Cinéma

Le Collectif 50/50 "consterné" par la sélection du "Retour" à Cannes

Date de publication : 25/04/2023 - 15:30

À la suite de l'annonce de la sélection du film de Catherine Corsini en compétition officielle du 76Festival de Cannes, le Collectif 50/50, association de promotion de l'égalité femmes-hommes dans l'audiovisuel, a publié une réaction que nous relayons ici in extenso.

"L'annonce par le Festival de Cannes de la sélection en Compétition officielle du film Le retour de Catherine Corsini suscite la consternation du Collectif 50/50, alors même que le procureur de la République a été saisi en novembre dernier par le CNC "sur le contexte sexualisé de ce tournage avec des actrices et acteurs adolescent·e·s". Ce tournage a en effet fait l’objet de plusieurs signalements au Comité central d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de la production cinématographique (CCHSCT), à l’inspection du travail, et à la justice, les faits reprochés semblant suffisamment graves pour que le CNC gèle temporairement les subventions publiques destinées au film.
 
La direction du Festival de Cannes a néanmoins annoncé la sélection du film ce lundi 24 avril, lui offrant une exposition majeure en toute connaissance de cause. C’est évidemment un signal dévastateur envoyé aux victimes de violences sexistes et sexuelles. C'est aussi une manière de renforcer les connivences qui règnent dans notre industrie, et qui empêchent la libération apaisée de la parole sur ce sujet crucial.
 
C’est enfin le signe que le Festival de Cannes, en 2023, n’a pas opéré de transformation suffisante pour prendre en considération le sujet des violences morales, sexistes et sexuelles.
 
Le Collectif 50/50 témoigne son plein soutien à l'ensemble de l’équipe des technicien·ne·s et comédien·ne·s du film, et est disposé à recueillir leurs témoignages pour les transmettre aux autorités compétentes. Nous mesurons combien il peut être difficile de prendre la parole dans un tel contexte. Nous rappelons à ce titre qu’il est possible de solliciter la cellule d’écoute et de soutien dédiée aux professionnel·le·s de la Culture et opérée par Audiens, pour bénéficier d’un accompagnement juridique et psychologique, de manière anonyme.
 
Il est à noter que ce film ne fait malheureusement pas figure d’exception. Force est de constater que la mise en place d’une demi-journée de sensibilisation, rendue obligatoire en 2021 pour les gérant·e·s d’entreprise du cinéma et de l'audiovisuel – et constituant un rappel de leurs responsabilités vis-à-vis du droit pénal et du droit du travail – ne suffit pas.
 
Nous appelons donc les pouvoirs publics à élargir l’obligation de formation à l’ensemble de la profession. Ces formations existent mais ne sont pas suffisamment suivies. Nous demandons également à ce que les aides du CNC soient conditionnées à l’identification systématique de référent·e·s harcèlement dûment formé·e·s, présent·e·s sur les tournages mais aussi lors des étapes de préparation et de post-production.
 
La lutte contre les violences ne doit néanmoins pas être la seule responsabilité des salarié·e·s. Il incombe au Ministère du travail d’intégrer les spécificités de notre domaine, notamment en facilitant l’intervention de l’inspection du travail.
De nombreux·ses professionnel·le·s se mobilisent actuellement pour promouvoir le poste de coordinateur·rice d'intimité, présent·e sur les tournages pour cadrer les scènes à caractère sexuel. Nous nous associons à cette démarche car elle constitue une mesure supplémentaire pour prévenir toute forme de violence.

De la même manière que la société évolue, le cinéma évolue. Il serait temps que les directions des festivals tiennent compte de ces évolutions et s’engagent à dépasser ces schémas de domination archaïques.
Avançons ensemble pour que le cinéma défendant des idées et valeurs auxquelles nous croyons intègre ces mêmes principes dans sa fabrication."
 
Le Collectif 50/50

La rédaction du "Film français"
© crédit photo : Collectif 50/50


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