
Lumière 2025 - Michael Mann, lumière sur un "inlassable explorateur"
Date de publication : 18/10/2025 - 08:55
Le 17e Prix Lumière fut décerné, ce vendredi 17 octobre à Lyon, au cinéaste américain, dans l’écrin d’une cérémonie studieuse, marquée aussi par l’anniversaire des 130 ans de l’invention du Cinématographe Lumière.
Comme à son habitude, l’Amphitéâtre 3000 de Lyon était comble pour célébrer le cinéaste américain Michael Mann, lauréat du 17e Prix Lumière dont la cérémonie amorçait ainsi la fin d’une semaine de festivités lyonnaises dédiées au cinéma classique.
Dans la salle, plusieurs personnalités avaient ainsi fait le déplacement. Parmi les artistes, avaient ainsi répondu présents Jérôme Bonell, Sami Bouajila, Christian Carion, Lolita Chammah, Francois-Xavier Demaison, Mathieu Demy, Laetitia Dosch, Emmanuelle Devos, Alice Diop, Marina Foïs, Laurent Gerra, Delphine Glaize, Isabelle Huppert, Thomas Joly, Camelia Jordana, Sandrine Kiberlain, Thierry Klifa, Michèle Laroque, Gilles Marchand, Raphaël Personnaz, Raphaël Quenard, Jérémie Renier, Jean-Paul Salomé, John Woo et Sofiane Zermani.
Dans la salle, plusieurs personnalités avaient ainsi fait le déplacement. Parmi les artistes, avaient ainsi répondu présents Jérôme Bonell, Sami Bouajila, Christian Carion, Lolita Chammah, Francois-Xavier Demaison, Mathieu Demy, Laetitia Dosch, Emmanuelle Devos, Alice Diop, Marina Foïs, Laurent Gerra, Delphine Glaize, Isabelle Huppert, Thomas Joly, Camelia Jordana, Sandrine Kiberlain, Thierry Klifa, Michèle Laroque, Gilles Marchand, Raphaël Personnaz, Raphaël Quenard, Jérémie Renier, Jean-Paul Salomé, John Woo et Sofiane Zermani.
Côté industrie, c’était aussi notamment le cas des productrices et producteurs Caroline Benjo et Carole Scotta (Haut et Court) et Christophe Barral (Srab Films), et des distributeurs Anne-Laure Brénéol et Lionel Ithurralde (Malavida Films), Anthony Bobeau (Memento), Victor Hadida (Metropolitan Filmexport), Jean-Fabrice Janaudy (Les Acacias), Thierry Lacaze (Studiocanal) et Marc Olry (Lost Films), ou encore Anne Flamant, directrice du pôle cinéma et audiovisuel chez Neuflize OBC.
Rayon institutionnel, on aura remarqué la présence de Gaëtan Bruel, Laurent Cormier et Sarah Drouhaud du CNC, Frédéric Maire, ancien président de la Fiaf et de la Cinémathèque Suisse, Patrick Raude, secrétaire général de la SACD, Isabelle Giordano, déléguée générale de la Fondation BNP Paribas, Grégory Faes, directeur général de Rhône-Alpes Cinéma, Agnès Chauveau, présidente par intérim de l’INA, et Grégory Doucet, maire de Lyon, autour d’Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière, et Max Lefrancq-Lumière, petit-fils de Louis Lumière.
"Cinéaste du contemporain"
"L’idée de récompenser Michael Mann courrait dans nos têtes depuis longtemps", a ainsi déclaré en préambule Thiery Frémaux, directeur général de l’Institut Lumière et grand orchestrateur de son festival. "Spécialement parce que c’est un cinéaste du contemporain. Il n’a pas été tellement récompensé, notamment par des Oscars, mais il reste l’un des plus grands créateurs de formes du cinéma contemporain."
