
Les Films du Losange - CG Cinéma : L’affirmation d'un modèle indépendant
Date de publication : 22/05/2025 - 10:06
Trois ans après la reprise des Films du Losange, Charles Gillibert revient sur une stratégie à double front avec CG Cinéma, entre affirmation d’une identité historique et ouverture à de nouveaux horizons pour la production indépendante. Un modèle qui réussit à l’image de la projection en compétition cannoise de Resurrection, de Bi Gan, ce jeudi.
Cela fait désormais trois ans que vous avez repris Les Films du Losange, tout en continuant à développer CG Cinéma. Quel bilan dressez-vous de cette période ?
Ces trois ans nous ont permis de réfléchir à l’évolution de ce studio indépendant avec une vision claire de ce vers quoi nous voulons tendre. Il y a très peu de sociétés indépendantes qui évoluent à 360° et nous sommes fiers d’en faire partie, de porter cette vision de la production jusqu’à la distribution. L’organisation que nous avons développée nous convient et trouvera sa forme finale à la fin de l’année. Nous avons souhaité garder nos deux labels de production, CG Cinéma et les Films du Losange. Ces deux structures sont animées par une même équipe, dans laquelle il arrive que Régine Vial intervienne également comme productrice. Nous allons faire émerger un autre visage en production très rapidement. Au-delà de l’Histoire exceptionnelle de la société, Les Films du Losange incarne une tradition de production extrêmement importante. C’est l’une des sociétés de production française les plus honorées avec des Oscars, des César et des oeuvres qui ont parfois passé le million de spectateurs. Il était important de rester fidèle à l’ADN historique, notamment en continuant à produire des films distribués et vendus par Les Films du Losange. Ce sont de vrais films maison.
Ce qui n’est pas forcément le cas de CG Cinéma…
Comme c’était le cas avant le rapprochement des deux sociétés, nous continuons de donner certains mandats aux Films du Losange. Nous aimons le rapport aux auteurs des équipes de distribution et de vente du Losange, le soin accordé à chaque projet. En parallèle, nous sommes attentifs aux liens de fidélité qu’ont certains auteurs et les coproducteurs avec lesquels nous travaillons à d’autres maisons. Il y a également des nécessités intrinsèques au film pouvant nous amener à nous adresser à d’autres partenaires, en distribution comme en ventes internationales. Deux oeuvres produites cette année illustrent cette approche : Coutures d’Alice Winocour, avec Angelina Jolie, est distribué par Pathé, fidèle partenaire d’Alice, et vendu par Hanway Films, tandis que Father Mother Sister Brother, le nouveau long de Jim Jarmusch, sera distribué par les Films du Losange et vendu par The Match Factory. Nous retrouverons ces films dans les salles à l’automne.
Cette diversité de mandats et de partenaires se retrouve d’ailleurs dans la sélection cannoise de cette année…
Oui, nous avons trois films produits par CG Cinéma présents à Cannes : The Chronology of Water de Kristen Stewart (Un certain regard), distribué et vendu par les Films du Losange ; La disparition de Josef Menegele de Kirill Serebrennikov (Cannes Première), distribué par Bac Films et vendu par Kinology, ainsi que Resurrection de Bi Gan, en compétition officielle, distribué et vendu par les Films du Losange. Hors CG Cinéma, Les Films du Losange détient tous les mandats de Yes de Nadav Lapid et d’Ange de Tony Gatlif, et distribue en France Miroirs n° 3 de Christian Petzold. Cette sélection illustre également notre fidélité à nos auteurs et notre souci de faire émerger de nouvelles voix.
La partie ventes internationales des Films t du Losange a été rebaptisée Losange Films. Pourquoi ce choix ?
Cette nouvelle dénomination est plus simple pour l’international. Elle traduit également une ambition à cet endroit, portée par Alice Lesort et ses équipes. Nous nous situons entre la tradition d’acquisition des Films du Losange et le profil des œuvres que je produis avec un fort potentiel international. Des films comme le premier long métrage de Kristen Stewart, The Chronology of Water, sont des projets qui animent le marché. Cette nouvelle appellation nous permet d’être encore mieux identifiés.
Quel regard portez-vous sur l’activité distribution ?
Elle se porte bien. Nous devons rester vigilants sur le choix des projets comme sur leur économie. Gustave Shaïmi a beaucoup apporté dans le suivi des talents et l’approche marketing et du digital de la sortie des films. Cette stratégie est amenée à s’amplifier.
Quels sont les futurs projets des Films du Losange ?
Nous tournons cet été Out of this World (coproduit entres autres avec Idéale Audience) d’Albert Serra, avec Riley Keough dans le rôle principal. À l’été 2026, ce sera au tour de Hautefaye, prochain long de Vincent Le Port, avec Arieh Worthalter et Antoine Reinartz, d’entrer en tournage en coproduction avec Stank. Il y a également le film de Simon Depardon, une forme de continuation des Années déclic de Raymond Depardon.
Et pour CG Cinéma ?
Nous produisons le prochain film de Lila Pinell (Le roi David), coproduit avec Ecce Films, vendu et distribué par Les Films du Losange. Je travaille également depuis cinq ans sur un projet écrit par Sophie Fillières, qu’elle devait réaliser. En concertation avec Agathe Bonitzer et la famille de Sophie, nous avons confié la réalisation à Pascal Bonitzer. Nous allons enfin pouvoir le tourner au mois de juin, avec Fabrice Luchini. Il est coproduit avec Assise Production. Nous coproduisons aussi avec MK Productions le prochain long métrage d’Andreï Zviaguintsev, Minotaure. Les Films du Losange distribuera le film, qui sera vendu par MK2. Je suis heureux de retrouver Nathanaël – le dernier film que nous avions produit ensemble était Tom à la ferme de Xavier Dolan – autour d’une figure du cinéma mondial aussi importante sur un sujet être tournés en 2026. Nous nous positionnons sur des films et des auteurs très choisis. Le souci de la sincérité de l’œuvre est plus fondamental que jamais. Nous nous engageons sur les films sur lesquels nous avons un immense désir. Nous avons aussi pour volonté de découvrir de nouveaux talents et de nous inscrire dans la durée avec eux. Nous leur apporterons tout notre savoir-faire en matière de production, de distribution et de connaissance du marché international. Nous accompagnons nos auteurs avec la volonté de nous inscrire dans la durée de leur parcours, et de faire évoluer leurs projets en valorisant leur portée et leur rayonnement international.
Quid des futures productions des Saisons, votre filiale de production audiovisuelle ?
La structure arrive à maturité. Et fin 2025, début 2026, nous mettrons en production plusieurs projets, comme Le pays des autres, adaptation du roman de Leïla Slimani (éd. Gallimard) développée avec Arte.
Parallèlement à vos projets de production, vous avez aussi investi dans un lieu emblématique en décembre 2024 avec le Saint-Germain-des-Prés. Où en est le projet ?
Nous voulons créer un lieu unique, inspiré par ces salles où la richesse du public influence profondément la programmation. En tant que producteur, j’ai découvert des lieux remarquables comme l’Electric Cinema (Londres), l’ArcLight (Los Angeles), le Metrograph (New York) et bien d’autres. Ce sont de véritables vaisseaux amiraux de la cinéphilie, où auteurs et publics avertis se croisent autour d’une programmation vivante et affirmée. Ce modèle se retrouve dans certaines salles parisiennes, mais il reste de la place pour une telle ambition. Nous misons sur une ouverture à l’automne 2025.
Florian Krieg
© crédit photo : CG Cinéma
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