Cinéma

Congrès FNCF 2025 - Les talents de l'exploitation à suivre

Date de publication : 24/09/2025 - 08:20

À l’heure de célébrer les 80 ans de la FNCF et de son congrès, nous avons souhaité mettre en lumière cinq exploitantes qui, selon nous, formeront les visages de l’exploitation de demain, à l’image d’une profession qui ne cesse de se féminiser et de rajeunir. Portraits.

Aurélie Delage
Gérante du Ciné Lumière de Vierzon (Cher)
D’abord professeure, en économie et gestion notamment, Aurélie Delage démarre dans l’exploitation en 2015 à la suite de l’ouverture du Megarama-Cinescop de Garat, fruit de l’association du circuit et de son père, Guy Delage, gérant du Silverado de Marthon. Elle dirigera le complexe pendant près de huit ans avant qu’une scission s’opère entre la famille Delage et Megarama, à l’été 2023. Un choix s’impose alors à elle : "Rester dans l’exploitation ou retourner dans l’enseignement." Très vite, elle adopte la première option. "Je suis tellement attachée à l’engagement collectif que je ne voulais pas m’arrêter", explique Aurélie Delage qui, à l’orée de ses 40 ans, voit une opportunité se présenter à elle : le Ciné Lumière de Vierzon, complexe de sept écrans géré par Francis Fourneau, est à vendre. Elle l’achète en janvier 2024. "Plusieurs groupes m’ont fait des propositions intéressantes, mais je voulais essayer l’exploitation indépendante. J’ai tenu à mener ce projet seule, avec l’envie de montrer que, en tant que femme, je pouvais y arriver." Très investie dans le secteur, Aurélie Delage est par ailleurs vice-présidente de l’Union des cinémas sud-atlantique (UCA) et, au sein de la FNCF, présidente adjointe et présidente de la commission éducation à l’image, un dossier sur lequel elle est très mobilisée.
 
 
Manon Desseauve
Directrice du Louxor à Paris
Le départ à la retraite en janvier 2024 d’Emmanuel Papillon, aux manettes du Louxor (Xe) depuis sa réouverture en 2013, avait placé Haut et Court Cinémas face à une décision importante : quelle personnalité recruter pour remplacer son iconique directeur à la tête de l’emblématique complexe art et essai ? Le réseau opte finalement pour une jeune exploitante de 34 ans, Manon Desseauve. Elle dirige à l’époque le tout récent Les 7 Batignolles (Paris, XVIIe), "un projet incroyablement excitant" qu’elle pilote depuis l’automne 2019 après deux années passées à La Rochelle et Beauvais au sein de CGR Cinémas, sa première expérience dans le secteur qui a fait suite à quatre ans au marketing chez UniversCiné. L’exploitante connaît alors déjà bien le Louxor pour avoir rédigé, lors de ses études universitaires, un mémoire sur sa programmation dans les années 1980. "J’étais obsédée par ce cinéma", se remémore celle qui voit dans ce complexe de trois salles "un outil formidable" disposant d’une "force de prescription impressionnante". Manon Desseauve a aujourd’hui la volonté, tout en "poursuiv[ant] le travail formidable" effectué depuis sa réouverture, "d’insuffler un peu de modernité" à ce cinéma centenaire. Grande amatrice de technique, l’exploitante est également membre de la commission aides aux moyens techniques de production et de diffusion du CNC, au sein de laquelle elle est "pas mal investie".
 