"Michael Mann s’engage aussi pour le cinéma, ce Prix Lumière vient récompenser ainsi une forme de fidélité à l’histoire du cinéma et à la défense des auteurs et de leurs droits, pour avoir été longtemps président de la Director’s Guild of America", a poursuivi Thierry Frémaux. "Il fait partie des gens qui, quand bien même ont des succès mondiaux, prennent le temps de défendre leurs confrères, leurs droits, et affirment que le cinéma et la Culture ne sont pas des marchandises comme les autres. En cela, Michael Mann est, aussi, un cinéaste politique."
"L’idée de récompenser Michael Mann courrait dans nos têtes depuis longtemps", a ainsi déclaré en préambule Thiery Frémaux, directeur général de l’Institut Lumière et grand orchestrateur de son festival. "Spécialement parce que c’est un cinéaste du contemporain. Il n’a pas été tellement récompensé, notamment par des Oscars, mais il reste l’un des plus grands créateurs de formes du cinéma contemporain."
"Michael Mann s’engage aussi pour le cinéma, ce Prix Lumière vient récompenser ainsi une forme de fidélité à l’histoire du cinéma et à la défense des auteurs et de leurs droits, pour avoir été longtemps président de la Director’s Guild of America", a poursuivi Thierry Frémaux. "Il fait partie des gens qui, quand bien même ont des succès mondiaux, prennent le temps de défendre leurs confrères, leurs droits, et affirment que le cinéma et la Culture ne sont pas des marchandises comme les autres. En cela, Michael Mann est, aussi, un cinéaste politique."
La cérémonie fut agrémentée de deux intermèdes musicaux orchestrés par Camelia Jordana. La chanteuse a ainsi chanté, accompagnée d’un piano, Parce que de Charles Aznavour, ainsi que le gospel We Shall Overcome dans sa version popularisée par Joan Baez, pour sa part repris a capela "en hommage à Summer Mann et Michael Mann".
Festival Lumière oblige, plusieurs images ont ponctué les célébrations. Une première boucle, très émouvante, célébrait ainsi les 130 ans de l’invention du cinématographe. "Le cinéma a de l’avenir, nous en sommes tous convaincus, nous sommes repartis pour 130 nouvelles années de cinéma" a affirmé Thierry Frémaux après la projection. L’anniversaire était aussi marqué par la projection de trois versions de La sortie de l’usine Lumière de Louis Lumière (1895), dont l’une serait tirée du premier tournage de l’histoire, le 19 mars 1895. Ces trois courts introduisaient une séquence reprenant plusieurs des dernières restaurations des courts métrages Lumière, dont de nombreux inédits.
Lyrisme et liberté
"Prononcer le nom de Michael Mann, c’est déjà parler de cinéma, du goût du cinéma, du cinéma grand-écran", a scandé Irène Jacob, dans sa traditionnelle éloge au lauréat du Prix Lumière. "Si votre cinéma est celui l’adrénaline, de l’urgence et de la déchirure, c’est aussi un cinéma du lyrisme et de la liberté. Tous vos héros poursuivent un idéal, et iront sans aucun compromis vivre leur vie, ou leur mort. C’est une question d’authenticité, d’intégrité. Il ‘agit d’être fidèle à soi-même, d’appartenir à aucun camp qui puisse nous en détourner. Chacun de vos films est une quête solitaire exceptionnelle, une transe."
"‘Dis-moi exactement ce que tu ressens’, demande Al Pacino à Russel Crowe dans Révélations. C’est la question que vous nous posez dans vos films, à chaque image/seconde. Ce que nous ressentons, Michael Mann, nous pouvons vous l’exprimer ce soir et nous nous en réjouissons : Nous ressentons de la reconnaissance pour votre cinéma. Merci."
Pour la première fois, donc le Prix Lumière était ainsi remis à son nouveau récipiendaire, Michael Mann, par sa précédente, Isabelle Huppert. "Ici, dans cette ville qui respire le cinéma, nous honorons ce soir un homme dont le regard continue de réinventer la lumière", a-t-elle ainsi déclaré dans son hommage à Michael Mann. "Un cinéaste dont l’œuvre, à la fois rigoureuse et passionnée, semble toujours chercher les tensions invisibles, les silences qui parlent."
