormais appeler une crise. C’est à ce titre que la Scam a signé la dernière version de l’accord adopté le 24 janvier 2022.

Dans l’industrie cinématographique, les films documentaires restent des plus fragiles : rarement préfinancés, peu agréés, pas assez exposés. Ils recèlent pourtant des œuvres remarquables qui ont toute leur place dans une programmation qualitative et grand public : le superbe Adolescentes de Sébastien Lifshitz, pour n’en citer qu’un, a été nommé de concert dans les catégories Meilleur film et Meilleur documentaire lors des César 2021, il a reçu le prix Louis Delluc la même année.

Pour toutes ces raisons, plusieurs organisations professionnelles représentant le documentaire ont défendu lors de précédentes négociations sur la chronologie des médias, l’adoption de mesures visant à assouplir le parcours d’exploitation de ces films. Tous les films n’ont pas la même économie, ni la même temporalité dans l’exploitation. Pourquoi soumettre aux mêmes contraintes des films documentaires fragiles et des blockbusters de fiction à devis replets ?

Cette mobilisation a payé et l’accord du 21 décembre 2018 a permis d’obtenir l’introduction du mécanisme dit de "fenêtre glissante" : lorsqu’un documentaire au devis inférieur à 1,5 M € n’a fait l’objet d’aucune acquisition de la part d’un éditeur, il peut bénéficier directement de la fenêtre d’exposition de l’éditeur suivant. Cette disposition avait notamment pour but de rendre le documentaire plus attractif pour les diffuseurs qui se situent plus en aval de la chronologie et susciter ainsi leur envie d’investir dans ce genre. Elle perdure dans le texte aujourd’hui en vigueur.

Il faudra pousser plus loin encore cette ambition et se mettre à la page des nouvelles habitudes de visionnage de nos publics. À cette fin, il serait utile d’ouvrir la porte à des expérimentations : pourquoi ne pas tester, moyennant des critères précis sur les films (budget, nombre de copies…), des exploitations continues salles-éditeurs, voire des co-exploitations pour des sorties événementielles ? Cette possibilité permettrait d’anticiper les adaptations nécessaires et inhérentes à la chronologie des médias et de tester des alternatives salutaires qui pourraient améliorer l’exposition des œuvres et leur financement.

D’une manière générale, il est nécessaire de tester davantage de dérogations et d’expérimentations pour le seul bénéfice d’œuvres qui trop souvent n’ont pas le temps d’être repérées par le public.

Scam
© crédit photo : Scam


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