Cinéma

Lumière MIFC 2022 - Le Chat Qui Fume s’élance en salle

Date de publication : 20/10/2022 - 08:15

Fondée voilà 17 ans, la structure focalisée surtout sur l’édition en vidéo physique de films classiques rares, se lance dans la distribution salle en décembre avec la réédition du premier long de Coline Serreau. Entretien avec son codirigeant, Stéphane Bouyer, sur les enjeux de cette diversification.

Après 17 ans d’existence, vous décidez de vous lancer dans la distribution en salles, qu’est-ce qui a guidé ce choix ?
Nous initions chaque année beaucoup de restaurations et numérisations 4K, pour bénéficier de nombreux mandats de réédition. Aussi, avec mon associé Philippe Blanc, nous nous disions qu’il est dommage de ne pas pouvoir proposer directement en salle ceux qui, à notre sens, s’y prêtent. La plupart des films qui nous intéressent sont en effet rares, parfois même invisibles depuis des décennies, et ne passent presque jamais en télévision. Pourtant, ces belles restaurations donnent envie de tenter le grand écran. Aussi, au regard du contexte actuel très dur, beaucoup nous déconseillaient de nous lancer dans l’édition salle. Mais comme nous réussissons souvent en nageant à contre-courant, cela nous donne une raison de plus d’essayer. Après tout, on nous conseillait la même chose quand nous avons décidé d’arrêter le format DVD voilà deux ans, pour nous concentrer sur le blu-ray…

Parlez-nous donc de la réédition de Pourquoi pas ! (photo) de Coline Serreau, qui sera donc votre première sortie…
Il s’agit du premier long de Coline Serreau, un très joli film devenu très rare depuis des années. La restauration 4K est très belle, tirée d’un master approuvé par la réalisatrice. Celle-ci demeure très identifiée et a toujours un public d’amateurs, et elle se prêtera au jeu d’une petite tournée d’avant-premières avant la sortie. Cette dernière est donc calée au 5 décembre prochain, et sera programmée par Marie Demart. Notre ambition est de diffuser largement, dans tous l’Hexagone, pour ne pas borner cette sortie aux seul marché parisien, comme c’est malheureusement parfois le cas avec le cinéma de patrimoine.

Est-ce une sortie exceptionnelle ou y a-t-il d’autres titres dans votre line-up salle ?
Il s’agit surtout d’une tentative, nous allons voir ensuite comment cela est accueilli par le public comme les professionnels. Après Pourquoi pas !, nous allons enchaîné avec deux autres rééditions en salle en 2023. Tout d’abord Otalia de Bahia, dernier long de Marcel Camus sorti originellement en 1976 et très rare depuis 30 ans. Une histoire d’amour tragique passionnante, que nous envisageons pour une sortie au premier semestre. Ensuite suivra Le cœur fou de Jean-Gabriel Albicocco, un film magnifique de 1970 également invisible depuis, que nous envisageons plutôt pour la fin 2023. Deux œuvres également restaurées en 4K par nos soins. Nous avons l’envie de faire vivre ses restaurations en festival avant la sortie, et pourquoi pas adosser celle-ci à une actualité festivalière, pour ensuite les éditer en blu-ray.

Justement, en tant qu’éditeur, vous avez abandonné voilà deux ans le format DVD pour vous concentrer exclusivement sur le blu-ray. Quel premier bilan tirez-vous de ce virage éditorial ?
Un bilan très bon. Notre activité n’a pas subi de pertes ! Ce qui prouve bien qu’en vidéo physique, les les cinéphiles les plus passionnés, qui forment notre cœur de cible, s’adaptent parfaitement quand il s’agit d’accéder aux œuvres dont ils ont envie. Le DVD est obsolète, un bout de plastique d’une autre époque devenu presqu’inutile aujourd’hui. Enfin, pas tout à fait pour être honnête, car peut-être que certains titres, dans leur économie, s’y prêtent encore. Mais il est grand tant que notre filière arrête d’utiliser ce format et entre dans le monde moderne, qui appartient au blu-ray, à la HD et à l’UHD 4K. Il est quand même aberrant que, là où tous les territoires étrangers majeurs ont totalement basculé dans le blu-ray, celui où le cinéma a été créé soit encore majoritairement focalisé sur le DVD ! Et soyons honnêtes, les formats modernes servent magnifiquement les films, et surtout les films classiques !

Propos recueillis par Sylvain Devarieux
© crédit photo : Le Chat Qui Fume


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