Flanders Film Days 2025 - Karla Puttemans : "Un moment fort où le secteur audiovisuel flamand se montre au monde"

Qu’est-ce qui vous a incité à organiser ces Flanders Film Days ?
Les Flanders Film Days sont une version actualisée de notre vitrine professionnelle, anciennement connue sous le nom de Connext. C’est une plateforme destinée à mettre en lumière les projets flamands soutenus par le Vaf, ainsi que les talents qui les portent. Nous souhaitons les aider à franchir la première étape vers une distribution internationale : être sélectionnés dans un festival et trouver un vendeur international.

73 titres sont présentés à Gand. Sur quels critères avez-vous sélectionné films et projets ?
Le programme des Flanders Film Days est très varié, avec de nombreux longs-métrages de fiction flamands, ainsi que trois projets d’animation, neuf titres expérimentaux et pas moins de vingt-quatre documentaires. Les critères de sélection sont les suivants : des formats longs (plus de 60 minutes) et un soutien à la production du Vaf.

Vous avez notamment choisi de mettre en avant le cinéma expérimental. Pourquoi ce choix ?
La Flandre possède une forte tradition de cinéma expérimental. Ces dernières années, plusieurs films expérimentaux soutenus par le Vaf ont rencontré un beau succès dans de grands festivals internationaux : Prism d’An Van Dienderen (sélectionné à CPH:DOX et au New York Film Festival) ou hold on to her de Robin Vanbesien (Berlinale). L’hybridation croissante du cinéma nous incite à présenter ces œuvres aux côtés des fictions et documentaires plus classiques.

Quelles sont les grandes tendances que vous observez dans cette sélection ? 
Aux côtés des grands noms, comme les nouveaux projets de réalisateurs nommés aux Oscars tels que Lukas Dhont, Felix van Groeningen ou Stijn Coninx, qui suscitent évidemment un fort intérêt international, les Flanders Film Days servent aussi de tremplin à de jeunes talents qui présentent leur premier long-métrage, comme Rand Abou Fakher, Adina Azar Khan, Meltse Van Coillie, Anthony Nti et Chingiz Karibekov.

Beaucoup de réalisatrices derrière ces projets ?
Dans les équipes clés, presque deux tiers des projets présentés comptent une scénariste, réalisatrice et/ou productrice féminine ou non-binaire.

Qui sont les professionnels invités et d’où viennent-ils principalement ? 
Nous accueillons des représentants de grands festivals internationaux (Berlinale, Venise, Karlovy Vary, Locarno, Black Nights, San Sebastian, IFFR, etc.) ainsi que des agences de ventes internationales (LevelK, The Match Factory, Goodfellas, M-Appeal, Square Eyes). Des festivals spécialisés sont également présents : Fipafoc et Sheffield DocFest pour le documentaire, Giffoni pour le jeune public, etc.
Nous attendons aussi environ 65 invités belges : chaînes de télévision, festivals, distributeurs, associations professionnelles… L’objectif est d’en faire un moment fort où le secteur audiovisuel flamand se montre au monde.

Comment vont se dérouler concrètement ces deux jours ? 
Nous prévoyons deux journées très riches, avec des présentations de projets, des Works in progress et des moments de réseautage, dans et autour des lieux du Film Fest Gent, avec lequel nous avons un partenariat étroit. L’accent est mis sur les rencontres et la création de liens entre professionnels internationaux et nos producteurs et réalisateurs.

Vous avez également prévu un programme en ligne.  Qu’est ce qui sera disponible ?
Vingt titres flamands récents seront accessibles en ligne pendant un mois pour les invités des Flanders Film Days. Parmi eux Julian de Cato Kusters, récemment présenté en première mondiale à Toronto ou Fantastique de Marjolijn Prins, sélectionné à Locarno Kids.

Globalement, comment se porte le cinéma flamand ? En termes de production, d’exploitation, de visibilité en festivals ?
Ces dernières années, le cinéma flamand s’est fortement illustré dans les festivals internationaux. L’année 2025 a été historique, avec deux nominations aux Oscars pour Soundtrack to a Coup d’État et Beautiful Men.
Pour les années à venir, plusieurs longs-métrages à fort potentiel en termes de festivals et de distribution internationale sont en préparation : les nouveaux films de Teodora Ana Mihai, Frederike Migom, Felix van Groeningen, Lukas Dhont, Bas Devos, et ceux d’autres talents flamands.

Qu’en est-il de la dotation du Vaf ? 
Dans le cadre des négociations de nos nouvelles conventions de gestion (2026-2030), nous avons, ainsi que les organisations professionnelles, plaidé pour une augmentation substantielle des moyens alloués au Vaf/Fonds Film, Vaf/Fonds Média et Vaf/Fonds Game. Le financement de l’industrie audiovisuelle et celle des jeux vidéo est sous pression dans toute l’Europe, et même au-delà, pour des raisons bien connues.
Ce n’est un secret pour personne : en septembre, le Gouvernement flamand a dû faire face à un exercice budgétaire d’une difficulté et d’une douleur inédites. Des coupes budgétaires importantes ont été annoncées dans de nombreux domaines de notre société. Le Vaf est également légèrement touché, mais heureusement, le secteur du cinéma a été épargné.