Cinéma

Annecy 2025 - WIP "The Mourning Children" : au plus près de la réalité historique

Date de publication : 10/06/2025 - 08:28

Le réalisateur japonais Sunao Katabuchi, prix du jury en 2017 avec Dans un recoin de ce monde, présentait ce lundi son prochain long métrage en cours de préparation : The Mourning Children: Nagiko and the Girls Wearing Tsurubami Black

Avec The Mourning Children : Nagiko and the Girls Wearing Tsurubami Black, le réalisateur Sunao Katabuchi , accompagné sur scène par sa co-réalisatrice, et sa femme à la ville, Chie Uratani, ainsi que son producteur, Manabu Otsuka, s’engage dans une démarche de recherche historique et documentaire d'une rigueur exceptionnelle, similaire à celle qu'il avait menée pour son précédent film, Dans un recoin de ce monde, qui dépeignait Hiroshima avant et pendant la Seconde guerre mondiale. 

Le projet The Mourning Children plonge mille ans en arrière, à l'époque de Heian (794-1185), en se basant sur les écrits de l'écrivaine de cour du XIe siècle, Sei Shōnagon, en particulier son livre, un indispensable au Japon, Les notes de chevet. L'objectif est de recréer cette période avec une fidélité historique minutieuse. L'équipe fait appel à de nombreux spécialistes et étudie des manuscrits, des annotations de textes anciens, et même des données astronomiques pour reproduire précisément des événements comme les éclipses ou l'apparition de la comète de Halley. Des incursions d'animaux dans le palais, comme un renard, sont également documentées et intégrées pour une immersion totale. Ce niveau de détail vise à permettre au public de "se rendre" dans ce passé millénaire et de ressentir la vie telle qu'elle était.

Cependant, cette époque, souvent idéalisée comme paisible et riche en culture, était en réalité marquée par de nombreuses épidémies (malaria, variole, rougeole). Les notes de Sei Shōnagon, curieusement, n'en font aucune mention directe, ce qui pousse le réalisateur à penser qu'elle a sciemment omis ces aspects traumatiques. L'équipe a documenté ces fléaux, créant des listes de victimes et des cartes de propagation des maladies à Kyoto, montrant des réalités difficiles comme l'abandon des corps dans les rues. L'animation cherchera à représenter ces dures réalités, y compris les croyances de l'époque sur les esprits vengeurs (Mononoke) et l'absence de funérailles pour les enfants décédés avant sept ans, une pratique liée à la réincarnation.

Le studio Contrail, fondé par Sunao Katabuchi et Manabu Otsuka, une filiale de Mappa, a été créé spécifiquement pour produire ce film et soutenir cette approche de recherche approfondie, ainsi que pour former une nouvelle génération d'animateurs. L’objectif : offrir une animation vivante, malgré les contraintes historiques comme les coiffures et tenues uniformes des enfants ou les robes à douze couches des dames de cour. Pour cela, ils ont mené des reconstitutions expérimentales de vêtements, d'éclairage et de mouvements, allant jusqu'à faire appel à un danseur de buyō (danse traditionnelle japonaise) pour comprendre comment se déplacer dans ces tenues. Le film vise à redonner une identité visuelle et psychologique à des personnages historiques qui, bien que perçus comme éloignés, sont, selon Sunao Katabuchi, très proches de nous par leurs expériences humaines. L'ambition est de faire évoluer le langage de l'animation pour donner une nouvelle sensation de vie et de spontanéité.

Pour le moment, The Mourning Children est encore dans une phase de recherche, aussi bien visuelle et narrative qu’historique. A l’occasion du WIP, la projection d’un « pilote » d’environ 3 minutes et d’un making-of visait à donner à la fois un aperçu de l’animation à venir et du travail de fourmi des équipes du film. Aucune date de sortie n’est encore prévue.

Perrine Quennesson
© crédit photo : DR

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