Cinéma

Annecy 2025 - Mickaël Marin : "Une semaine à Annecy c'est un concentré du meilleur de ce que peut donner l'humanité"

Date de publication : 14/06/2025 - 08:08

Tandis que le festival se prépare à vivre encore une pleine journée de projections avant sa soirée de clôture, le directeur général de Citia, structure organisatrice de la manifestation, se livre à l’exercice, toujours un peu difficile, du premier bilan à chaud, d’une édition qui bat encore de nouveaux records.

Commençons par parler chiffres. Au début du festival circulait celui de 1000 accrédités supplémentaires. Est-ce exact ?
Pas tout à fait. L'année dernière nous avions fini à 17 400 et nous sommes effectivement au-delà des 18 000, soit 18 200.

Sait-on déjà d'où viennent ces accrédités supplémentaires ?
Il est encore trop tôt mais nous pourrons fournir des détails dès la semaine prochaine. Au début du festival nous savions qu’il y avait environs 9000 français, que la représentation en provenance du Royaume Uni comprenait entre 900 et 1000 personnes, un chiffre quasi similaire pour les Etats-Unis. C’est donc quasiment le même trio de tête que l’an dernier. Au niveau des pays représentés, nous sommes passés de 103 à 118. Cette énorme augmentation en un an ne nous étonne pas complètement car nous menons un gros travail année après année sur de nombreux territoires. Il y a donc une cohérence avec le fait que de plus en plus de pays produisent de l’animation. Les frontières sont repoussées un peu partout.

Marcel Jean citait ce film de la République Dominicaine qu’il disait n’avoir pas vu venir….
C'est typiquement le bon exemple. Et pour le pays ce n’est pas rien au vu du nombre de soumissions que nous avons reçues. Les places sont chères pour participer à l’une des compétitions. Nous l’avons constaté aussi au Mifa où le nombre de projets reçus en provenance du monde entier frôle le millier. Tout cela signifie la présence de viviers et d’écosystème, même modestes, dans tous ces pays. Et c'est plutôt réjouissant parce que cela augmente la diversité, la qualité globale et le nombre de propositions pour le public.

Je vous pose la question un peu chaque année. Comment accompagner cette croissance ?
Nous avions choisi d'agrandir le Mifa. Pari tenu et réussi. Et l’année prochaine nous avons déjà une nouvelle piste qui est celle de l’ouverture de la Cité Internationale du Cinéma d’Animation au Haras. J’en profite pour tordre le cou à une rumeur qui a commencé à circuler cette semaine. Non le Mifa ne va pas déménager à la Cité. Par contre ce sera un lieu supplémentaire qui va permettre une autre répartition des flux, d’autant que nous aurons une salle de projection en plus. Nous avons aussi des enjeux à résoudre en termes d’hébergement et de transport mais nous avons déjà des pistes de travail, d’autant que nouveaux hôtels vont ouvrir. En ce qui concerne les infrastructures, je ne suis pas trop inquiet parce que nous avons toujours eu des idées. Et puis il me parait important de souligner que nous sommes sur un territoire qui sait se mobiliser pour faire corps avec l'événement. La transformation de la ville durant ces quelques jours a été assez incroyable. Et je pense que nous avons réussi à rendre cette semaine utile. Nous savions que les professionnels avaient envie de se rencontrer et je suis certain que beaucoup de projets ont été initiés. Si nous pouvons être l’un des acteurs d’une reprise en enclenchant de nouvelles dynamiques et bien nous aurons rempli notre mission. Je sais très bien que bien d’autres enjeux sont en cours mais je pense que cette semaine a compté pour l’industrie.

Au-delà des chiffres comment qualifier cette édition ?
Pour moi, y compris personnellement, c'est un événement porteur de beaucoup d'émotion. Il y a eu bien sûr le Mifa Animation Industry Award que nous avons remis à Didier Brunner et le Cristal d’honneur à Joanna Quinn. On sentait aussi beaucoup d’émotion dans la présentation de certains pitchs. C’est en fin de compte le principe et le propre d’un festival. Une semaine à Annecy pour moi c'est un concentré du meilleur de ce que peut donner l'humanité. Les gens se parlent, d’où qu’ils viennent, il y a une envie d’être ensemble avec comme dénominateur commun le cinéma d'animation. Et puis on sait aussi que certains adorent la ville et sont heureux d’y revenir.

D’autres temps forts se distinguent-ils déjà vos yeux ?
L’ensemble des films a été bien accueilli avec des séances parfois exceptionnelles. Et la délégation hongroise a fait un travail extraordinaire. Nous avions fait aussi d’autres paris comme l’ouverture du Dôme. Or il y avait des files d’attente dès le dimanche matin. Il y a eu beaucoup de moments comme ça. J’ai aussi adoré le programme WTF 2025, un moment assez délicieux qui se situe entre la séance de cinéma et le concert de rock. Et puis je suis très fier d’avoir pu annoncer cette résidence dédiée aux réalisatrices de longs métrages. A présent nous nous mettons en quête de partenaires, l’idée étant de trouver la bonne formule pour accompagner au mieux les cinéastes qui seront choisies.

La crise était présente dans beaucoup de conférences et d’échanges, il y a même eu une petite manifestation appelant à encadrer strictement les IAG qui font peur à certains. Pour autant le festival et le Mifa ne semblent pas en souffrir…
Même si, effectivement, nous ne ressentons pas directement cette crise, il est de notre responsabilité de créer des espaces de dialogue. Et je tiens d’ailleurs à remercier la ministre de la culture Rachida Dati pour son écoute. Sa réaction et ses annonces ont été déterminantes et à la hauteur des enjeux. Nous sommes très fiers que cela ait eu lieu dans le cadre d’Annecy. Et je salue aussi le travail mené par les équipes du CNC autour de Gaëtan Bruel qui sont dans un dialogue très constructif avec les syndicats de producteurs. Tout cela va avoir un impact très fort sur le secteur. Il est important de préserver une industrie qui est un fleuron permettant au cinéma français de voyager dans le monde entier.

Le calendrier de la Cité Internationale du cinéma d'animation sera-t-il tenu ?
Il faudra bien être prêts pour juin 2026, si possible un peu avant. Nous ferons tout pour que ce soit tenu sur les parties ouvertes au public, à savoir la salle de projection, l’espace permanent et celui dédié aux expositions temporaires. Et environs 90% de l’équipe de Citia doit s’y installer, une petite partie restant aux Papeteries pour continuer l'accompagnement des formations et des studios qui y sont installés. Mais cette ouverture au public est importante car elle nous permettra de voir comment les gens s’emparent du lieu, quitte ensuite à ajuster certains aménagements. Nous avons organisé plusieurs visites pendant le festival et beaucoup ont été bluffés par le site. C’est très prometteur mais il y a encore beaucoup de travail. Il va falloir tenir le cap. Forts du beau bilan de cette édition qui se termine nous savons que cette dynamique sera encore plus marquée l’an prochain car nous recevons déjà beaucoup de sollicitations. Or nous avons aussi une Cité à ouvrir. L’année va être intéressante.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : ANNECY FESTIVAL/F. Murarotto


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