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Cinéma

Annecy 2015 - Les propositions du SPFA pour "la croissance, l’emploi et l’export" dans l'animation Ciné et TV

Date de publication : 20/06/2015 - 08:45

Au Mifa, le Syndicat des producteurs de film d’animation (SPFA) a présenté ses propositions en vue d’améliorer le financement sur le marché français des films et de rapatrier l’emploi, de renouer avec la croissance dans l’animation audiovisuelle. Évoquées également, son évolution pour mieux représenter le 7e art et ses attentes sur France 4 avant l’arrivée de Delphine Ernotte. 

Si le dynamisme de l’industrie hexagonale de l’animation n’est plus à prouver et que de nombreux indicateurs de l’industrie de l’animation sont au vert, comme en atteste le bilan du marché de l’animation en 2014 du CNC, le secteur doit toutefois faire face à "des questions stratégiques clés", a présenté Marc du Pontavice (Xilam), président du SPFA, entouré de Corinne Kouper (TeamTO), Philippe Alessandri (Wathnext Media), Samuel Kaminka (Samka) et Nicolas Schmerkin (Autour de Minuit). En télévision, le volume de la production se heurte à un "plafond de verre" de 300 heures produites par an depuis dix ans, et doit faire face à une "bascule de l’audience des chaînes historiques vers des acteurs peu ou pas du tout régulés". En long métrage, le SPFA constate "une production à la croisée des chemins", et un secteur du court à "la recherche d’un second souffle". "L’animation a tout pour répondre à ses défis mais il lui faut un pacte pour la croissance, l’emploi et l’export", a présenté Marc du Pontavice.

Déjà, le renforcement des crédits d’impôt domestiques et du crédit d‘impôt international applicable à compter du 1er janvier 2016 permettra d’accompagner les entreprises concernées. Le SPFA en a profité pour remercier le ministère de la Culture et le CNC pour les mesures spécifiques obtenues à l’automne dernier en faveur de l’animation. Rappelons que le crédit d’impôt cinéma va voir son taux porté à 30% pour les longs métrages dont le budget est inférieur ou égal à 7 M€, son taux porté à 25% pour les longs métrages dont le budget est supérieur à 7 M€, le tout pour un plafond inchangé de 4 M€. Et le crédit d‘impôt audiovisuel va être boosté avec un taux porté de 20% à 25% et plafond de 1,3 K€/min à 3 K€/min. En outre, le crédit d’impôt international va voir passer son taux de 20% à 30% avec un plafond fixé à 30 M€ contre 20 M€ auparavant.

Cinéma : les chantiers prioritaires du long et du court métrage d’animation

Pour le SPFA, les producteurs de longs métrages d'animation sont confrontés à la sous-capacité de financement sur leur marché domestique. Si la production reste élevée – neuf film agréés en 2014 –, les deux plus lourdes ont été délocalisées (au Canada), ce qui pose pour le syndicat la question du taux du crédit d’impôt pour les films supérieurs à 7 M€. Beaucoup plus que la production en général, et avec un devis moyen, la production d’animation est largement financée sur l’étranger – 45% des financements –, ce qui a pour corollaire une délocalisation importante des emplois puisque les apports étrangers se font beaucoup en contrepartie de soft money. Et alors que la PDM du cinéma d’animation agréé européen est de 21% en France contre 33% pour le cinéma en général, que sur dix ans, les films d’animation ne représentent que 4% des financements encadrés (diffuseurs, soutiens automatique, sélectif et régionaux, Sofica) investis dans le cinéma français (178 M€ sur 4,545 Md€) et que ces financements encadrés représentent seulement 21% pour les films d’animation sur la période 2005-2014 contre 36% pour l’ensemble "tous films", le SPFA vise un renforcement de ces financements encadrés.

Le SPFA liste en outre une série de propositions pour améliorer la situation des longs d'animation :
- Réfléchir au relèvement du taux du crédit d’impôt à 30% pour les films de plus de 7 M€,
- Aménager les conditions du taux de retour du fonds de soutien pour les longs d’animation,
- Demander un plafond spécifique dans le cadre des mesures à l’export,
- Réfléchir à l’amélioration des conditions de sorties des films d’animation français,
- Redynamiser les mécanismes des Sofica (le CNC travaille dans ce sens),
- Et travailler sur un fonds Tepa en faveur des longs d’animation.

Toujours côté 7e art, le SPFA a aussi évoqué des chantiers prioritaires pour les producteurs de court métrage d’animation (il compte une quinzaine de sociétés) : l’accompagnement à l’export des distributeurs et producteurs de courts, la reconnaissance de la place des films pour le jeune public et la modernisation du dispositif d’aide aux programmes.

