Cinéma

Congrès FNCF 2025 - Dispositifs scolaires : 67,6% des élèves inscrits apprécient la salle de cinéma et 66% y retournent

Date de publication : 24/09/2025 - 08:05

A l’occasion de la table-ronde du 80e congrès des exploitants français consacrée à l’éducation à l’image, le CNC a livré plusieurs chiffres clés, dont certains inédits, sur l’impact des dispositifs Ma classe au cinéma.

C’est en préambule à cet échange tant attendu, et point cardinale de ce 80e Congrès de la FNCF, que Cécile Lacoue, directrice des études et de la prospective du CNC, a introduit plusieurs données significatives sur Ma classe au cinéma, afin de déterminer "toute l’envergure de ce dispositif".

Ainsi, durant l’année scolaire 2024-2025, Ma classe au cinéma a fédéré environ 1 858 000 élèves dans toute la France, pour 79 000 enseignants volontaires issus de 21 000 établissements scolaires. 1 674 cinémas ont ainsi participé, répartis sur l’ensemble du territoire, Drom compris (pour 17 établissements), et parmi eux, "évidemment, beaucoup de circuits itinérants, et une majorité de salles art et essai", a souligné Cécile Lacoue, "soit plus des trois-quart des salles de France qui participent à ce dispositif." Le tout, pour générer un total de 4,6 millions d’entrées, "des chiffres relativement stables sur un an, avec néanmoins un léger repli du nombre d’élèves inscrits, de l’ordre de 2,2%, car nous étions à 1,9 million en 2023-2024".

"Mais si l’on regarde dans le détail du dispositif, on remarque que les évolutions sont contrastées", a relativisé toutefois la directrice des études du Centre. En effet, Maternelle au cinéma, certes expérimenté dès 2014 mais officialisé seulement en 2022, continue à s’installer sur l’ensemble du territoire, avec une progression de 11,8% (pour 300 000 élèves inscrits) sur 24/25, qui compte le ralliement de cinq départements supplémentaires. Là où les dispositifs plus matures sont en recul, comme Lycéens et apprentis au cinéma (-1,2% d’inscrits, et Collégiens au cinéma qui affiche un repli important : -14,8% (pour 398 000 élèves). Ecole au cinéma, qui représente le plus gros contingent avec près de 849 000 élèves, apparaît stable, "mais si l’on compare à deux ans auparavant, nous sommes sur -9% d’inscrits", a pointé Cecile Lacoue. De même, si l’on compare à N-2, Lycéens et apprentis au cinéma est en baisse de 7%.

Forte disparité territoriale
Le tout est marqué par "une forte disparité selon les territoires, car le dispositif est territorialisé". Ainsi, si au global, ce sont 14,8% des élèves scolarisés qui ont bénéficié d’un de ces modules, mais certaines régions sont en-dessous de cette moyenne (Hauts-de-France, Drom, Île-de-France – qui représente pourtant au cumul un élève sur quatre inscrits au national), là où trois autres régions (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Corse) ont un taux de participation bien supérieur, soit presqu’un élève sur quatre participants. "En réalité, les différences se manifestent surtout de manière intrarégionale, entre départements", a relevé Cécile Lacoue.

Le taux d’impression des différents dispositifs paraît positif. Selon une enquête CNC/Inkidata, inédite car menée auprès de 4212 jeunes de 10 à 20 ans, 36,6% des jeunes interrogés se rappellent, spontanément ou sur présentation des fiches pédagogiques, avoir participé à Ma classe au cinéma. Un souvenir qui dépend du travail effectué autour de la séance, allant de la simple sortie scolaire, pour le moins mémorable, à l’intervention de professionnels et une pratique ou expérimentation des techniques, pour les plus marquants et durables. "Les modalités les plus marquantes pour les élèves sont celles, moins fréquentes, qui demandent plus d’investissement et de connaissances de la part des enseignants", a noté le CNC dans son étude.

Le taux d’appréciation reste très positif : le dispositif a ainsi été apprécié par près de 67% des sondés de 10 à 20 ans, dont plus d’un quart se disent d’ailleurs "très satisfaits" par l’expérience. Ce taux augmente à 71,9% pour les élèves inscrits en Ecole et cinéma, et descend à 62,4% pour les Lycéens et apprentis au cinéma. 67,6% des élèves déclarent en outre apprécier la salle de cinéma, et 60% ont d’ailleurs découvert le lieu grâce au dispositif.

Sortir des habitudes
Les films projetés ont évidemment leur importance sur la qualité de l’expérience. Les dispositifs offrent ainsi un accès à des œuvres proposant des techniques, genres et styles radicalement différents de ce que les élèves ont l’habitude de voir. "Certains éléments peuvent constituer un frein" à l’appréciation du dispositif : certains genres (documentaire, docu-fiction, fantastique, burlesque…), les scénarios complexes ou non linéaires ou avec fin ouverte ou encore la VOSTF. "Alors qu’à l’inverse, le noir et blanc et le muet ne posent pas vraiment problème", a pointé Cécile Lacoue. "Cela ne signifie pas qu’il faut arrêter de montrer des films exigeants, mais plutôt qu’il est évidemment nécessaire d’accompagner ces œuvres, de les contextualiser."

Car, parmi les effets positifs que l’étude relève auprès des participants, 70,8% des jeunes sondés s’accordent pour dire que l’expérience a développé leur esprit critique, 69,1% prétendent que cela leur a permis de découvrir des films qu’ils n’auraient pas regardés avant et 66,2% concèdent que cela les a encouragés à se rendre plus souvent au cinéma.

"Au final, ce dispositif [Ma classe au cinéma] est d’abord et avant tout une initiation", a conclu Cecile Lacoue. "Une initiation aux différents genres, à l’analyse filmique, qui permet une ouverture cinématographique et, au-delà, culturelle. Et en ce sens, il atteint ses objectifs. Mais au-delà de ces objectifs premiers, il va aussi permettre d’aborder des sujets de société et de porter des valeurs citoyennes. En particulier, l’égalité des genres, les droits des enfants, la lutte contre le harcèlement, les discriminations ou les VHSS. Ce n’est pas toujours évident, car ces sujets suscitent beaucoup de réactions et notamment discriminatoires, qu’il faut désamorcer. Mais les enseignants que nous avons rencontrés le considèrent surtout comme une aide précieuse pour aborder ces sujets complexes, et les élèves le reconnaissent. Et ces effets sont encore plus marqués dans les zones rurales, où l’offre culturelle est moins dense."

Sylvain Devarieux
© crédit photo :


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