
"Paradoxes", l'imaginaire dans une nouvelle ère
Date de publication : 27/11/2025 - 18:00
Actuellement en tournage, la série Paradoxes (6x17'), créée par Maxime Donzel et Émilie Valentin, réalisée par Pierre Zandrowicz, apparaît comme un ovni dans le paysage audiovisuel. Produite par Atlas V, en association avec Imagissime (Mediawan) pour une diffusion sur Arte.tv, l'œuvre exploite pleinement le potentiel de l’IA générative au service du récit.
Roman, journaliste dépressif, se retrouve entraîné dans une anomalie quantique créée par Léa, une scientifique trop ambitieuse. Un trou noir surgit en forêt, ouvrant une zone où se matérialisent ses peurs et fantasmes inconscients. Avec Léa, l’armée et une psy aux méthodes douteuses, il doit affronter ses démons pour éviter une catastrophe mondiale. Tel est le synopsis de Paradoxes, la nouvelle série numérique d’Arte.tv, portée par un casting de renom : Xavier Lacaille, Zita Hanrot, Nora Hamzawi et Oussama Kheddam.
Pour traduire visuellement l’inconscient tourmenté de Roman, l’équipe mise sur une approche technologique hybride mêlant performance capture, effets visuels numériques et outils d’IA générative. Une ambition qui nécessitait l’implication de structures de production aguerries. Acteur reconnu dans les œuvres immersives, Atlas V s’essaie ici à un nouveau format, combinant prises de vues réelles et innovations technologiques.
"Quand Pierre Zandrowicz nous a proposé cette idée, nous travaillions déjà depuis plusieurs années avec le pôle de création numérique d’Arte, qui coproduit Paradoxes, dirigé par Marianne Lévy-Leblond", raconte Oriane Hurard, productrice et directrice des opérations chez Atlas V. "Cette nouvelle manière de raconter les histoires, avec notamment l’utilisation des outils d’IA générative, leur a beaucoup plu et nous sommes partis sur un développement." Atlas V a alors constitué une équipe de scénaristes autour du réalisateur, avec Maxime Donzel et Émilie Valentin.
Au moment du financement, la société prend conscience de son besoin d’être accompagnée dans ce projet exigeant par une structure de production avec une solide expertise "Nous cherchions un partenaire de confiance, poursuit Oriane Hurard. Nous avons donc proposé le projet à Elodie."
"Paradoxe coche toutes les cases"
La rencontre avec Imagissime donne un nouvel élan au projet. La société d’Élodie Polo Ackermann, en plein virage vers la fiction, est rapidement convaincue. "Parmi tous les projets que j’ai lancés en fiction depuis un an chez Imagissime, celui-ci est le plus singulier et le plus audacieux", souligne-t-elle. "Paradoxes coche toutes les cases : véritable parti pris artistique, ton mêlant absurde et sérieux, et traitement d’un sujet contemporain comme la santé mentale. Avec Atlas V, nous étions sur la même longueur d’ondes. Nous voulions mettre à profit les compétences d’Imagissime et celles de Mediawan pour servir l’ensemble de la production, expérimenter des outils innovants pour explorer de nouveaux territoires créatifs."
Restait un défi majeur : faire entrer une ambition visuelle élevée dans un budget de série numérique. "Une partie des images a été cogénérée via l’IA, d’autres relèvent de prises de vues réelles nécessitant d’importants VFX", détaille Oriane Hurard. Nous avons dû mettre en place un workflow hybride et particulièrement complexe." Au-delà des financements d’Arte, du CNC et de la Région Île-de-France, des apports supplémentaires étaient nécessaires. Le soutien de Google a permis d’accompagner la dimension R&D du projet tout en laissant aux créateurs une grande liberté d’utilisation des logiciels.
Autre soutien singulier : celui de la Mission Cinéma et industries créatives du ministère des Armées. Dans la série, l’armée est dépêchée pour sécuriser la zone de l’anomalie. "Nous avons très vite pensé à solliciter la Mission Cinéma", explique Élodie Polo Ackermann. "L’image de l’armée dans Paradoxes propose un vrai pas de côté, qui les a immédiatement séduits." Leur concours a été déterminant (décors, figurants, matériel) avec un tournage qui s’est en partie déroulé dans la forêt de Montlhéry, au 121e Régiment du Train.
"L’intervention de l’Armée a renforcé la crédibilité du scénario, tandis que les scènes dans la zone, mêlant comédie et fantastique, ont pu pleinement s’exprimer. Grâce à ces apports, nous avons pu tourner des séquences qu’une fiction ne pourrait jamais se permettre dans ce type d’économie", s’enthousiasment les deux productrices.
Ecriture atypique
L’écriture du scénario a été particulièrement atypique, avec de nombreux allers-retours entre scènes centrées sur l’inconscient et outils de visualisation. Les idées de scène, imaginées par Maxime Donzel et Émilie Valentin, étaient soumises à Pierre Zandrowicz, qui les transformait en prompts sur MidJourney pour créer les concept arts. "Cette approche a permis de nourrir l’écriture tout en restant une œuvre de l’esprit", précise Oriane Hurard. La production a également utilisé des outils de prévisualisation par IA pour donner vie aux visions du réalisateur.
Toute la production des images générées par IA sera réalisée après le tournage, puis intégrée au montage classique pour être mixée et étalonnée. La postproduction promet d’être tout aussi créative. "Ce sont les images générées par l’IA qui s’adaptent à ce que nous tournons. L’IA ne remplace pas ce que nous ferions traditionnellement : elle apporte une réelle plus-value au service de l’histoire", complète Élodie Polo Ackermann. Les équipes feront appel à Saint George Studio pour créer un workflow combinant VFX traditionnels (fond bleu, radars configurant la zone) et outils d’IA.
Le caractère inédit de cette fiction pourrait bien susciter l'appétence des partenaires étrangers. "Au-delà des territoires couverts par Arte, nous sommes persuadées que cette œuvre puisse plaire à l’international, et nous espérons que notre série fera bientôt le tour du monde", conclut Elodie Polo Ackermann.
Florian Krieg
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