Télévision

Festival de la Fiction 2023 - L'Uspa pointe "une production dynamique dans une situation complexe"

Date de publication : 15/09/2023 - 19:24

Le syndicat a fait vendredi 15 septembre sa rentrée avec une conférence de presse. Alors que si pour L'Union Syndicale de la Production Audiovisuelle beaucoup de clignotants sont au vert, inconnues et déséquilibres peuvent déstabiliser le secteur de la fiction.

La conférence de presse a été ouverte par la présidente de l’USPA depuis 2022, Iris Bucher. Celle-ci a fait un point au nom du syndicat, sur le contexte général de cette rentrée autour de la création française un an, presque jour par jour, après l’échec de la fusion TF1 et M6 qui agitait alors la profession.

Dans son exposé, Iris Bucher est revenue tout d'abord sur une année riche en accords. Avec tout d’abord deux accords, un avec TF1 et un avec M6. Mais aussi avec Netflix et Prime. « L’une et l’autre plateforme ont donc décidé de revenir sur un nombre de points de leurs conventions de novembre 2021 envoyant ainsi un message clair et constructif dans leur volonté d’intégration à notre exception culturelle française » a noté d’emblée celle qui pilote également Quad Drama. En espérant que Disney et ses homologues imitent cette décision. L’année aura connu aussi des évolutions avec la signature d’accords structurants avec les scénaristes et les réalisateurs. Avec une modernisation ambitieuse des contrats de scénaristes. Et désormais avec les réalisateurs qui se sont signés cette année à La Rochelle, mettant fin à un vide juridique de 27 ans.

Elle a ensuite pointé les bons chiffres de la fiction française (comme le montrera plus bas les données compilées par le délégué Stéphane le Bars), tout en alertant sur les difficultés actuelles comme l’inflation des coûts et l’incapacité de répercuter ces coûts sur les diffuseurs hertziens. « La fiction française doit donc s’adapter dans sa façon de produire pour préserver sa santé économique » a-t-elle dit ajoutant « Plus que jamais dans ce contexte contraint le contrôle des droits, leur exploitation sur et au-delà du territoire français sont indispensables d’où notre incompréhension, voir notre inquiétude de revoir à la énième tentative de revoir la définition même de la production indépendante audiovisuelle porté par certains cet été au Sénat».
 
Remarquant la situation actuelle américaine, elle a poursuivi « nous avons la chance de ne pas être juste que de simples prestataires de service, que de simples producteurs éxécutifs pour les studios et plateformes américaines. Le système vertueux qui est le nôtre doit être préservé ». Elle a insisté aussi que « contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, l’arrivée des plateformes dans l’écosystème n’allait pas faire exploser la production, mais tendre vers la création d’œuvres à plus forte valeur de production comme la série Liaison sur Apple TV ». D’où la nécessité de faire un bilan sur les premières années d’application des décrets SMAD.

Mais pour Iris Bucher, les partenaires piliers de la création française, ce sont et cela reste les chaînes hertziennes. Et celle-ci d’alerter une nouvelle fois sur la grande interrogation et les incertitudes sur le mode de financement et sur la trajectoire financière du service public, alors que celui-ci représente 440 M€ par an d’investissement dans la création patrimoniale. « Nous attendons donc que le gouvernement sécurise les chaînes publiques au-delà de 2024 et sanctuarise les 440 M€ par an d’investissement. Pour ouvrir ensuite de nouvelles négociations avec le groupe France Télévisions pour renouveler l’accord interprofessionnel de 2019 et poursuivre ce partenariat autour de la création » a-t-elle conclue.

La présentation de l’USPA est toujours accompagnée d’un point circonstancier établit par Stéphane Le Bars, son Délégué général. On en retiendra plusieurs marqueurs.
 
Comme l’an dernier, et suite à la publication des chiffres du CNC et d’Unifrance, le cap symbolique des 100 M€ de recettes à l’international a été franchi pour la seconde année consécutive par la fiction, avec des exportations qui ont plus que triplé en 10 ans, passant de 31M€ en 2013 à 100M€ en 2023.
 
En 2021, puis en 2022, le Top 100 des meilleures audiences est occupé par la production française, avec des records audimatiques pour des fictions françaises chez 5 des 6 diffuseurs historiques, Arte se distinguant avec une collection suédoise, Meurtres à Sandhamn au sommet de son Top fiction. Sur les six premiers mois de l’année 2023, le momentum se poursuit avec 93 des 100 meilleures audiences de fiction étant tricolores. Avec, au sommet, HPI et 10,4 millions de téléspectateurs.
 
Pendant longtemps, l’USPA s’était fixé le cap des 1500 heures produites en France, mais le volume de production en recul de 17,6% en 2022 pour s’établir à 1083. Mais l’objectif de 1500 heures par an reste en ligne de mire avec la relance de Plus belle la vie sur TF1, le lancement d’un feuilleton 2024 sur M6 et la montée en puissance des plateformes US. L’impact des feuilletons quotidiens est en effet majeur. En 2022, ils représentent près de 50% du volume de production et le quart du total des devis.
 
Dans l’évolution de la production, on peut aujourd’hui quantifier l’apport des plateformes. Leur niveau de production s’est élevé à 71h en 2022 dont 33 pour Netflix, 24 pour Amazon Prime Video et 14 pour Disney. On en est déjà à 58,5 heures au premier semestre 2023. A terme, ce volume de production de fiction devrait se situer autour de 150 heures par an. Ces plateformes se distinguent aussi par des coûts horaires beaucoup plus élevés : 3,2 M€/h contre 1,2 M€/h pour les productions des historiques (hors feuilletons).
 
On note aussi qu’en 2022, 280 soirées inédites sont en langue française. C’est +29% en dix ans.
 
Avec 1600 semaines de tournage en 2022 en France et à l’étranger contre près de 1800 semaines en 2021, ce niveau reste élevé. Mais deux constatations pour la suite. Si l’ été 2023 semble avoir été dynamique en termes de tournages et que le premier semestre 2023 est à un niveau en hausse (940 heures en 2023 vs 895 en 2021), l’année 2024 s’annonce peu prévisible, en tout cas atypique avec l’impact des JO de Paris.

L’étude très complète de l’UPSA met aussi en avant des coûts qui ont progressé de 14% en dix ans et une relative stabilité depuis 2019 à 1,2 M€/heure. Avec des causes exogènes (sortie crise COVID-19, guerre en Ukraine avec ses répercussions énergétiques, …) qui atteignent le secteur comme le reste de l’économie française. Avec une part des éditeurs historiques dans le financement qui ne cesse de se réduire : 57,6% en 2022.


Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : DR


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