 
Manon Duperret
Directrice des UGC Odéon et Danton à Paris
Après avoir travaillé, pendant ses études d’urbanisme, au Club à Grenoble, Manon Duperret rejoint La Fémis en 2021, dont elle sort diplômée (département exploitation) en 2023. Entre-temps, elle réalise son stage de fin d’études chez Pathé Cinémas, où elle se fait très vite remarquer. Le circuit l’embauche dans la foulée en lui confiant, en mai 2023, un poste à forte responsabilité : directrice adjointe du Pathé Wepler, le cinéma parisien le plus fréquent du réseau. Elle passe ensuite, fin 2023, au Pathé Parnasse, puis, en mai 2024, au Pathé Les Fauvettes, toujours en tant que directrice adjointe. "De par ma formation et mon expérience, je connaissais essentiellement l’exploitation indépendante, jusque-là. En allant chez Pathé, j’avais envie de découvrir la grande exploitation", explique Manon Duperret, également attirée par la stratégie premium du réseau. C’est toutefois au sein d’un autre circuit que l’exploitante oeuvre désormais : depuis le 10 août, elle est en effet, à 29 ans à peine, la nouvelle directrice des UGC Odéon et Danton, deux cinémas historiques du Quartier Latin qui étaient dirigés par Valérie Mougin depuis 2013. "J’aime beaucoup la grande exploitation, et j’ai envie de continuer à me confronter à d’autres façons de travailler", indique-t-elle en louant également chez UGC "un autre rapport à l’image de marque et un positionnement différent" de Pathé.
 
 
Frédérique Perrette
Directrice du Cinéma Théâtre de Vernon (Eure)
Il est rare de voir quelqu’un accéder si jeune à de telles responsabilités. Après trois années passées en alternance au Ciné de Pont-Audemer en tant que responsable des animations, des partenariats et de la communication, Frédérique Perrette s’est vu confier en mai 2024, à 22 ans seulement, la direction d’un autre complexe du réseau Noé Cinémas : le Cinéma Théâtre de Vernon. "Lorsque j’ai appris que Noé allait le reprendre, j’ai décidé de postuler. Et, à ma grande surprise, ils avaient déjà pensé à moi", retrace l’exploitante, qui prend ses fonctions à peine quelques semaines après avoir été choisie. "Cela a été un peu soudain, mais j’ai été très bien accueillie par l’équipe comme par le public", assure-t-elle. En sus du circuit, qui augmente le nombre de séances et renforce sa programmation art et essai, Frédérique Perrette joue un rôle clé dans la redynamisation de ce complexe de quatre écrans en multipliant les partenariats locaux et les animations. D’où une fréquentation en forte hausse, passée d’à peine 56 000 entrées en 2023 à près de 70 000 en 2024. Un travail récompensé, en mars, par l’obtention d’une médaille de l’engagement remise par le Département de l’Eure. "C’est aussi grâce à mon équipe, je n’arriverais à rien sans eux", insiste Frédérique Perrette. Prochain challenge : l’ouverture, fin 2026, d’un nouveau complexe de sept salles, en remplacement du Cinéma Théâtre.
 
 
Charline Tabaraud
Cogérante des cinémas Caméo de Nancy (Lorraine)
Avant de reprendre, à 29 ans, les huit écrans des cinémas Caméo de Nancy, Charline Tabaraud a d’abord été – et est toujours – l’une des chevilles ouvrières des cinémas Star et Star Saint-Exupéry de Strasbourg. Elle y débute à 18 ans à peine en tant que stagiaire, avant de gravir les échelons jusqu’à en devenir coprogrammatrice – au côté de leur gérant Stéphane Libs – et adjointe de direction, sous la responsabilité de leur directrice Flore Tournois. Après une dizaine d’années à travailler ensemble à faire rayonner l’art et essai à Strasbourg, Charline Tabaraud et Flore Tournois franchissent une étape supplémentaire en rachetant, en 2023 à Aline Rolland, deux autres cinémas art et essai phares du Grand Est : le Caméo Commanderie et le Caméo Saint-Sébastien de Nancy. "Aline est venue nous chercher, c’était le moment ou jamais", signale Charline Tabaraud. Deux ans plus tard, les deux cogérantes ont insufflé une nouvelle dynamique (ouverture d’un café, nouveaux rendez-vous…) au sein des deux complexes, dont Charline Tabaraud assure également la programmation. "J’ai un attachement très fort à l’exploitation, en particulier indépendante", conclut la jeune trentenaire, issue d’une famille d’exploitants historique du Grand Est.
 
 

Kevin Bertrand
© crédit photo : Guillaume Amat/Julien Lienard pour Le film français/Benoît Dupont/DR


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