Lyrisme et liberté
"Prononcer le nom de Michael Mann, c’est déjà parler de cinéma, du goût du cinéma, du cinéma grand-écran", a scandé Irène Jacob, dans sa traditionnelle éloge au lauréat du Prix Lumière. "Si votre cinéma est celui l’adrénaline, de l’urgence et de la déchirure, c’est aussi un cinéma du lyrisme et de la liberté. Tous vos héros poursuivent un idéal, et iront sans aucun compromis vivre leur vie, ou leur mort. C’est une question d’authenticité, d’intégrité. Il ‘agit d’être fidèle à soi-même, d’appartenir à aucun camp qui puisse nous en détourner. Chacun de vos films est une quête solitaire exceptionnelle, une transe."
"‘Dis-moi exactement ce que tu ressens’, demande Al Pacino à Russel Crowe dans Révélations. C’est la question que vous nous posez dans vos films, à chaque image/seconde. Ce que nous ressentons, Michael Mann, nous pouvons vous l’exprimer ce soir et nous nous en réjouissons : Nous ressentons de la reconnaissance pour votre cinéma. Merci."
Pour la première fois, donc le Prix Lumière était ainsi remis à son nouveau récipiendaire, Michael Mann, par sa précédente, Isabelle Huppert. "Ici, dans cette ville qui respire le cinéma, nous honorons ce soir un homme dont le regard continue de réinventer la lumière", a-t-elle ainsi déclaré dans son hommage à Michael Mann. "Un cinéaste dont l’œuvre, à la fois rigoureuse et passionnée, semble toujours chercher les tensions invisibles, les silences qui parlent."
"Un parcours d’audace"
"Votre cinéma a cette intensité rare, celle d’un œil qui ne se contente jamais", a poursuivi l’actrice. Vous observez la ville comme un organisme vivant, la nuit comme une respiration, les visages comme des territoires. Votre cinéma nous habite. Il est fait de contraste, de silences après l’orage, de précision méticuleuse dans la moindre image… d’une quête infatigable de vérité. Non pas une vérité simple, non, mais celle qui parfois nous perturbe, ambigüe, humaine. Chacun de vos films est un monde à part entière, tendu, à l’équilibre précaire."
"Plus qu’une distinction, ce Prix Lumière est un geste de reconnaissance pour un parcours d’audace, une constance dans la recherche, une influence puissante sur les cinéastes, les spectateurs, les amoureux du cinéma", a pointé la lauréate de la récompense en 2024. "Recevoir le Prix Lumière ici à Lyon, ce n’est pas seulement une récompense. C’est un retour aux sources, à cette lumière originelle dont vous êtes devenu, à votre manière, l’un des grands héritiers."
"Merci Michael Mann de continuer à nous surprendre, à nous déranger, à nous faire partager votre obsession, à faire du cinéma le lieu d’une exploration inlassable, toujours recommencée. Merci pour votre œuvre exigeante, lyrique, sensuelle, et pour cette fidélité que vous portez à la lumière. Alors, que la lumière vous accompagne, Michael Mann, et vive le cinéma !"
"Votre cinéma a cette intensité rare, celle d’un œil qui ne se contente jamais", a poursuivi l’actrice. Vous observez la ville comme un organisme vivant, la nuit comme une respiration, les visages comme des territoires. Votre cinéma nous habite. Il est fait de contraste, de silences après l’orage, de précision méticuleuse dans la moindre image… d’une quête infatigable de vérité. Non pas une vérité simple, non, mais celle qui parfois nous perturbe, ambigüe, humaine. Chacun de vos films est un monde à part entière, tendu, à l’équilibre précaire."
"Plus qu’une distinction, ce Prix Lumière est un geste de reconnaissance pour un parcours d’audace, une constance dans la recherche, une influence puissante sur les cinéastes, les spectateurs, les amoureux du cinéma", a pointé la lauréate de la récompense en 2024. "Recevoir le Prix Lumière ici à Lyon, ce n’est pas seulement une récompense. C’est un retour aux sources, à cette lumière originelle dont vous êtes devenu, à votre manière, l’un des grands héritiers."
