Cinéma

Connext 2023 - "The Last Jewish Summer", un film qui tente de rompre le silence

Date de publication : 09/10/2023 - 08:22

Pitché l’an dernier à Connext par son auteur, le film de Thom Vander Beken sur la déportation des juifs d’Anvers en 1942, actuellement en cours de montage, sera présenté dans les WIP.

"Je pitche le projet sur la plateforme en ligne et j'espère que nous pourrons rencontrer des coproducteurs et des financeurs intéressés ou que le projet arrivera sur le radar de certains festivals. J’aimerai terminer les prises de vue extérieures durant l'été prochain pour que le film soit prêt à l'automne 2023" expliquait l’année dernière au Film Français Thom Vander Beken. Pari tenu puisque le tournage à Anvers a été terminé cet été, le montage du film ayant débuté en septembre. Et si des images d’archives seront utilisées, l'objectif principal de The Last Jewish Summer est de mettre l'accent sur les histoires des protagonistes.
 
Le film, qui est produit par Marc Goyens pour Quetzalcoatl, a reçu le soutien du VAF à la production et est coproduit par la VRT. "Le point de départ de mes recherches a été le livre Het jaar van de stilte (L'année du silence) de Herman van Goethem, un historien belge" raconte le cinéaste. "Il décrit - jour par jour - les événements qui se sont déroulés dans la ville d'Anvers durant l'année 1942. Au cours de l'été, la majorité de la population juive a été arrêtée et déportée au cours d'une série de rafles. Les Allemands n'étaient pas les seuls responsables, car de nombreuses personnes de la ville étaient prêtes à les aider : le bourgmestre, les services judiciaires, la police locale et de nombreux citoyens ordinaires. Ils ont volontairement collaboré avec les Allemands ou sont restés silencieux et ont regardé ailleurs. La Flandre - contrairement à de nombreux autres pays qui nous entourent - est restée silencieuse sur cette implication locale. Le livre de Van Goethem et mon film tentent de rompre ce silence".

Thom Vander Beken a travaillé en amont pendant quatre ans, effectuant de nombreuses recherches pour retrouver les différents protagonistes. "La plupart des survivants ont disparu, il était donc difficile de rechercher des personnes spécifiques. Mon plan était d'essayer de trouver les (petits-)enfants des familles juives qui ont été arrêtées et déportées pendant cet été, mais aussi de trouver les (petits-)enfants des hommes qui étaient responsables de ces arrestations. Mes recherches au cours des quatre dernières années se sont concentrées sur les moments où les chemins de ces familles se sont croisés avant, pendant ou après la guerre. Grâce à mes recherches, j'ai pu découvrir qu'un célèbre chasseur de Juifs n'était pas mort en 1945 mais avait vécu jusqu'en 2004. Aucun historien belge n'était au courant. Les autorités belges avaient officiellement déclaré cet homme mort. Son fils est l'un des protagonistes du film et témoigne pour la première fois de la vie de son père".

L’autre particularité du film est de confronter un groupe d'élèves de sixième année d'une école anversoise au sort des Juifs qui fréquentaient leur école il y a 80 ans. "Je ne voulais pas raconter seulement ce qui s’est passé en 1942" poursuit Thom Vander Beken. "Je voulais relier mon film au monde d'aujourd'hui et c'est pourquoi j'ai inclus ces enfants en tant protagonistes. Il s'agit d'élèves d'une célèbre école d'Anvers qui joue un rôle dans l'histoire de l'été 1942. Avant la guerre, de nombreuses familles juives envoyaient leurs enfants dans cette école, mais aujourd'hui, cette école est très diversifiée. Les élèves nous obligent à regarder le passé sous un angle différent".

La VRT, qui coproduit The Last Jewish Summer, le diffusera une fois terminé mais son auteur espère trouver d’autres diffuseurs publics. "Avec le producteur Marc Goyens, j'espère trouver des festivals, des distributeurs, des diffuseurs, qui voient un potentiel dans le film" conclut Thom Vander Beken.

Patrice Carré
© crédit photo : Thom Vander Beken / Quetzalcoatl


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