Cinéma

Education à l'image : Publication du rapport d'Edouard Geffray

Date de publication : 08/09/2025 - 12:55

Le ministère de la Culture a rendu public, le 8 septembre, le très attendu rapport "Offrir une éducation au cinéma et à l'image de qualité", issu d'une mission confiée en mars par les ministères de l'Education nationale et de la Culture à cet ancien directeur général de l'enseignement scolaire, qui y formule 19 propositions.

En mars dernier, la ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, et la ministre de la Culture, Rachida Dati, confiaient à Edouard Geffray, ancien directeur général de l'enseignement scolaire, une mission sur l'éducation aux images et la modernisation du dispositif Ma classe au cinéma, qui regroupe pour rappel Maternelle au cinéma, Ecole et cinéma, Collège au cinéma et Lycéens et apprentis au cinéma et touche chaque année aux alentours de 2 millions d'élèves.
 
Initialement attendu pour le printemps, puis le début de l'été, le rapport issu de cette mission, intitulé "Offrir une éducation au cinéma et à l'image de qualité - Propositions pour une ambition renouvelée en matière d’éducation à l’image et en faveur du développement de Ma classe au cinéma", a finalement été publié ce lundi 8 septembre dans la matinée, quelques heures avant que François Bayrou ne soumette son gouvernement à un vote de confiance.
 
Pour mener à bien cette mission, Edouard Geffray s'est entretenu avec plus de 70 "acteurs du dispositif, institutionnels, éducatifs ou dans les réseaux du cinéma", formulant in fine 19 propositions. 
 
Celles-ci "visent à pérenniser et à développer Ma Classe au cinéma, en facilitant l’accès des enseignants à la formation, en associant pleinement l’ensemble des acteurs au pilotage du dispositif, et en renforçant l’engagement de chacun, indique le ministère de la Culture. Ses constats l’amènent également à préconiser l’adossement de l’éducation au cinéma et à l’image aux programmes scolaires afin de permettre de mobiliser des œuvres dans le prolongement des enseignements, mais aussi de permettre à ceux qui le souhaitent la découverte du cinéma hors temps scolaire". Et de préciser que "les ministres restent pleinement attachées à la poursuite de ce dispositif. C’est pourquoi les ministères concernés et le CNC, qui partagent les objectifs exposés dans le rapport, seront mobilisés dans la mise en œuvre des actions qui permettront de les atteindre".
 
"L’éducation à l’image est une nécessité démocratique. Elle permet aux élèves d’enrichir leur culture générale, de se forger un jugement, et de développer un rapport critique à l’image et aux écrans. Elle contribue à faire d’eux des citoyens éclairés. En modernisant Ma Classe au cinéma et en inscrivant cette éducation dans les parcours, nous donnons aux élèves des repères solides et la capacité de comprendre le monde qui les entoure", a réagi Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
 
"Alors que les nouvelles générations n’ont jamais passé autant de temps devant les écrans ni été exposées à un tel flux ininterrompu de contenus hétéroclites, il est urgent de repenser la façon dont nous éduquons les regards et éveillons l’esprit critique. Apprendre à apprécier une œuvre, construire des repères dans ce monde d’images pour mieux en reprendre le contrôle : c’est aujourd’hui un enjeu civilisationnel et même d’hygiène mentale pour les plus jeunes, qui doit être pris en charge tout au long de la scolarité et au-delà", a de son côté déclaré Rachida Dati, ministre de la Culture.
 
Ma classe au cinéma "exposé à des vulnérabilités"
"Ma Classe au cinéma, né en 1989, est unanimement salué par l’ensemble de l’écosystème de l’éducation au cinéma mais aussi par la Cour des Comptes dans son récent rapport, pour sa qualité, sa pérennité, son caractère partenarial et son efficacité budgétaire", note le rapport d'Edouard Geffray, qui pointe aussitôt les "vulnérabilités" auxquelles ce dispositif et l'éducation à l'image dans son ensemble sont exposés : "des enjeux de financement" (les modalités sont variables d’un territoire à l’autre sur Ma classe au cinéma), "une place périphérique dans les programmes scolaires", "un modèle de formation fragilisé par les nouvelles règles de formation des professeurs dans le cadre de l’évolution de la doctrine de l’Education nationale sur le remplacement de courte durée", "des risques croissants d’une autocensure par les professeurs dans un contexte de "sensibilité" croissante des parents comme des élèves" et "une éducation au cinéma et à l’image sans relais suffisants à l’extérieur des dispositifs "scolaires" : pas de lieux d’initiation et d’accompagnement périscolaire".
 
Le rapport rappelle que les inscriptions à Ma classe au cinéma ont "connu des baisses importantes" au cours des deux dernières années scolaires, ces évolutions étant "principalement liées" à deux réformes mises en œuvre par le ministère de l’Education nationale : "d’une part, le changement des règles de départ en formation dans le cadre de l’amélioration des remplacements de courte durée, qui a abouti à transférer, dans le second degré, une large partie des formations en dehors du temps scolaire. D’autre part, la mise en place des groupes de besoin en 6ème et 5ème, qui a modifié la composition des groupes classes et le rattachement d’un groupe d’élèves constant au même professeur." Concrètement, "on relève une baisse de 16% des collégiens inscrits, qui fait suite à une première baisse de 4% à la rentrée 2023. En lycée, la baisse est plus limitée, de l’ordre de -2%, après une baisse de -3% l’année précédente", détaille le rapport.
 
C'est en partant de ce constat, donc, qu'Edouard Geffray propose 19 mesures, pour certaines applicables dès la rentrée 2025.
 
- Adosser l’éducation au cinéma et à l’image aux programmes d’enseignement, notamment au collège, pour étendre autant que possible la fréquentation des œuvres cinématographiques
- Préserver autant que possible les formations Ma classe au cinéma des nouvelles règles de formation hors temps scolaire (RCD)
- Créer un diplôme interuniversitaire d’éducation au cinéma
- Diversifier les modalités pratiques de formation pour Ma classe au cinéma et renforcer les liens des coordinations territoriales en la matière
- Encourager et accompagner la mutualisation des formations au niveau territorial
- En lien avec l’adossement aux programmes, donner de premières clés d’éducation à l’image en formation initiale
- Sécuriser financièrement les coordinations territoriales
- Sécuriser le financement de la billetterie en priorisant une partie de la part collective du Pass culture sur les offres culturelles à tarif négocié
- La question sensible des transports : soutenir le développement des circuits itinérants dans les "zones blanches" du cinéma
- Valoriser la marque Ma classe au cinéma en créant un "label" affiché à l’entrée de chaque école ou établissement participant et faisant état des partenaires (collectivités locales, salle de cinéma concernée..)
- Créer un statut de professeur ami du cinéma pour les professeurs impliqués dans le dispositif
- Fidéliser les élèves : et si Ma classe au cinéma vivait au-delà de la classe ?
- Encourager les dispositifs scolaires complémentaires de Ma classe au cinéma
- Assurer effectivement l’association des collectivités territoriales au pilotage local de Ma classe au cinéma
- Donner, là où c’est possible, plus de marges de choix aux professeurs engagés dans le dispositif
- Autoriser et favoriser la création de conservatoires municipaux et départementaux de cinéma
- Consolider et augmenter le nombre de classes à horaires aménagées cinéma (CHAC)
- Renforcer la formation des futurs scénaristes et professionnels du cinéma
- Vers un lieu national de collection, éducation et coopération associant professionnels du secteur, chercheurs et pouvoirs publics

Kevin Bertrand
© crédit photo : Caroline Dutrey


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