"Merci Michael Mann de continuer à nous surprendre, à nous déranger, à nous faire partager votre obsession, à faire du cinéma le lieu d’une exploration inlassable, toujours recommencée. Merci pour votre œuvre exigeante, lyrique, sensuelle, et pour cette fidélité que vous portez à la lumière. Alors, que la lumière vous accompagne, Michael Mann, et vive le cinéma !"
Convergence
"Je comprends maintenant pourquoi tant de cinéastes ont le souffle coupé en se rendant ici", a pour sa part déclaré, non sans émotion, l’honoré du jour, quelques minutes avant de recevoir sa récompense honorifique. "Cette célébration du cinéma dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Elle s’harmonise avec la vie même. Tout ce travail que vous accomplissez avec l’Institut Lumière est formidable."
"Le Festival Lumière est unique, pour rassembler les cinéastes avec une communauté d’individus qui œuvrent sans cesse à célébrer l’art du cinéma", a poursuivi Michael Mann.
"Je me sens profondément fortuné d’avoir trouvé un travail artistique qui m’a animé comme une nécessité intérieure, tout au long de mon existence. En quatre ou cinq décennies, mon impulsion irrésistible à faire du cinéma est demeurée intacte. Je recherche sans répit de nouvelles façons de pousser plus loin l’expressivité de mes histoires, de construire l’architecture sous-terraine de ma narration."
"Je me bats pour rester à la frontière de ce qui est et de ce qui pourrait être, là où résident l’anxiété, l’échec et parfois le succès, parce que cette frontière est le meilleur endroit où tout simplement être", a complété le réalisateur. Je suis particulièrement comblé d’y résider, d’être au cœur d’une convergence entre les impulsions narratives, de rythme, de désirs et de perspectives politiques sur la marche du monde, depuis une nuit d’hiver de 1963 qui a changé ma vie."
"Je comprends maintenant pourquoi tant de cinéastes ont le souffle coupé en se rendant ici", a pour sa part déclaré, non sans émotion, l’honoré du jour, quelques minutes avant de recevoir sa récompense honorifique. "Cette célébration du cinéma dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Elle s’harmonise avec la vie même. Tout ce travail que vous accomplissez avec l’Institut Lumière est formidable."
"Le Festival Lumière est unique, pour rassembler les cinéastes avec une communauté d’individus qui œuvrent sans cesse à célébrer l’art du cinéma", a poursuivi Michael Mann.
"Je me sens profondément fortuné d’avoir trouvé un travail artistique qui m’a animé comme une nécessité intérieure, tout au long de mon existence. En quatre ou cinq décennies, mon impulsion irrésistible à faire du cinéma est demeurée intacte. Je recherche sans répit de nouvelles façons de pousser plus loin l’expressivité de mes histoires, de construire l’architecture sous-terraine de ma narration."
"Je me bats pour rester à la frontière de ce qui est et de ce qui pourrait être, là où résident l’anxiété, l’échec et parfois le succès, parce que cette frontière est le meilleur endroit où tout simplement être", a complété le réalisateur. Je suis particulièrement comblé d’y résider, d’être au cœur d’une convergence entre les impulsions narratives, de rythme, de désirs et de perspectives politiques sur la marche du monde, depuis une nuit d’hiver de 1963 qui a changé ma vie."
Le cinéaste fait ici référence à une projection de Faust, une légende allemande de Friedrich Wilhelm Murnau, qui fut ressentie comme un choc existentiel pour le jeune étudiant en littérature qu’il était alors, le déterminant à se lancer dans une carrière cinématographique. Un épisode qu'il a détaillé lors de la masterclass donnée l'après-midi même au Théâtre des Célestins à Lyon, et auquel il a fait longuement référence dans son discours.
"Je reçois cet honneur formidable avec beaucoup de gratitude, au nom de l’esprit qui nous anime tous pour forger un cinéma dramatique. Ce même esprit qui réside en chaque personne ici, pour lui permettre d’être touchée, transportée et excitée par tout ce que le cinéma crée. Je vais chérir le souvenir de cette soirée, merci beaucoup."
Sylvain Devarieux
© crédit photo : Léa Rener
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