Télévision : renouer avec la croissance dans une mutation du marché

Si le marché mondial des programmes d’animation jeunesse est en pleine croissance dans le monde avec une augmentation des chaînes, notamment dans les pays émergents, avec un fort développement des plateformes numériques d’abonnement (la jeunesse y est le 2e facteur d’abonnement) ou de type YouTube (la jeunesse y est le 2e facteur de croissance derrière la musique), l’industrie d’animation audiovisuelle en France est confrontée à une période de changements : les marchés émergents deviennent aussi ses concurrents et le volume de la production audiovisuelle d’animation est le plus bas depuis dix ans. Pour le SPFA, la croissance doit être portée par une participation accrue des diffuseurs en dehors des deux historiques, TF1 et France Télévisions, et notamment de la TNT, comme Gulli. Outre les acteurs français, le syndicat vise aussi les deux diffuseurs américains spécialisés qui ne respectent pas les obligations d’investissements en France, Nickelodeon et Cartoon Network, à l’inverse de Disney.
Le retour vers la croissance passera aussi par le crédit d’impôt revalorisé et la réforme du Cosip Animation, dont les grandes lignes ont été dévoilées à Annecy. L’enjeu est de mieux accompagner les productions françaises alors que les coûts vont augmenter avec une relocalisation des emplois.

Des emplois qui ont représenté une masse salariale brute ayant dépassé pour la première fois les 100 M€ en 2013 (cinéma et audiovisuel confondus). Le SPFA se fixe un objectif de 130 M€ en 2018.

Le pacte du syndicat compte également un volet export donc en audiovisuel, avec l’objectif de compenser les difficultés croissantes de préfinancement des œuvres audiovisuelles. Le SPFA prône la "création d’un mécanisme complémentaire du soutien assis sur le succès international de l’œuvre qui permettra aux producteurs de financer le risque des productions suivantes", la révision des modalités du Fonds d’aide à la promotion et à la vente à l’étranger de programmes audiovisuels pour en faire une aide automatique (avec une révision du plafond par société et la fin du plafonnement par version linguistique) et l’extension à l’audiovisuel du Fonds d’avances remboursables mis en place pour le cinéma par l’Ifcic pour soutenir la politique de minima garantis des distributeurs.

France 4, une chaîne 100% jeunesse ? 

Autre sujet d'actualité pour le SPFA : la configuration de l'offre jeunesse sur les antennes de France Télévisions, avec l'arrivée de sa nouvelle présidente, Delphine Ernotte. Lors de son audition au CSA, celle-ci s'est très clairement prononcée en faveur d'une France 4 100% enfants alors que depuis son repositionnement, en avril 2014, la chaîne TNT s'adresse au jeune public en journée et aux jeunes adultes à partir de 18h30. Pour Delphine Ernotte, "France 4 doit devenir la référence pour la jeunesse (…). Le public des moins de 15 ans doit désormais être considéré comme la tâche exclusive de France 4 ". Ce scénario est celui écrit par le SPFA, à pied d'œuvre depuis dix ans pour qu'existe une chaîne publique dédiée aux enfants, à l'instar de ce qu'on observe dans la plupart des groupes publics européens. La mue de France 4 opérée au printemps 2014 constituait donc le premier étage de la fusée. Reste maintenant à savoir comment pourrait se structurer l'ensemble de l'offre publique autour de France 4. Car "c'est aussi sur cette chaîne que doivent être rapatriés les programmes proposés sur d'autres chaînes du bouquet, notamment la matinale d'animation de France 3. France Télévisions dispose déjà largement des ressources nécessaires", peut-on lire dans le projet stratégique de France Télévisions. Le SPFA convient qu'il va être de plus en plus difficile d'exister sur des hertziennes" où, d'une offre matinale quotidienne sept jours sur sept, on pourrait s'acheminer vers des blocs concentrés sur le week-end. Mais le véritable enjeu, "ça va être les investissements et le budget de France 4", estime le syndicat. "Car une incertitude demeure sur le prime-time, comment va-t-il s'organiser, avec quel financement. Il faudra que France 4 se dote d'un budget spécifique pour la case du soir". Plus largement, "la première chose qu'on demande à Delphine Ernotte, c'est un vrai budget transversal à l'échelle du groupe pour l'animation".

Le SFPA évolue

Enfin, l’actualité du SPFA c’est aussi le syndicat lui-même qui doit entériner à la rentrée, lors d’une assemblée générale extraordinaire, la proposition de bureau, à savoir la création de deux branches, annoncées avant Annecy, une branche télévision et nouveaux médias et une branche cinéma, court et long métrage. Objectif ? Mieux représenter les producteurs de longs métrages, mais aussi des nouveaux médias et du court.

Sarah Drouhaud et Emmanuelle Miquet
© crédit photo : Diaphana


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